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Les
archives de Sophie Daout
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Vol.1
No. 01
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C'était
il y a plus de vingt ans, et c'était mon fils !
Longtemps je n'avais pas voulu savoir, longtemps j'avais ignoré les signes ! J'avais déplacé le problème, je ne voulais pas admettre que mon enfant se droguait, non ! Il était malade et nous allions le soigner! Mais la came, bien sûr que non, pas chez nous ! Il a fallu qu'il vienne à la maison, encadré par deux inspecteurs de police et menottes aux poignets, pour qu'enfin je cesse d'être dans le déni ! Alors a commencé pour moi un défi impossible : j'allais sauver mon fils, même à son corps défendant. J'allais y consacrer ma vie. Je serais plus forte que la drogue! On allait voir ce que l'on allait voir ! Je sous- estimais largement l'ennemie ! Pendant des jours et des nuits après la sortie de prison, je n'ai plus eu que cet objectif. Je le surveillais constamment. Presque de force, je le conduisais chez le médecin, chez le psy, je l'accompagnais le plus souvent possible. Mon emploi du temps se calquait sur le sien. Quand il sortait, j'étais dans l'inquiétude et dans l'angoisse quand il tardait trop. Quand il ne rentrait pas, je sillonnais la ville jusque dans les endroits peu sûrs. Je faisais exactement le contraire de ce que j'aurais dû faire ! J'étais dans la co-dépendance et je ne le savais pas ! C'est mon fils aîné qui m'a ramenée sur terre. Un jour, il me déclare tout de go qu'il souhaite me parler. J'écoute, je t'écoute mon fils ! " Tu sais maman, me dit-il, franchement je ne te reconnais pas ! J'avais autrefois une maman attentive, à l'écoute, et désormais il n'y en a plus que pour mon frère ! Que faut-il faire pour que tu t'intéresses à nous, ma sœur et moi ? Devrions-nous voler, nous droguer ou dealer nous aussi pour que tu voies que nous existons ? Et ton mari, maman ? Le vois-tu encore ? A ton travail, c'est vrai tu es toujours présent, mais excuse-moi, tu n'es là non plus, plus la même. Avant, tu savais écouter et tes conseils étaient précieux. Aujourd'hui ton corps est là, mais ton esprit est ailleurs. Tu n'es plus efficace ! " Bien sûr que dans un premier temps, j'ai eu du mal à accepter ce discours. Mais à la réflexion, j'ai compris que Gauthier avait raison, et c'est grâce à lui que j'ai réagi. Merci mon fils ! Souvent aujourd'hui encore, j'entends les dégâts que provoque la drogue au sein des familles. Le toxicomane devient l'unique sujet centre de préoccupation des parents, et la violence fait son entrée dans le quotidien. Mais trop souvent hélas, la souffrance des frères et sœurs n'est pas prise en compte car on ne la voit pas. Grâce à mon fils, je la connais, et désormais je dis à tous que dans les problèmes liés à la toxicomanie, il faut certes s'occuper du jeune, mais il ne faut pas oublier le reste de la famille. Sophie
Daout, le 1er décembre, 2006
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Vol.1
No. 02
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C'était
il y a cinq jours.
Comme souvent, je suis contactée par téléphone, et exceptionnellement par un homme. Généralement, ce sont des femmes qui m'appellent. Ce monsieur souhaite un conseil pour sa nièce, la fille de sa sœur, toxicomane. Je lui suggère de donner mes coordonnées à la maman de la jeune-fille afin que nous nous rencontrions. Il va le faire, me dit-il, mais il pense que sa sœur ne fera pas la démarche, parce qu'elle ne tient pas à rendre publique une situation dont elle n'est pas fière. A lui, son frère, elle a aussi demandé de ne rien divulguer de leur conversation, il ne doit en parler à personne ( sauf à moi !), ni à ses propres enfants, ni même à sa femme. C'est sur cette attitude que je voudrais m'étendre aujourd'hui. Au sein de notre association, nous rencontrons souvent des familles d'un toxicomane terrassées par le chagrin et qui, par peur du jugement d'autrui ou par honte, refusent d'en parler. Or, en agissant ainsi, ces familles s'enferment encore davantage. On ne peut pas lutter contre un ennemi si on ne le nomme pas, on ne peut pas le combattre si on s'isole. Nous faisons parfois, quand nous avons une demande de plusieurs parents, des formations pour adultes au cours desquelles nous leur apprenons à reconnaître les signes d'un début de consommation chez leurs ados, nous les informons sur les produits…etc. Après ces séances de formation que j'assure personnellement quasiment toujours, je me sentais frustrée. Et j'ai décidé de changer de méthode. En fait maintenant, nous commençons toujours par un tour de table où chacun se présente et raconte son histoire. Nous y passons tout le temps nécessaire, quitte à faire une autre séance si nous n'avons plus le temps suffisant pour faire notre information. Ce temps n'est pas perdu, mais c'est au contraire du temps gagné. Car c'est par la parole que la situation peut se dénouer. D'entendre les autres se raconter, et d'observer que ce qui se passe chez soi se déroule aussi dans d'autres familles, permet de rompre l'isolement et de mettre à distance le sentiment de culpabilité. Mettre des " mots " sur ses " maux ", et sentir qu'on est compris, c'est déjà agir. Depuis que nous avons ouvert ces groupes de parole, j'ai vu des parents qui étaient entrés la tête basse et muets, repartir avec le sourire et décidés à se battre. Je pense que la maman de la jeune-fille a encore un long chemin à parcourir et j'ai demandé à son frère de l'aider à comprendre que son silence participe à son exclusion. Je lui ai conseillé de demander à sa sœur de le délivrer de son secret au moins en ce qui concerne sa femme. Pour l'instant, la maman de la jeune toxicomane ne m'a pas encore téléphoné ! Sophie
Daout, le 8 décembre, 2006
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Vol.1
No. 03
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L'écriture comme thérapie
Je me dis aujourd’hui que, dans toute situation, dans toutes les épreuves que la vie nous envoie obligatoirement, nous avons le choix : ou bien nous nous lamentons sur notre sort en adoptant une fois pour toutes le rôle de victime, ou bien nous cherchons ou plutôt nous donnons du sens à ce qui nous arrive. La vie ne m’a pas épargnée
à travers mes enfants. L’entrée dans la drogue de mon fils
Lionel m’a dans un premier temps complètement désorientée
et désorganisée. Je ne m’attendais pas du tout à vivre
cette aventure, (le malheur, c’est toujours pour les autres, c’est bien
connu !), et j’ai choisi alors une bien mauvaise solution. Je suis tombée
malade, j’ai sombré dans une belle dépression nerveuse qui
m’a occupée pendant deux ans et demi. Et puis s’est faite la prise
de conscience grâce à mon fils aîné, comme je
l’ai expliqué dans ma dernière chronique. C’est ainsi qu’au
désespoir j’ai préféré l’action, l’écriture
dans un premier temps puis mes actions de prévention sur le terrain,
ce qui constitue l’essentiel de mon emploi du temps actuellement. Ces actions
sont d’ailleurs étroitement liées à l’écriture,
ce sera le sujet d’une prochaine réflexion!
