LES CORRESPONDANCES DE LEE
CRA

From: c.r.a (Canada)
To: Lee 
Sent: Sunday, November 03, 2002 4:22 PM

Chère Lee 

Mon fils alcolique et toxicomane,est thérapie depuis 6 semaines ,il dit qu'il ne consomme plus et voulais de l'argent pour payer son loyer et un peu de nourriture pour passer son mois . Si nous l'aidons pas qui le fera.
Mais j'ai peur que cela ne soit pour d'autres choses. Que dois-je faire ? Il parle de suicide, j'ai peur quand me lui aidant pas ,il mettre ses menaces à executions. Je l'aime et je voudrais tellement le sortir de cette enfer... 

Merci , j'avais besoin de quelqu'un à qui le dire 

Une Maman


From: Lee 
To: c.r.a 
Sent: Sunday, November 03, 2002 8:28 PM
Subject: L'espoir d'un meilleur lendemain!

Chère Mère,

À la lecture de votre court message, j'ai embrassé votre problématique pour un instant. Il est difficile d'aimer un enfant qui est piégé dans sa consommation. Je comprends très bien votre souffrance.

Avant même de commencer, j'aimerais savoir si vous êtes canadienne, européenne ou autre. Je vous demande ce petit détail car les mentalités diffèrent d'un pays à l'autre. Et ce détail m'aiderait grandement à mieux vous situer dans votre problématique. Je crois, si ma mémoire est bonne que nous avons déjà échangé virtuellement.

Vous me dites que votre fils est en thérapie depuis 6 semaines. Il vous dit qu'il a besoin de l'argent pour payer son loyer et pour se nourrir. Il est certain qu'en mentionnant deux nécessités aussi grandes que le toit et la nourriture, que nous sommes portés en tant que parents à ouvrir notre portefeuille car ces besoins sont essentiels, n'est-ce pas!

Par contre, je lis à travers vos mots que vous doutez du vrai de ses besoins. Alors, je crois que votre fils vous a manipulé par le passé et que vous avez perdu la confiance qui probablement était présente autrefois.

Il m'est difficile de vous dire quoi faire dans cette situation car, je ne suis qu'une mère qui répond à des lettres depuis avril 1999. Grâce à cette expérience virtuelle, j'ai eu la chance de partager avec bien des mères qui souffrent sous leur parapluie d'inquiétudes et de culpabilité.

Je ne sais pas si vous le savez mais j'ai deux filles. Emmanuelle a 27 ans. Elle est cocaïnomane et alcoolique. Et Marie-Paule qui fêtera ses 24 ans le 12 novembre prochain. Elle est toxicomane. Mes filles sont piégées dans leur consommation. Et moi, je suis piégée dans mon impuissance. Mes enfants sont dépendantes d'un ou de plusieurs produits et je suis codépendante vis-à-vis leurs faiblesses. La codépendance est un mal de vivre profond que l'on ressent par moment et qui nous déshabille trop souvent, de la tête au pied.

J'ai appris à travers ma propre expérience à conserver une distance entre mes enfants et moi. Je les aime avec un détachement d'amour, c'est la seule façon de survivre à les voir se détruire dans leur paradis artificiel. J'aimerais vous donner une autre recette mais, cette problématique goûte différent pour chaque famille. Mais chose certaine, toutes ces dépendances déchirent trop de familles à travers le monde.

Dans votre lettre, vous mentionnez «Il parle de suicide, j'ai peur quand ne lui aidant pas, il mette ses menaces à exécutions».

Mes deux filles se sont retrouvées à l'hôpital après une tentative de suicide. Donc, j'ai vécu ce cauchemar dans mes chaussures de mère.

Quant à vous, allez-vous passer le reste de votre vie à craindre pour votre fils? Allez-vous pleurer ses choix, son manque de volonté, ses faiblesses, etc.?

