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Les archives de Sophie Daout

Vol.12 - No. 221

Le cannabis doublement mis en question

Je vous parle souvent du cannabis et ce sera encore le cas cette semaine. Le journal « L'Express » publie les résultats d'une recherche Néo-Zélandaise qui prouve que ce produit, consommé à l'adolescence, porte atteinte aux facultés intellectuelles.

« Les consommateurs réguliers de cannabis perdraient huit points de QI entre 13 et 25 ans, révèle une étude publiée dans une revue américaine. Cette drogue douce provoquerait également une baisse de la mémoire, de la concentration et de la vivacité d'esprit.

Les consommateurs réguliers de cannabis perdraient huit points de QI entre 13 et 25 ans.

Fumer du cannabis régulièrement à l'adolescence peut provoquer une baisse des capacités intellectuelles à l'âge adulte, montre une étude publiée lundi par une revue scientifique américaine.

La recherche effectuée sur 1000 Néo-zélandais, prenant en compte une période de 25 ans, a permis de comparer leur quotient intellectuel (QI) à 13 ans puis à 38 ans, les uns étant des consommateurs réguliers de cannabis, y compris durant après 20 ans ou 30 ans, les autres pas. Au bout de la période, un écart de huit points s'est creusé entre les fumeurs et les autres, affirme Madeleine Meier, psychologue à l'université Duke, en Caroline du Nord (sud-est), et auteur principale de cette étude publiée dans les Actes de l'Académie américaine des sciences.

Or «le QI est censé être stable» à mesure que l'on vieillit, dit-elle. Pour les personnes n'ayant jamais fumé de cannabis, leur QI a même légèrement progressé de quelques dixièmes de points. «On sait que le QI est un élément fort déterminant pour l'accès à l'université, pour le revenu gagné tout au long de la vie, pour l'accès à l'emploi, et la performance au travail», poursuit la chercheuse.

«Quelqu'un qui perd huit points de QI durant son adolescence et à la vingtaine peut se retrouver désavantagé par rapport à ses pairs du même âge pour de nombreux aspects majeurs de la vie», et ce pendant de longues années, conclut-elle, soulignant que cette importante différence ne serait pas due à d'autres facteurs (éducation, alcool, autres drogues, etc.).

Baisse de la mémoire, de la concentration et de la vivacité d'esprit

Les consommateurs de marijuana ont aussi montré de plus faibles capacités de mémoire, de concentration et de vivacité d'esprit, selon l'étude. Ceux qui avait ralenti leur consommation l'année d'avant leurs 38 ans, moment du second test, n'ont pas pour autant obtenu de meilleurs résultats.

En revanche, les fumeurs qui ont commencé seulement à l'âge adulte ne souffraient pas d'un tel écart intellectuel avec les non-fumeurs. «L'adolescence est une période très sensible du développement du cerveau», indique Mme Meier. En utilisant des substances agissant directement sur le mental, les jeunes «peuvent perturber le processus cérébral normal», explique-t-elle.

L'étude n'évalue pas, par contre, les effets d'un arrêt ou d'un ralentissement de consommation plus tôt dans la vie, et ne précise pas non plus les quantités consommées. »

Autrement dit, le cannabis rend bête !

On soupçonnait également un lien entre consommation de cannabis et cancer des testicules.

J'ai retenu deux articles sur le sujet, le premier émanant de la revue « The Cancer Journal »

Le cannabis augmente le risque de développer un cancer des testicules. Cette drogue a déjà un impact sur le cerveau entraînant des troubles. Ces derniers ont été confirmés par de nombreuses études. Cette addiction aurait également un impact sur le cancer.

Le cannabis et le cancer des testicules ont fait l'objet d'une étude publiée dans la revue American Cancer Society. Cette tumeur est assez rare, mais elle peut toucher les hommes âgés de 15 à 45 ans. Si le diagnostic est réalisé tôt, la personne a de grandes chances de guérir. Les experts se sont attardés sur l'augmentation du nombre de cas qui a été multiplié par 5. Aujourd'hui, près de 2 000 personnes en France sont touchées par ce cancer des testicules chaque année. Les facteurs environnementaux ont un impact, mais ils sont encore mal maîtrisés. Les chercheurs de l'université de Caroline du Sud ont donc tenté d'en apprendre davantage sur cette maladie et notamment son développement.

