Et par le biais de son téléphone, elle renseignait celles qui avaient ce besoin de savoir, de connaître et de juger. Dans sa solitude, elle mouchait sa faim de partager ce qu’elle avait vu ou crû voir. Et elles étaient tous là, à attendre, jour après jour, le contenu de son prochain chapitre de reproches.

Et à travers les saisons, de sa chaise, bien installée, elle continuait à regarder avec ses yeux vieillissants.

Trop souvent, elle se précipitait en ouvrant sa porte principale pour mieux visionner les actions des autres, ses voisin(e)s. Tant de fois, elle entrait dans la résidence des gens, sans même s'annoncer et sans même y être invitée.

Les mois se sont succédés et toujours, elle restait assise près de sa fenêtre. Affamées, ses amies d’écoute se nourrissaient de ses interprétations et ce, sans même penser à les remettre en question.

Querelles de honte, chicanes de clocher, réputations salies, secrets dévoilés, vie privée non respectée et toujours, elle regardait de sa fenêtre tout en enterrant notre paix de vivre.

Les années continuaient d’avancer sans qu’elle puisse faire le don d’elle-même, sans qu’elle puisse connaître la joie d’aider son prochain et sans qu’elle puisse apprivoiser le pardon de son voisinage, pour la récolte de ses faiblesses d'être.

Aujourd’hui, cette vieille dame est partie. Avant de fermer sa porte principale pour la dernière fois, je crois que ses mains étaient vides de cartes de souhaits pour une retraite heureuse.

Toutefois, elle qui souffrait de vieillir, certes qu'elle a reçu quelques visites avant de faire ses derniers pas vers son départ. Certes, que celles qui avaient faim de savoir, allaient se nourrir à même, sa fenêtre.

Et elle a quitté sans recevoir de chapelet de souhaits de bonheur, de la part de son voisinage. Pendant trop d’années, ses voisin(e)s ont payé le prix de leurs secrets, de leur liberté d’actions et du non-respect de leur vie privée.

Du haut de sa nouvelle résidence, je lui souhaite de comprendre l’importance de respecter les autres. Et si sa faim de se faire importante prend le dessus, j'espère qu'elle dira seulement les vérités, sans chercher à les déformer pour se grandir.

Et le jour où elle quittera ce monde, je regarderai de ma fenêtre pour voir si ses voisin(e)s de longue date iront lui dire ce qu’ils pensent des années qu’elle a passé à chialer sur leurs différences, derrière sa maudite fenêtre.

Lee, impuissante...