Si votre fils se tue un jour, allez-vous porter ce fardeau de culpabilité jusqu'à la fin de votre vie sur terre? Je crois qu'il serait important de comprendre que votre fils est maître de sa vie. Il est majeur, n'est-ce pas! Et même si vous essayez de le protéger de sa consommation, vous n'y changerez rien. Lui seul doit faire les bons choix et entreprendre les démarches nécessaires qui le mèneront vers l'abstinence.

Il est toujours difficile de savoir quand celui qui consomme ne nous manipule pas. On sait très bien qu'ils sont passés maîtres dans la manipulation de l'être cher. Et sans nous en rendre compte, nous devenons des facilitateurs. Un rôle que bien des parents jouent croyant qu'ils aident leur enfant à passer au travers. Ils font un chèque sans fond, et nous nous projetons à la banque pour régler ce léger litige. Ils sont absents au travail et nous nous empressons de téléphoner pour mentir et pour expliquer qu'ils sont malades et fiévreux. Et nous savons très bien que leur absence est due à leur consommation, à leur trop de la veille. Tant d'exemples qui démontrent que nous devenons parfois, des facilitateurs. Un rôle qui ralentit leur guérison et qui retarde l'atteinte du bas fond de celui qui consomme et qui se noie dans la prise de son produit.

Emmanuelle a suivi 4 thérapies. Et à chaque fois, j'ai marché à ses côtés tout en croyant que cette fois-là, elle cesserait sa consommation et qu'elle reprendrait le contrôle de sa vie. Et toujours, elle se retrouvait à la rue car ses comportements étaient inadéquats. J'ai trop souvent embrassé le plancher du désespoir.

Et j'ai appris beaucoup plus tard, que pendant ses sorties durant sa thérapie, qu'elle consommait sans se respecter dans sa démarche. Et maintenant, j'ai trouvé les réponses à mes questions grâce à mon cheminement. Cela fait mal de les voir danser sur ce plancher de désolation mais que pouvons-nous vraiment faire?

Souvenez-vous dans vos moments d'inquiétudes, ces quelques mots empruntés du poème du prophète Khalil Gibran «Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ce sont les fils et les filles du désir de Vie. Ils arrivent à travers vous mais non de vous. Et quoiqu'ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas. Vous pouvez leur donner votre amour mais non vos pensées, car ils ont leurs pensées propres. Vous pouvez abriter leurs corps mais non leurs âmes. Car leurs âmes habitent la demeure de demain que vous ne pouvez visitez même dans vos rêves. Vous pouvez tenter d'être comme eux, mais n'essayez pas de les rendre comme vous. Car la vie ne s'en retourne pas en arrière ni ne s'attarde avec hier. Vous êtes les arcs qui projettent vos enfants comme des flèches vivantes. L'archer voit le but sur le sentier de l'infini et il vous tend de toute son énergie pour que ses flèches puissent allez vite et loin.»

Chère Mère, nous avons jouées notre rôle d'archer et nous avons projeter nos enfants au plus loin de nos capacités. Où iront-ils dans leur cheminement personnel? Dieu seul le sait. Il ne faut pas regretter tous nos efforts, toutes nos faiblesses et tous nos inconnus. Nous ne savons pas tout, nous reconnaissons nos torts et nous désirons leur bien-être. Mais pouvons-nous vraiment conduire leur bateau sans nous perdre ou même, sans nous noyer.

Soyons prudentes dans nos émotions car il est facile de chavirer dans notre for intérieur qui est empoisonné par notre culpabilité (la nôtre et celle que la société nous fait ressentir, parfois).

Alors, demandons au Tout-Puissant de les éclairer dans leur choix pour qu'ils puissent reprendre goût à la vie sans se cacher de leurs difficultés dans leur paradis artificiel.

Une équipe à l'écoute «Quand la drogue n'est plus un jeu»

Lee qui marche à vos côtés


From: c.r.a
To: Lee
Sent: Tuesday, November 05, 2002 9:13 PM
Subject: Espoir

Chère Lee

Merci pour ton message .Tu as raison ,mais chaque fois je me dis que cette fois c'est la bonne et qu'il a repris sa vie en main. 
Je me sens tellement impuissante. 
Je suis canadiene
Une Mère
 

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