L'équipe de Victoria Cortessis a suivi 163 jeunes hommes souffrant d'une tumeur dans les gonades. Ils présentaient également une addiction à la marijuana. Parallèlement, un groupe de 292 hommes ont intégré l'enquête. Le profil ethnique et l'âge étaient similaires, mais ils étaient en bonne santé. Après ce suivi, les chercheurs ont pu constater que les jeunes ayant une addiction au cannabis présentaient un risque multiplié par 2 de développer le cancer des testicules. Victoria Cortessis en est donc convaincue, la consommation de cette drogue est liée à l'apparition de cette tumeur. Actuellement, l'enquête n'apporte pas toutes les réponses.

Les chercheurs vont donc devoir réaliser d'autres travaux notamment pour comprendre le lien et le mécanisme. Comment le cannabis agit-il sur les cellules tumorales ? L'étude révèle que les tumeurs sont de type séminomateuse. Ces dernières sont réputées pour être tenaces face à la radiothérapie. Les personnes souffrant de cette maladie doivent donc nécessairement suivre un traitement à base de chimiothérapie. Ce constat est très alarmant notamment lorsque l'on prend connaissance de l'étude faite en avril dernier. Elle révèle que les Français sont les plus gros consommateurs de cannabis.

Dans un autre article signé ARTHUR BEAUFILS, du 12/09/2012, J'ai relevé les réserves qui en résultent quant au « cannabis thérapeutique »

« L'Université de Californie du Sud vient de montrer que la marijuana a d'indéniables effets cancérigènes sur les cellules testiculaires.

Au-delà d'une étude qu'il faudra corroborer, le cannabis thérapeutique est fustigé dans un état pionner de cette légalisation contrôlée. En outre, le cannabis médicinal représente plusieurs dizaines de millions de dollars dans l'économie californienne, sans compter la revente parallèle des prescriptions au marché noir.

Ce holà contraste avec les dernières avancées concernant ce médicament naturel. Le Parlement Européen, quant à lui, ouvre le débat sur ce sujet sensible. »

Nous savons finalement assez peu de choses sur le cannabis, mais les études actuelles nous prouvent que nous le sous-estimons et que c'est loin d'être une « drogue douce » !.

Enfin, à la télévision française, une émission «Zone Interdite» consacre un reportage au cannabis.

Le cannabis est une drogue qui a la faveur de nombreux consommateurs - plus d'un million de réguliers et plus de cinq cent mille quotidiens en France - pour ses effets relaxants... Mais qui se révèle très perverse à long terme.
L'article annonçant l'émission dans les journaux spécialisés rappelle les principaux méfaits de cette drogue et remet en cause son qualificatif de «drogue douce» !

Le cannabis séduit car ses effets sont moins violents que ceux de l'héroïne. Pas de risque d'overdose non plus. En revanche, ses conséquences sont dangereuses et très pernicieuses à long terme. «Le principe actif du cannabis, le tétrahydrocannabinol, ou THC, est très diffusible dans les graisses, et donc dans les organes riches en graisse comme le cœur, le cerveau, et les vaisseaux, le foie », explique François Chast, chef du service pharmacologie-toxicologie de l'Hôtel-Dieu à Paris.

«Sur le plan cardiovasculaire, sa prise augmente le risque d'accidents vasculaires cérébraux et d'infarctus du myocarde, poursuit-il. En particulier, le cannabis contribue à la constitution de la maladie de Buerger, qui attaque les vaisseaux sanguins et entraîne une nécrose artérielle des mains et des pieds. «Les effets du cannabis ont été étudiés depuis le XIXe siècle, grâce au savant français Moreau de Tours, qui a nommé son addiction cannabisme». Dans les années 1980 en Suède, en 2007 en Grande-Bretagne, et, plus récemment, en Nouvelle-Zélande ont été publiées des études menées sur le long terme concernant des «cohortes» de population consommant du cannabis et comparées à d'autres n'en consommant pas.