J’étais effondrée,
incrédule. C’était impossible, pas lui, pas lui, ce n’était
pas vrai, il n’était pas mort!
C’est encore une fois l’écriture
qui m’a sauvée, et d’une manière assez inattendue. Jusqu’ici,
j’avais toujours écrit facilement, mais tout à coup,
les mots sont nés de moi autrement. Je me souviens parfaitement
des circonstances qui ont entouré cette naissance.
« Comme elle est bête
ma cigale,
On ne t’a donc rien dit, cigale,
Comme elle est têtue, ma cigale
Son chant obstiné me répète
Je connais très bien ta souffrance,
Pardonne-moi si par déveine,
Ma cigale est intelligente,
Mon poème à la cigale était le premier de 450 autres, alors que je n’avais jamais écrit un seul vers auparavant! Pourquoi la poésie est-elle ainsi venue à mon secours? Je poserai la question dans une prochaine
chronique, mais peut-être quelqu’un m’apportera-t-il sa réponse
à lui?
Sophie
Daout, le 15 décembre, 2006
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Vol.1
No. 04
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Mon premier livre et mon action
de prévention
Depuis près de quinze ans maintenant, c’est à dire depuis la parution de mon premier livre « Lâche ta drogue…et tiens bon ! », je m’occupe de la prévention auprès des jeunes. Mon livre est sorti en 1992. En fait, je n’avais jamais imaginé qu’un jour je deviendrais un écrivain…ou une écrivaine, puisque le terme existe ! Moi, je me considère surtout comme une écrivante. Ce premier livre, je l’ai écrit pour moi, essentiellement pour moi, d’une part, pour sortir de moi cette souffrance qui me rongeait et d’autre part pour y voir clair, pour tenter de comprendre les raisons pour lesquelles mon propre enfant se droguait. Car s’il en était ainsi, c’est bien sûr parce que j’avais raté quelque chose. Mais où et quand ? Le sentiment de culpabilité me suggérait que j’avais été une mauvaise mère, et tout ce en quoi j’avais cru jusque là, le fondement essentiel de mon existence s’écroulait. Il fallait que je refasse le chemin, que je me raconte l’histoire pour retrouver le moment où je m’étais trompée. Alors j’écrivais, tous les soirs, je revenais sur les événements de ma vie, je faisais mon auto analyse. Cependant mes mots alignés ne rendaient pas compte de la réalité tout entière car j’en refusais le début, je ne voulais pas revenir dans mon enfance. C’est un jour de grande colère contre mon médecin qui me poussait à publier mes notes que j’ai pu libérer tout ce pan de ma jeunesse. Ma fureur s’est tout à coup tournée contre ma sœur Carole qui vit à 800 km de chez moi et avec laquelle j’avais alors très peu de contact, et c’est grâce à la force de cette émotion que j’ai pu retrouver ce passé que j’avais décidé d’enfouir une fois pour toutes dans ma mémoire. J’avais treize ans et j’étais très naïve. Un jour, j’ai été déçue par un adulte, ami de mes parents : profitant d’un moment où j’étais seule avec lui, il avait tenté sur moi des gestes qui m’avaient à la fois surprise et déstabilisée. Je m’en étais plutôt bien sortie, mais je m’étais sentie salie et honteuse, et aussi un peu coupable, mais de quoi ? Rapidement, ce sentiment avait laissé la place à la colère et j’avais raconté l’incident à mes parents. Je craignais que mon père ne soit trop violent avec son ami ! Mais il n’avait pas réagi, me disant que j’étais une grande fille qui avait su se défendre !! L’enfant que j’étais alors s’était estimée lâchée …et j’avais fait payer leur trahison à mes parents en devenant odieuse. Mon adolescence avait été difficile, et le climat à la maison était devenu exécrable. Ma sœur en avait beaucoup souffert, mais nous n’avions jamais eu d’explication à ce sujet. Dès que j’ai accepté
de
me remémorer cet épisode de ma vie, mon livre s’est écrit
tout seul en un mois. Très curieusement il a été publié
trois mois plus tard, sans que j’y sois vraiment pour grand chose. Et les
autres ont suivi, tout naturellement. Et ma sœur est devenue ma meilleure
amie !
Les mots ont leur vie propre et les
prononcer ou les écrire n’est jamais anodin!!
Sophie
Daout, le 22 décembre, 2006
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Vol.1
No. 05
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Colette
Je reçois aujourd’hui une lettre d’une nouvelle amie, Colette. Colette Guedj est écrivain et nous nous sommes rencontrées en octobre dans un salon du livre dans lequel nos stands se côtoyaient presque. Nous n’avions jamais entendu parler l’une de l’autre, mais très vite j’ai su qu’elle avait écrit un livre après la mort sa fille. Alors je suis allée vers elle spontanément, je lui ai dit la mort de mon fils, je lui ai offert mon livre : « Mes yeux dans tes cieux » et elle m’a donné le sien : « Le baiser papillon ». J’ai dévoré son livre et j’ai tout de suite aimé Muriel, si sage et si folle à la fois, si tendre, Muriel qui aimait tant la vie. Et j’ai aimé sa maman à travers le récit empreint d’une grande pudeur et de tant d’amour. Et aujourd’hui, son mail dans lequel elle me dit avoir achevé la lecture de mon livre. Sophie, tu m'as fait un merveilleux
cadeau. J'ai lu et relu ton livre, et voici que Gauthier fait
maintenant partie des êtres que je connais, que j'aime d'un
amour à la fois pur et compatissant (je souffre avec ).
Car sa souffrance est tellement perceptible mais aussi sa force,
sa dignité, sa pudeur .Je pense à cette phrase, lorsqu'il
s'est un peu éloigné de toi "les grands oiseaux se cachent
pour mourir" . J'ai été bouleversée par ta façon
de raconter votre vie avec
Muriel et Gauthier auraient pu être
copains peut-être même copain copine. Ou plus....Je la
vois rire en me traitant de "marieuse". Il y a beaucoup de points
communs entre eux. J'aime à les imaginer parlant entre eux
de leur mère avec tendresse, mais aussi en se moquant gentiment
de nous, de nos inquiétudes. Et en mettant la leur entre
parenthèses, car tous les deux avaient le souci des autres. Je les
entends dire : "T'en fais pas , on s'en sortira".
Tu vois. Ils se marrent peut-être tous les deux, se disant qu'ils nous ont joué un bon tour, et qu'ils n'avaient pas besoin de nous pour se rencontrer. » Dans son petit mot, Colette
répond en partie à la question que je me posais : Pourquoi
pendant les trois années qui ont suivi la mort de mon fils, n’ai-je
écrit que des vers ? Pourquoi des poèmes sont-ils nés
de ma plume alors que jamais je n’avais écrit de cette façon
auparavant ?
« Tes poèmes m'ont beaucoup émue, m’écrit-elle, on se rend compte à quel point la poésie peut permettre un certain recul , à travers elle on peut mettre en mots la douleur et elle devient respirable, et parfois ainsi mise en musique, elle nous berce et nous apaise. » Oui, pour approcher une telle souffrance, les mots ordinaires ne suffisaient pas, trop durs, trop pauvres aussi pour rendre compte de l’insoutenable…Alors des poèmes, oui des poèmes qui chantonnent, qui bercent, qui endorment un peu la douleur, une petite musique qui rassure, qui calme… Quand j’ai cessé d’écrire
mes poèmes, enfin j’ai pu parler directement à mon fils dans
ce livre « Mes yeux dans tes cieux », qui retrace bien mon
long voyage dans le tunnel. J’avais enfin accepté l’inacceptable
et surtout choisi de vivre malgré tout !
