Il ramasse les mégots qui traînent dans nos rues. Et il a l'impression d'être riche juste à les regarder s’empiler sur le dessus de son bureau. Et la poussière, la saleté se marient pour créer un lieu où plusieurs, auraient peur d’y pénétrer.

Mais je suis une sœur co-dépendante et c’est le seul frère qu’il me reste… puisque mon frère cadet est décédé.

Son ventre continue à grossir. Son foie m’inquiète. Sa maladie le ravage et je suis impuissante. La boisson demeure son évasion. Et je dois accepter qu’il est maître de sa destinée.

Combien d’entre nous, vivent des situations difficiles vis-à-vis la consommation de nos proches? L’alcool, les drogues, les médicaments, nous prédisposent à un avenir qui marquera leur absence.

Mon frère nous disait qu’il avait ce défaut hérité de notre mère alcoolique. Certes, qu'il aurait bien aimé de ne pas lui ressembler. Il expliquait que pour lui la deuxième gorgée est la meilleure. Quand il déguste sa grosse bière, ce verre qu'il boit en une seule gorgée lui donne une joie ultime, difficile à dessiner ce qu'il ressent.

Dans mes chaussures de soeur, j’essaie d’accepter ses joies, si minimes soient-elles. Je fais des efforts pour l’apprécier dans sa maladie, dans ses dépendances. Et pourtant, je sens que doucement, il marche vers sa fin.

Que faire? Comment se préparer à laisser partir un proche? Ce n’est pas à 56 ans que je pourrai le changer. Je n’ai pas la capacité de lui dicter la grandeur ou la direction de ses pas.

Alors, comment faire son deuil pour ne pas trop pleurer le départ de celui qu’on aime, quand le rideau se lèvera?

Une prière pour les mal-aimés,

Lee (Louise Fréchette)