Et oui, je suis là assise devant mes petits riens. Et comme une bonne co-dépendante, je m’inquiète. Le téléphone ne sonne pas. Je sais qu’il quête pour payer son produit; sa grosse bière. Surtout, qu'elle a augmenté depuis quelques temps. Je sais qu’il fait des prouesses dont il n’est pas toujours fier pour calmer son besoin d’endormir ses champs de ruines. Et pourtant, même dans le silence sous l'aile de notre communication, je me demande.

Est-ce que les autorités, les personnes en charge de son dossier m’aviseront s’il y avait des changements importants dans son quotidien, dans l'évolution de sa maladie? J’en doute!

Une partie de moi a peur de lui téléphoner, de savoir… Ça fait mal parfois, de savoir. C'est lourd à porter que d'écouter l'autre qui se meurt dans sa noirceur.

D’une part, il est difficile à rejoindre puisqu’il y a une vingtaine de personnes qui vivent sous son toit. D’autre part, quand il est là, il passe une grosse partie de son temps à dormir. Pour l'aviser de l'appel, ils doivent se rendre au deuxième étage. Moi qui n’aime pas déranger mon prochain, j’y trouve mon compte!

Alors, j’irai le voir la prochaine fois que je passerai non loin de sa demeure. Peut-être, sera-t-il frais et dispos ou peut-être, sera-t-il encore enchaîné à ses dépendances.

D’une façon ou d’une autre, dans mes chaussures de soeur, je sais que je suis impuissante devant ses choix de vie!

Lee (Louise Fréchette) la co-dépendance du coeur