Sophie
Daout, le 29 décembre, 2006
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Vol.1
No. 06
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Mes mots sont des voyageurs Mes mots sont des voyageurs velléitaires
qui tardent pourtant à prendre leur essor. La preuve m’en a encore
été donnée hier par la lettre de Gareth.
La mort de Gauthier a stupéfié Gareth. Il ne comprenait pas comment un garçon si amoureux de la vie, avait pu ainsi décider de s’en aller. Pendant plusieurs mois, il a été dans l’incapacité de communiquer avec moi, tant son chagrin était grand. Et puis les mois ont passé, et est venu le temps où Gareth a souhaité parler de son ami. Je lui ai alors fait parvenir mon livre : « Mes yeux dans tes cieux », où, comme je l’ai dit dans une précédente chronique, je peux enfin parler de mon fils en m’adressant à lui, après n’avoir été capable d’écrire que des poèmes pendant les trois ans qui ont suivi son décès. Gareth a lu ce livre le cœur étreint mais les yeux secs, et petit à petit, il a enfin pu pleurer, ce qui lui a fait beaucoup de bien. Et puis, il a pris une décision : sans me le dire, il a commencé à traduire ce livre, ce qui a été pour lui très difficile, d’une part parce qu’il était souvent submergé par l’émotion et d’autre part parce qu’il tenait à être, dans sa traduction, au plus près de ce que j’exprimais. Les poèmes, en particulier lui ont souvent posé problème. Il lui a fallu de nombreux mois pour venir à bout de ce devoir de mémoire. Mais depuis hier, c’est fini. Gareth nous a fait, à mon fils et à moi un somptueux cadeau. Que va devenir ce texte ? Je ne le sais pas, mais je pense qu’il va s’envoler et peut-être intéresser un éditeur anglo-saxon. Car n’est-elle pas universelle la souffrance ressentie après la mort d’un enfant ? Je suis française certes, mais dans ce deuil je ne suis plus qu’une maman ! Comment ce livre va-t-il se trouver un jour, traduit en anglais, entre les mains de parents qui viennent de subir la même épreuve et leur apporter les mots pour le dire ? La façon dont mes livres se sont édités a toujours été très surprenante. Comment celui-ci va-t-il s’y prendre? Le dernier en date de mes livres, « Jamais douces les drogues », semble décidé lui aussi à s’en aller très loin. En effet, il intéresse un jeune Vietnamien qui souhaite en faire une traduction dans sa langue. Vogue, vogue mon livre ! Des amis québécois
ont emporté quelques exemplaires de l’un ou l’autre de mes livres.
Parler la même langue facilite quand même bien le partage.
Je suis très émue en pensant que mes chroniques peuvent être
lues Outre-Atlantique et j’aimerais vraiment en avoir le retour de temps
à autre comme je suis toujours ravie de recevoir la lettre de l’un
de mes lecteurs. C’est toujours un cadeau et une surprise.
Sophie
Daout, le 5 janvier 2007
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Vol.1
No. 07
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Pendant les fêtes de Noël,
je me suis rendue à Paris et je me suis promenée sur les
bords du canal Saint Martin. Le regard des passants se portait naturellement
vers des tentes de différentes couleurs, serrées les unes
contre les autres.. C'était un spectacle inhabituel. Il s’agissait
de l’initiative d’une association dont nous commencions à entendre
parler dans les médias, appelée « Les Enfants de Don
Quichotte » et qui avait décidé de mettre en lumière
le problème des sans abris.
Dans la société actuelle
en effet qui se soucie des Sans Domicile fixe ? Certes, lorsque nous en
croisons un, nous avons un peu honte et nous éprouvons pour lui
de la compassion. Nous glissons une pièce dans sa main tendue, et
nous nous esquivons pour rentrer chez nous où il fait bien chaud…
Et puis nous n’y pensons plus. Le drame de tous ces êtres humains,
nos frères, nous le chassons rapidement de nos pensées.
Peut-être avons-nous là un exemple à suivre. En effet, qui, aujourd’hui s’intéresse au danger que représente la drogue pour les jeunes ? Moi, bien sûr, et pour cause, parce qu’elle a cassé mon fils ! Moi, et quelques parents concernés par le problème, hélas ! Mais pour les autres, ils préfèrent ne pas voir ou ne pas savoir ! Quant aux politiques, ce n’est pas du tout leur préoccupation, alors qu’il serait urgent de mettre en place une véritable action de prévention. Nous sommes en France en période pré électorale. Les présidentiables déclarés ou non, se battent à coup de déclarations d’intention très louables. Je pense qu’il serait temps pour nous de poser à chacun des candidats des questions précises sur la façon dont il envisage la lutte contre la drogue. C’est ce que nous allons faire !
Sophie
Daout, le 12 janvier 2007
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Vol.1
No. 08
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Les mots et leurs messages
« L’un de mes livres, « Emilie ou les mots dits », est un roman. Il est né de façon très curieuse, des confidences d’une amie que j’ai aidée dans une période difficile. Emilie, l’héroïne est une jeune-fille boulimique, et dans ce roman, j’ai livré beaucoup de mon expérience d’enseignante et d’éducatrice. Le titre porte en lui un mystère : « Les mots dits »…ou « les maudits » ? On entend la même chose. Et en effet, je crois profondément qu’il faut dire les mots pour n’être pas maudit, que « maladie » et « mal à dire » ont vraiment un lien, qu’il est important de pouvoir mettre des « mots » sur nos « maux », et que partager ses émotions aide à mieux vivre. Je crois aussi que, comme l’écrivait Rabelais, la joie est un bon médecin et que le rôle du « gai rire », est de guérir vraiment. Les mots ne sont pas anodins. Ils
sont, comme les êtres humains, porteurs de messages ou de promesses,
parfois tenues et parfois fausses.
L’héroïne ! Voilà encore un joli mot menteur ! Dans un roman, qui est l’héroïne ? C’est une jeune fille, malheureuse souvent, belle comme il se doit, à laquelle le lecteur s’attache au fil des pages. A la fin du livre, souvent, elle trouve le bonheur. Appeler héroïne » une drogue n’est pas innocent. En effet, avec un nom pareil, ce produit peut sembler attirant par le mystère qui l’entoure. Quant à l’ecstasy, elle nous promet plus encore. En effet, ce mot nous en rappelle un autre, l’extase. Or, qu’est-ce que l’extase, sinon le bonheur absolu dans lequel s’abîment les saints ? Il y a dans ce mot, une note de mysticisme, de recherche spirituelle. Qui ne souhaiterait pas vivre une telle harmonie? Devant le visage extatique du Bouddha, nous nous prenons à l’envier. Or quand on sait que certains jeunes, après une seule prise d’ecstasy parfois, restent « perchés » et enfermés à vie dans une structure psychiatrique, ou bien en meurent , on se prend à penser que, dans ces cas là, on est bien loin de l’extase promise ! Je dévoile quand je parle
aux autres de par le vocabulaire que je choisis d’employer, et de la même
manière une société nous livre sa conception de la
drogue dans les mots qu’elle décide de lui attribuer. « Pétard,
Ecstasy, héroïne, drogue douce ou drogue festive », voilà
bien des termes qui donnent aux produits une belle aura et le désir
d’en consommer. Pourquoi donc alors chercher à réprimer ce
qui est censé vous rendre heureux ?
Sophie
Daout, le 19 janvier, 2007
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Vol.1
No. 09
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L’abbé Pierre est mort
Le 22 janvier 2007, l’abbé Pierre est mort et la France est en deuil. Dans l’une de mes chroniques, j’évoquais « Les Enfants de Don Quichotte ». Bien avant ce mouvement, l’abbé Pierre s’était longuement battu pour les sans logis, puisqu’il avait fondé « Les Compagnons D’Emmaüs » en 1949. Nous étions habitués à son image de grand barbu en soutane, en grosse pèlerine et godillots. Il était pour nous une sorte de héros populaire exigeant et véhément, une sorte de chevalier défenseur des plus faibles. L’histoire de l’homme est complexe
et riche. A 17 ans il devient Franciscain, et pendant la seconde guerre
mondiale, il est mobilisé comme sous-officier. Il devient un grand
résistant, fabriquant des faux-papiers et faisant passer des juifs
en Suisse. C’est dans la clandestinité qu’il prend le nom d’abbé
Pierre. Plus tard il sera député, mais le soir venu, il quittait
l'enceinte du Palais-Bourbon, pour aller rejoindre les miséreux.
Pendant l’hiver 1954, une femme puis
un bébé meurent de froid. Il lance alors un appel à
la radio : « Mes amis, au secours… Une femme vient de mourir gelée
cette nuit à 3 heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol,
serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l'avait expulsée.
Devant leurs frères mourant de misère, une seule opinion
doit exister entre les hommes : la volonté de rendre impossible
que cela dure ». C’est alors "l'insurrection de la bonté"
à Paris et en province. L’appel rapportera 500 millions de francs.
Toujours révolté contre
les injustices, cet homme était notre conscience. Il était
aussi très proche de nous et dans son livre « « Mon
Dieu… pourquoi? », écrit en 2005, il prend position sur des
problèmes de société qui font de lui un précurseur
d’idées non encore admises par l ‘Eglise.
Ils sont pour moi porteurs
de vérité et d’espoir. Ils sont des exemples.
Sophie
Daout, le 26 janvier, 2007
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Vol.1
No. 10
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« Folle prière »
C’était le 11 septembre 2001.
Et puis soudain, des images choc
sur mon écran de télévision : un, puis deux avions
s’encastrent dans les tours du World Trade Center que nous avions visitées,
mon mari et moi, l’année précédente. C’est un événement
unique, tragique, les morts s’entassent et le monde entier s’émeut.
« Folle prière » Les vieux démons de la démenceJe viens de retrouver ces lignes que j’avais complètement oubliées et j’avoue qu’elles m’ont touchée. J’aime bien la fin : « Parier l’amour contre la mortOui, croire en l’amour en dépit de tout, rester debout et continuer à être vivante et présente pour les autres. Tenter d’espérer malgré tout ! Sophie
Daout, le 2 février, 2007
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Vol.1
No. 11
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Je connaissais déjà le GHB, appelée aussi la drogue du viol, et j’en parle aux plus grands dans mes séances de prévention, en leur donnant les conseils d’usage : « Quand vous sortez en boite, surveillez votre verre, videz-le avant d’aller danser ou laissez-le sous surveillance. Surveillez-vous les uns les autres et si l’un(e) de vos ami(e)s se met à avoir un comportement bizarre, entourez-le ! ». J’ai rencontré des ados qui
avaient été victimes de cette drogue. L’une d’elles surtout
m ‘a émue. Violée sans doute après une absorption
de GHB, elle s’était retrouvée au petit matin grelottant
de froid, nue sous son manteau, courbatue… et errant dans la ville. Elle
était allée danser la veille au soir et ne se souvenait plus
de rien. Avec ses parents, elle était allée porter plainte
dès le lendemain, mais contre qui ? Elle ne se rappelait aucun détail
de son agresseur. Et même le terme d’ « agresseur » avait
semblé abusif aux policiers, puisqu’elle avait suivi cet homme qui
« n’avait exercé contre elle aucune violence ». Cette
jeune fille m’avait raconté cela en pleurant et se disait «
détruite » par son aventure. Elle était devenue paranoïaque,
voyant des ennemis partout, et se sentait sale. Pendant deux ans, elle
s’était terrée chez elle, et passait son temps sous la douche
où elle frottait son corps jusqu’au sang pour pouvoir « arracher
cette saleté ! ». Elle s’était trouvée relativement
chanceuse de n’avoir pas conçu un enfant à la suite de ce
viol.
« Une jeune fille qui était
à la boîte de nuit LE ZEN à Saint-Étienne, pendant
La nuit du samedi 10 septembre, a été enlevée par
5 hommes. Selon les rapports d'hôpital et de police, la bande l'a
violée avant de la laisser incapable de se rappeler les événements
du soir. Les tests ont confirmé plus tard les viols répétés
et des traces de Rohypnol dans son sang et de Progesterex, qui est une
petite pilule utilisée essentiellement pour la stérilisation.
Cette drogue est maintenant utilisée par les auteurs de viol dans
des soirées pour violer ET stériliser leurs victimes. Le
Progesterex est disponible aux vétérinaires pour stériliser
de grands animaux. La rumeur est que le Progesterex serait utilisé
jointement avec le Rohypnol, la drogue du viol. Comme avec Rohypnol, tout
ce qu'ils doivent faire est de le laisser tomber dans la boisson de la
fille.
Le Progesterex a été conçu pour stériliser des chevaux. N'importe quelle femme qui le prend NE POURRA JAMAIS PLUS CONCEVOIR. Les violeurs peuvent obtenir cette drogue auprès de personnes qui étudient dans une école de vétérinaire ou n'importe quelle université. C'est aussi facile que ça et le Progesterex est sur le point d'être présent de plus en plus partout., Il y a même des sites sur Internet disant aux gens comment l'utiliser ». J’ajouterai donc ce message à
mes séances de prévention, surtout en direction des filles.
Mais les garçons et les hommes aussi doivent se sentir concernés:
car la fille abusée, ce pourrait être leur amie, leur sœur
ou leur fille !
Sophie
Daout, le 9 février, 2007
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Vol.1
No. 12
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Dans ma dernière chronique,
je me suis fait l’écho d’un « hoax », c’est à
dire de l’un de ces canulars qui circulent sur Internet. En effet, le Progesterex,
qui rend stérile dès la première prise, n’existe pas.
Ouf !
Et pourtant cette information ne
m’apporte aucun soulagement. Car les drogues du viol, existent bel et bien
! Et le témoignage que j’ai rapporté la semaine dernière
est celui d’une jeune-fille déboussolée, qui présente
une pathologie gravissime et que personne ne semble pouvoir aider. Je ne
l’ai pas inventée, mais c’est une femme réelle, en chair
et en os dont j’ai pu sentir le désarroi et la souffrance.
La méthode utilisée est simple et toujours la même: le futur violeur verse à l'insu de la victime une dose de GHB dans son verre. Il n'a plus qu'à attendre entre 15 et 30 minutes la venue des premiers symptômes. La victime a tout d'abord la sensation d'avoir trop bu, sa vision se rétrécit, son équilibre est gravement atteint et elle n'a plus aucune notion de réalité. Elle est donc tentée de tout accepter, et de suivre n'importe qui, n'importe où. Des jeunes filles racontent la même histoire que celle de mon témoin: dans une discothèque ou même chez des amis, elles partent en suivant un inconnu chez lui ou dans un hôtel. Elles se réveillent le lendemain ou quelques heures après, dans un lieu inconnu, sans jamais se souvenir de ce qui s'est réellement passé ! La victime est complètement déshinibée, et elle accepte ce qu'elle n'aurait jamais accepté dans une situation normale. La relation sexuelle exercée sans violence, paraît donc tout à fait normale et s'ensuit une non-culpabilisation du violeur. Mais en fait, la relation est forcée puisque facilitée par l'usage d'un stupéfiant et même aggravée puisqu’il y a eu préméditation.. Le « violeur » aura repéré sa victime avant de verser le produit dans sa boisson et ne pourra pas invoquer plus tard la « pulsion » ou l'acte irréfléchi. Mais la victime devra faire face ensuite à de graves problèmes, et d’abord à un sentiment de culpabilité. La question« comment ai-je pu agir ainsi ? » reviendra chez elle de façon obsessionnelle. Et puis, comme elle ne se souviendra de rien, elle ne saura pas comment poursuivre le violeur et aura du mal à admettre qu’elle est une victime.. Je continuerai aussi à l’avenir,
à faire des recommandations aux jeunes :
Ne quittez jamais des yeux votre verre et n'en acceptez jamais venant d'individus que vous ne connaissez pas ou mal. Les drogues du viol ne laissent que
très peu de temps pour réagir. Dès l'instant où
vous ressentez la moindre somnolence, de l'euphorie, des hallucinations,
des étourdissements, des bouffées de chaleur, des frissons,
des nausées ou des difficultés à vous déplacer,
demandez vite le soutien d'amis ou des responsables de l'établissement
dans lequel vous vous trouvez. Le GHB agit en 15 minutes, (le Rohypnol
entraîne le sommeil en 20 à 30 minutes), et parfois peut frapper
brutalement. Ces substances peuvent entraîner, selon la dose ingérée,
une perte de mémoire, l'inconscience et même le coma.
Sophie
Daout, le 16 février, 2007
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Vol.1
No. 13
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Début février, s’est tenue à Paris une conférence sur le thème des « enfants soldats », c’est à dire des enfants recrutés pour la guerre. Cette conférence devait affirmer l'engagement de la communauté internationale à combattre ce fléau, que le ministre des Affaires étrangères français, Philippe Douste-Blazy décrit comme «une bombe à retardement». En 2006, plus de 250 000 enfants appartenaient à des groupes ou forces armés, estime l'Unicef. Dans certains pays, 40 % sont des filles. La notion d'enfant varie selon les législations nationales puisque 60 gouvernements, dont les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'Allemagne, recrutent légalement des soldats de 16 ou 17 ans, alors que la Convention relative aux droits de l'enfant de 2002 a relevé à 18 ans l'âge minimal d'enrôlement. Depuis 2001, l'Unicef a mis en place des programmes de prise en charge et de réinsertion, dont 95 000 ex-enfants soldats bénéficient actuellement. Le recrutement se fait parfois par l’octroi d’une somme d’argent, mais parfois encore après une enlèvement, comme au Sri Lanka. Voici ce que raconte une maman : «C 'était fin octobre, mon fils venait de rentrer de l'école. Pendant qu'il faisait la sieste, je suis sortie voir une amie. Tout à coup, des voisins sont arrivés en courant pour me dire que des combattants du groupe Karuna étaient venus chez moi. Quand je suis arrivée, j'ai vu le van blanc qui repartait avec mon fils en train de hurler. Je n'ai rien pu faire. Il avait 15 ans.» Un jeune Sierra-Léonais de 26 ans, a raconté comment, à 12 ans, «prendre un fusil et tirer sur quelqu'un était devenu quelque chose d'aussi facile que de boire un verre d'eau» . Mais il y a encore pire qu'avoir été un jeune garçon, arraché à sa famille, parfois drogué, formé à tuer, à piller et à violer. Le pire, c'est d'avoir été une fille enfant soldat. Car les filles sont les grandes oubliées des programmes de démobilisation et de réinsertion alors qu’elles représentent jusqu'à 40 % de certains groupes de jeunes combattants. Pourquoi ? parce qu’elles sont souvent violées, rejetées par leur famille dont elles sont devenues la honte, et qu’elles hésitent à se faire connaître. Elles ont parfois des enfants nés de ces viols, et elles sont alors répudiées par leur communauté d'origine car on ne peut pas « accepter les enfants de l'ennemi ». Elles sont salies à tout jamais et la honte rejaillit sur leur famille. Voilà pourquoi elles évitent tous les dispositifs de recensement. Le problème de ces enfants rejoint pour moi un autre problème, celui de la généralisation de la consommation des drogues par les jeunes et du rajeunissement de l’âge des premières consommations. Nos pays occidentaux ne sont pas en guerre et pourtant nos enfants sont aussi attaqués, d’une autre manière. Et ceci sous le regard indifférent d’une société laxiste et déboussolée. Une société qui ne
respecte pas l’enfance et qui ne protège pas ses petits, est une
société qui va vraiment mal.
Sophie
Daout, le 23 février, 2007
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Vol.1
No. 14
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Je voudrais parler aujourd’hui d’Ingrid Betancourt, retenue en otage depuis le 23 février 2002 par les FARC, l’une des guérillas colombiennes. Nous avons l’habitude de voir à la télé et dans la presse, sa fille Mélanie qui demande régulièrement aux autorités françaises d’intervenir auprès de la Colombie pour libérer sa mère. En cette période d’élection, les candidats à la présidentielle ont accepté de recevoir la famille et ont «apporté leur soutien.» En 1989, la Colombie, est au bord du gouffre, saignée par des années de guerre. Pris entre la guérilla marxiste, les paramilitaires, les cartels de la drogue et les politiciens impuissants ou corrompus, peu de gens osent se lever pour offrir une autre vision au peuple Colombien. Ingrid Betancourt décide de le faire. Elle décide de se lancer en politique avec son amie Clara Rojas. Elle est élue députée en 1994. En 1998, elle fonde son propre parti, "Oxygène", et se présente au Sénat. Elle est la candidate qui, contre toute attente, remporte le plus grand nombre de voix au niveau national. Elle condamne la corruption, la violence, se bat pour le développement régional, pour les plus démunis. Elle est menacée de mort à plusieurs reprises, échappe à un attentat. Elle est obligée d'expatrier ses enfants. Elle est régulièrement prise à partie par les journaux, les accusations les plus odieuses sont portées contre elles par ses pairs et relayées par des journalistes peu scrupuleux. Elle doit défendre plusieurs fois son honneur en public et en sort toujours blanchie. Elle est bientôt convaincue que la seule façon de changer le système est de se faire élire à la présidence en mai 2002. Elle démissionne donc de son poste de sénateur fin 2001, non sans lancer un retentissant "Lorsque je serai Présidente, je vous démissionnerai tous!" avant de quitter l'hémicycle. J’avais lu son livre « La rage au cœur »au moment même de sa parution en 2001. J’avais été émue par l’engagement de cette femme et admirative de son courage politique. Sur la quatrième de couverture, on peut lire « : … elle mène une lutte dangereuse contre le népotisme, a corruption et les cartels de la drogue qui paralysent son pays…. Elle peut à tout moment être abattue par un tueur à gages pour avoir osé défier de puissants intérêts criminels. Son engagement sans concession fait d’elle une héroïne susceptible de changer le cours de l’histoire de son pays ». Le 23 février 2002, tout au début de la campagne électorale, Ingrid et sa directrice de campagne, Clara Rojas, sont enlevées par les FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie) sur la route de San Vincente. Pour commémorer le cinquième anniversaire de son enlèvement, ses proches ont organisé un rassemblement à Paris, devant la fontaine Saint-Michel. Ses deux enfants et son ex-mari, Fabrice Delloye, ont dénoncé l’attitude de la Colombie et de la France dans ce dossier lors d’une conférence de presse. « Ca fait un quinquennat
que maman a été enlevée. Elle n’en supportera pas
un autre.» dit son fils Lorenzo. Sa soeur, Mélanie, ajoute:
«Derrière une grande compassion, il n’y a pas de volonté
politique» de libérer Ingrid Betancourt. Elle reproche aux
autorités françaises de ne pas réagir lorsque, selon
elle, le président colombien «marche sur les pieds du gouvernement
français». Elle dénonce la volonté du président
colombien Uribe de recourir à la force «alors qu’il sait pertinemment
qu’une opération militaire ne peut finir que dans un bain de sang.»
Qui se souvient aujourd’hui d’Ingrid
Betancourt ? Quel pays est prêt à s’investir véritablement
dans une recherche de solution pour sa libération ?
Sophie
Daout, le 2 mars 2007
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Vol.1
No. 15
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Grâce au forum Dans mes actions de prévention, je suis aidée par notre site, « Jeunesse Sans Drogue » et en particulier par son forum. Il fonctionne comme un groupe de parole où sont dévoilées des souffrances avec souvent une demande de conseils. Il s’agit de parents dépassés par le problème de la drogue de leur enfant et qui ne savent plus que faire. Parfois encore des jeunes voudraient bien aider un camarade ou leur petit(e) ami(e). Enfin ce sont aussi des jeunes en difficulté qui cherchent une solution pour eux-mêmes. Les échanges qui se nouent sont alors intenses et se transforment en dialogues riches d’enseignement. C’est ce qui se joue actuellement. Un jeune Jonathan, cherche de l’aide. Il n’a pas tout à fait 18 ans et est déjà un « vieux » drogué puisqu’il a commencé à 11 ans avec de la marijuana. Ensuite il a continué avec des champignons hallucinogènes, du Hash, de l'huile de Hash, et « il a respiré du gaz pour être gelé », puis « de l'alcool pour se saouler , à environ 12ans ». Puis, c’est l’escalade : à 14 ans, toujours consommateur de cannabis, il essaye les amphétamines et « je suis tombé super accro cet été la, jusqu'en novembre. J'ai commencé la cocaïne en septembre environ. Je suis rendu accro et vu que ça coûte cher, je compense avec des amphétamines, cristal, alcool et ecstasy » Dans ce premier message, il confie sa dépendance, « Je ne suis pas capable de rester à jeun une journée entière » et ses problèmes de santé: « J'ai aujourd'hui des hallucinations, j'ai des énorme pertes de mémoires, j'ai le cœur qui bat toujours vite, j'ai des points dans les poumons, j'ai des tics et je n'arrête pas de bouger ou de faire quelque chose. On m’a dit que je fais une psychose toxique. J'entends souvent des voix et bruits qui ne sont pas là, je sens des odeurs qui ne sont pas là. » Il parle de ses pulsions suicidaires
:
Nicolas suit le parcours de Jonathan et l’encourage : « Bravo Jonathan. Maintenant essaye de ne pas tenter l'impossible en restant dans le milieu de tes potes toxicomanes, une soirée passée à côté d'eux, c'est une tentation supplémentaire de t'y remettre. Alors bonne chance pour la suite et soit fier de chaque victoire aussi petite soit elle, c'est naturel de vivre sans drogue, ça ne devrait même plus être un combat dans l'avenir, accroche-toi autant que tu peux ». Un peu plus loin, tandis que je reproche
à Jonathan de ne pas s’attaquer véritablement à ses
problèmes, il me répond en banalisant : « Je ne connais
personne qui fait la fête autrement qu'avec de la drogue ou de l'alcool.
J'ai deux amies qui ne consomment rien mais c’est tout !, et même
elles, elles consomment de temps à autre. Tous les jeunes de nos
jours se droguent jusqu'au jour où ils deviennent matures ».
Le monde tourne autour de ça puis je me vois pas exister en dehors, c'est toute ma vie et je m'en contente très bien, puis déjà personne peut me comprendre, vous savez pas ce que c'est et vous savez pas comme j'en ai besoin de ces partys, j'ai envie de vivre, je suis pas un vieux et j'aime pas marcher dans les normes, là je suis chez moi et je me tripe. Tu y vois quoi là Jonathan?
moi j'y vois ta fuite, on a le choix de se battre ou pas mais dans ce combat
c'est toi avec toi, aucun groupe, aucune autre personne n'est concernée,
c'est toi Jonathan, c'est pour ton cerveau, c'est pour ton avenir c'est
pour ce que tu peux accomplir, ce que tu peux réussir, c'est pour
pouvoir encore être heureux d’être en vie, c’est d'être
quelqu'un pour toi et rien que pour toi. Tu n'as rien à prouver
qu'à toi-même alors fais-en un grand gâchis ou redonne-lui
une forme. Courage encore et toujours car ça tu t'en as besoin j'en
suis sûr ».
Le forum est dans notre site:
Sophie
Daout, le 9 mars 2007
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Vol.1
No. 16
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cannabis et suicide
Au mois de septembre 2006, l’association Phare Enfants Parents, qui aide les familles en deuil d’un enfant, m’a demandé de participer à une conférence sur le thème « cannabis et suicide ». La Présidente de l’association, Thérèse Hannier, se disait « convaincue, depuis plusieurs années, d’un lien entre la consommation de ce produit et le suicide ». Sa conviction, disait-elle en introduction, était fondée sur des éléments recueillis auprès de trois sources: d’une part les groupes de parole et la ligne d’écoute de l’association, et d’autre part, les écoles où elle rencontre les élèves et les enseignants. Elle ajoutait : « Nous retrouvons très souvent le cannabis au cœur des problèmes : dans le parcours de certains jeunes suicidés, plus spécialement ceux qui se sont défenestrés ou précipités d’un lieu élevé, ceux qui présentent des troubles de comportement : violence, insultes, délinquance, mensonges et vols dans le porte-monnaie des parents, fugues, absentéisme scolaire etc., ou des troubles mentaux : désordres psychiques, troubles de la personnalité, symptômes de dépression nerveuse, schizophrénie. Dans ces deux derniers cas de figure, le jeune nie son mal-être, voire même sa consommation régulière de cannabis, et s’oppose à toute consultation qu’elle soit médicale ou psychologique ». Le professeur Costentin a parlé le premier. Sans le connaître physiquement, j’avais lu plusieurs de ses productions et en particulier un texte qui m’avait fort intéressée et qui s’intitulait « Nouveau regard sur le cannabis ». J’avais été frappée par son courage et je l’avais cité à deux reprises dans mon dernier livre « Jamais douces, les drogues ! » : un passage dans lequel il disait qu’il ne s’agissait plus de savoir, pour les prochaines années, quelle planète nous allions laisser à nos enfants mais plutôt de nous interroger pour savoir quels enfants nous allions laisser sur notre planète. Et puis, un autre extrait dans lequel il notait que la consommation de cannabis facilitait la rencontre avec l’héroïne, ce qu’il traduisait en affirmant que si un consommateur de cannabis ne passait pas à l’héroïne, c’est seulement parce qu’il avait eu la chance de ne pas la trouver sur son chemin. Voilà pourquoi j’étais
ravie de le rencontrer, mais aussi à la fois fière et effrayée
d’avoir à intervenir après lui.
J’ai commencé par quelques remarques préliminaires :
(Il faut traduire qui ont tiré une bouffée d’un joint). Si les adultes, parents et professeurs ne parlent pas de la drogue avec les ados, ils laissent le champ libre aux informateurs qui ne sont autres que les dealers. En bons marchands, il est évident que ceux-ci vont vanter leur marchandise et ne parler que des aspects positifs de leurs produits. Quand je présente aux jeunes l’autre versant de la réalité, le mal-être, l’échec scolaire, la démotivation, etc., ils m’écoutent car ils savent bien que la drogue c’est aussi cela ! J’ai terminé par une remarque qui me tient à cœur, attention aux frères et sœurs, car dans les familles, certes les toxicomanes souffrent, mais aussi leurs parents et les autres enfants. C’est un aspect qui est rarement souligné, mais je prends toujours le temps de le signaler! Car cela, aussi, je l’ai appris, hélas, à mes dépens ! * « Jamais douces, les drogues
»
Sophie
Daout, le 16 mars 2007
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Vol.1
No. 17
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Guérir de trop aimer Je viens de lire un article intitulé « Guérir de trop aimer ». Une consultation médicale, au centre Marmottan à Paris, est tenue par Marc Valleur, psychiatre et psychothérapeute, spécialiste des toxicomanies. Ce médecin traite bien sûr des dépendances aux drogues « traditionnelles », mais aussi les addictions « nouvelles », et compulsions affectives, sexuelles et ludiques. A l'origine de son essai, "Sexe, passion et jeux vidéo", sous-titré « Les nouvelles formes d'addiction », une intuition : utiliser la notion d'addiction pour aborder l'éternel problème de la dépendance amoureuse. Autrement dit, il en va de l'amour comme du reste, l'usage modéré est bénéfique, l'abus, désastreux. « Je ne pensais pas que l'on puisse trop aimer un homme. L'enfer de la passion que je vis aujourd'hui, je ne le souhaite à personne. Je suis en manque, comme une droguée. » déclare l’une de ses patientes, Cécile, 40 ans. Parce ils sont en manque de l'autre jusqu'à l'insupportable et replongent chaque fois, des hommes et des femmes se décident à consulter. Leur objectif : en finir avec ces relations, « toxiques comme une drogue dure ». Quelque temps après la parution de son essai, la consultation, le docteur Valleur, voyait, à sa grande surprise, arriver de nouveaux patients, malades de l'attachement amoureux, en instance de séparation ou déjà séparés. Pas encore une tendance lourde, mais significative tout de même : « Comme l'a analysé le sociologue Alain Ehrenberg, notre société de l'individu sacré a créé deux types de pathologies : la dépression et l'addiction. Le dépressif "n'y arrive pas". Et l'addict "y arrive", mais se prend au piège de l'agir, à tel point que son identité s'y dissout. » La pathologie la plus fréquente, est la codépendance, ce lien toxique qui unit à un conjoint maltraitant. Devant ce lien et contrairement aux idées reçues, nous sommes tous égaux, hommes, femmes, riches ou pauvres, même si, « les femmes en parlent plus aisément, encore que depuis peu... des hommes consultent ». Dans l’accompagnement de ces patients, il n’y a pas de recette miracle, mais l'application de la classique thérapeutique d'inspiration psychanalytique, qui s'attache à interroger le lien de soi à l'autre et de soi à soi. « La solution à l'aliénation n'est pas dans la liberté absolue, mais dans le choix de ses dépendances, leur équilibre, affirme Marc Valleur, quand les passions ne meurent pas mais se transforment, on arrive à des relations passionnantes. » Mais si ces addictions sapent nos fondements psychologiques aussi sûrement que les toxicomanies classiques, elles s’en différencient tout de même fondamentalement à mon sens. Car le produit n’existe pas, celui que nous appelons une drogue. Ce produit, qu’il soit l‘héroïne, la cocaïne, ou le cannabis, n’est pas présent dans cette addiction. Ce produit qui, à la dépendance psychologique dont on vient de parler, ajoute parfois une dépendance physique, est toxique aussi pour le corps et se fixe dans le cerveau, entraînant par sa présence même des modifications dans le comportement et dans la personnalité. Il y a danger me semble-t-il à tout amalgamer, danger de banalisation. Il ne faut pas mélanger dépendance et toxicomanie. Il ne faut pas réduire la toxicomanie au seul problème de l’addiction. Certes, un toxicomane ne fera pas l’économie d’un travail sur lui-même, d’une mise à plat des mécanismes affectifs qui l’ont fait sombrer dans un usage immodéré de sa drogue. Mais le produit joue aussi un rôle. Ce n’est pas la même chose d’être accro au chocolat ou à l’héroïne. Or, on entend souvent dire : « Le chocolat, c'est ma drogue ! ». Et on parle aussi d’accros d'Internet, de joueurs pathologiques (jeux de casino, jeux vidéo) et de dépendants affectifs. Si la thérapie permet de mettre à plat les mécanismes de la dépendance chez un individu, celui-ci pourra plus facilement déjouer les pièges qui l’ont fait plonger. Mais le pas le plus difficile à franchir sera la séparation d’avec son produit. Le sevrage me paraît être la première étape, l’étape difficile du deuil d’un produit qui séduit et qui détruit, qui peut donner parfois à une vie ordinaire des allures de fête, même si les lendemains sont jours de défaite. C’est au prix de ce renoncement et
seulement à ce prix me semble-t-il,
Sophie
Daout, le 23 mars 2007
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Vol.1
No. 18
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Pour parler de résilience Cette semaine encore, ma chronique
trouve sa source dans le forum de notre association « Pour une Jeunesse
Sans Drogue ».
Il raconte :
Immédiatement après
ce message, est arrivée une réponse :
Affronte- la, cette vie que tu fuis,
ose la regarder en face, laisse lui une chance de te séduire !
Aujourd'hui ma drogue à moi
c'est rire, rire de tout, rire de rien, je n'ai pas craqué et j'en
suis fière parce que j'aurais pu.
Maintenant ton objectif c'est que tous les gens sur ce forum, ta mère, ta sœur, tous ceux qui veulent t'aider n'aient plus de la pitié mais de l'admiration! Acceptes tu de le relever? » Le plus remarquable dans ce message,
c’est qu’il émane d’une toute jeune-fille de 15 ans! Elle m’a dit
en privé qu’elle me connaissait bien pour m’avoir entendue dans
son collège. Ses mots m’ont touchée et j’ai réagi
en parlant de résilience en m’adressant à la jeune fille,
dans mon intervention suivante.
Voici en effet deux jeunes, Jonathan
et Aurore, qui ont tous les deux subi des traumatismes dans l’enfance.
Qu’en ont-ils fait ? Le premier les utilise pour expliquer et même
excuser ses dérapages dans la drogue, la seconde leur donne un sens
et en a fait une force. Mieux encore, Aurore, si jeune soit elle, est capable
de donner des conseils à Jonathan et de l’aider si tant est qu’il
soit capable de l’entendre, ou simplement qu’il en ait envie.
« Ce n’est pas la souffrance
qui donne du sens à la vie, mais la vie qui donne du sens à
la souffrance ».
Le forum est situé dans le
site Internet de notre association:
Sophie
Daout, le 30 mars 2007
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Vol.1
No. 19
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Peut-on faire la fête sans se droguer Il n’est pas facile d’être jeune aujourd’hui. C’est l’avis d’Aurore qui nous interpelle, nous les adultes, dans le forum. Elle me semble curieuse, mais surtout un peu perdue. Je vois dans son message un appel au secours. « Parfois j'ai envie de vous
demander, à vous qui êtes nos parents, dîtes, comment
faisiez-vous pour vous amuser?
Dites! Parce que moi, quand je regarde autour de moi, j'aimerais dire à mes copains que l'on peut s'amuser autrement, et alors ils me répondraient: « Mais comment ? » Et je leur dirais que l'on peut s'amuser
à rire... mais pour rire il faudrait qu'ils soient saouls.
Plusieurs personnes ont répondu à ce message, quelques adultes qui parlent de bonheurs simples et aussi celui de Tifenn qui m’intéresse et m’émeut plus particulièrement. J’ai connu cette jeune fille quand elle se droguait. Elle était alors agressive et très triste. Aujourd’hui, je vois une jeune fille adorable, très jolie et joyeuse. Elle a 17 ans et elle confirme les affirmations et les craintes d’Aurore: « Je ne suis pas une adulte mais j'ai quand-même appris à m'amuser sans drogue. Pour ma part je pense qu'il faut de bons amis , des amis ayant les mêmes valeurs que vous, des amis qui n'ont pas besoin de drogue pour vivre et pour rire. Rester simplement au bord de la mer, jouer à celui qui jettera une pierre le plus loin, se louer un bon film, arriver chez un ami sans prévenir avec des pizzas dans les bras, se retrouver tremper parce qu'on est allé courir sous la pluie, regarder les gens passer et imaginer leur passé ou leur futur, rester toute une heure autour d'un café en se racontant des blagues, partir en camping, aller matcher dans la montagne, se baigner dans de l'eau glaciale, rire de tout et de rien. Mais des choses aussi simples, un drogué ne peut vivre. Il sera capable de rire de tout et de rien mais seulement s'il est drogué au maximum. C'est pour ça que je rencontre le même problème que toi quand j'essaie de dire aux gens que la vie et belle sans drogue, et qu'elle est marrante aussi, tellement plus marrante. Et c'est pour ça aussi qu'encore aujourd'hui, alors que ça fait bientôt 2ans que je ne me suis pas droguée, beaucoup de gens croient que je me défonce et me font tourner leur pétard. Et tout ça pourquoi? Parce que je suis tout le temps en train de rire. Rien que le fait de me faire une belle grimace me fait rire, rien que de voir le visage des gens que j'aime me fait sourire et me donne envie de rire. Je crois que ceux qui sont dans la
drogue ont besoin de voir ce bonheur que l'on peut avoir SANS la drogue.
Une fois je suis tombée sur une nana qui m'a demandé à
quoi je me défonçait et quand je lui ai expliqué ce
que je viens d'expliquer elle m'a répondu "De toute façon
pour moi c'est trop tard, je ne suis plus capable de faire ça"...
Alors pour finir de répondre à ta question, je te dirai de raconter l'histoire des gens qui s'en sont sortis et le bonheur qu'ils vivent aujourd'hui. Mais le plus dur reste de faire comprendre que, de même que la drogue "ça n'arrive pas qu'aux autres", le bonheur non plus "ça n'arrive pas qu'aux autres"... Effectivement, dans mon combat, j’ai
toujours constaté que le témoignage, le mien ou celui de
Tifenn, valent mieux que tous les discours théoriques. Alors quand
j’ai la chance d’avoir un ancien toxicomane avec moi, c’est encore mieux
! Les jeunes comprennent qu’il n’y a JAMAIS de drogué HEUREUX.
Venez lire les témoignages
de notre forum et pourquoi pas y participer :
Sophie
Daout, le 6 avril 2007
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Vol.1
No. 20
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Cannabis et billes de verre! Parfois des informations incroyables
sont diffusées par Internet. Celle-ci par exemple, dont nous informe
Tobal, un infirmier qui travaille dans un Lycée. « Les autorités
sanitaires ont été informées de deux cas de pathologies
respiratoires sérieuses liées à la consommation d'herbe
de cannabis coupée avec des microbilles de verre ».
Je suis allée sur le site dont nous parle Tobal. Effectivement on nous signale deux cas au 9 mars 2007, mais la présence de ces micro billes est observée en France depuis l’été 2006. Pour quelles raisons peut-on avoir intérêt à mélanger du hasch à du verre ? En fait, c’est dans le but d’ «
augmenter le poids et l’attractivité du produit par un aspect brillant
».
La santé de nos enfants ne
les concerne pas, pour eux, seul compte l’argent !
La mise en garde se termine par deux recommandations : 1) Seul un arrêt de toute forme de consommation élimine ce risque.Certains ont fait de la drogue un commerce, ils en vivent bien plus largement et de façon beaucoup moins pénible que s’ils travaillaient. Ils appellent cela « le business ». Et dans ce busisness, on n’a pas d’état d’âme, l’essentiel étant de gagner beaucoup d’argent. Alors, on fait des études de marketting et on met en place des techniques de vente qui évoluent. C’est un marché en plein essor. Tout est fait pour racoler et « fidéliser » le client. Il ne peut donc y avoir qu’une escalade dans la drogue, un raffinement dans la présentation des produits et leur distribution. Quelquefois je regrette que nous ne sachions pas être aussi créatifs qu’eux, quand nous faisons de la prévention! www.jeunessesansdrogue.com
Sophie
Daout, le 13 avril 2007
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