«L'équipe néo-zélandaise a ainsi publié dans le très respecté journal américain Proceedings of the National Academy of Sciences des résultats démontrant que les consommateurs de cannabis ayant commencé à fumer dès l'âge de 13 ans ont un quotient intellectuel altéré de 8 % par rapport aux sujets «sains», et que tous ces consommateurs ont un niveau social et culturel inférieur aux autres. «Autrement dit,» le cannabis a un impact prouvé sur le développement du cerveau. Or, il est consommé très souvent chez les écoliers ou des étudiants, qui risquent de sombrer à long terme, en cas de consommation régulière, dans la dépression, et de développer des psychoses ou bien des cas de schizophrénie», conclut François Chast. Drogue considérée comme douce, le cannabis pose en fait un vrai problème de santé publique.

À savoir
Selon des études menées dans différents pays depuis quarante ans, il a été prouvé que la consommation d'une cinquantaine de joints par mois multiplie par six le risque de développer une psychose à l'âge adulte et augmente de 40 % les possibilités de tomber dans la schizophrénie. »

Sophie Daout, le 12 octobre 2012


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Vol.12 - No. 222

Parents et drogue

Faut-il s’en réjouir ou bien le déplorer, notre association est de plus en plus sollicitée.

Hier à notre permanence, une famille, le père et la mère sont venus nous expliquer l’enfer qu’est devenu la vie de leur famille avec un jeune de 16 ans consommateur de cannabis .J’avais rencontré Olivier il y a 15 jours à la demande de ses parents. Il s’était montré coopérant, il m’avait écoutée, nous avions bien discuté et en rentrant chez lui, il avait déclaré que j’étais sympa et qu’il me reverrait à nouveau sans déplaisir.

Et puis la vie a repris et les dealers ont continué leur sale boulot avec cet ado à la dérive. Aujourd’hui, rien n’a changé: Il menace sa mère, il l’insulte, il ne supporte aucune forme d’autorité, il défie son père et il sèche les cours. Les parents sont effondrés. Dans la discussion avant-hier, la maman, se sentant menacée, a pris un couteau. Je lui ai conseillé de ne surtout pas entrer dans l’escalade de la violence, et j’ai conseillé aux deux parents de faire bloc. Mais c’est difficile : le papa, qui n’assiste général pas aux scènes les plus violentes, ne mesure pas bien les enjeux et se montre donc plus indulgent, plus optimiste que sa femme. La drogue créé des drames dans les familles et parfois provoque le divorce des parents.

Dans un premier temps, ces parents se sont tournés vers les personnels du lycée, et il leur a été répondu que « ce n’était pas grave, juste quelques pétards »..

Ils se sont alors orientés vers le médecin traitant qui n’a pas su les conseiller.

Ils se sont enfin adressés à une psychologue et ils sont ressortis de la consultation persuadés qu’ils étaient de mauvais parents.

Le soir même la maman m’envoyait le message suivant :

« Bonsoir Sophie,
J’espère que vous allez bien. Je voulais vous dire que votre livre est très intéressant, (L’association Jeunesse Sans drogue offre aux parents mon livre « Jamais douces les drogues, un guide destiné à informer les adultes.). Certains témoignages ont résonné en moi. Je suis réconfortée car je ne suis plus toute seule dans cette galère. Quant à mon fils, il reste dans sa chambre et ne nous parle plus. Hier, il nous a volé de l’argent. J’ai préféré partir chez une amie pour le week-end afin de m’éloigner de sa violence.

Ce que je vis est très éprouvant pour moi et la culpabilité me ronge. Je suis dépassée et mon mari aussi.

Je vous remercie mille fois pour votre écoute et votre soutien. Je n’oublierai jamais votre dévouement et celui de votre équipe.

Je vous embrasse»

Ce matin, je reçois un coup de téléphone d’une maman désorientée qui me parle de son fils. Dylan s’est fait prendre au lycée en train de dealer. (Eh oui, Dylan deale !)

J’ai accepté de rencontrer le père et le fils qui a 16 ans.

Je me suis trouvée face à un jeune complètement déstabilisé et à un papa qui assume mais demande aussi à être entendu.

Il a décidé de prendre 3 jours de congé pour partir, seul avec son fils à la montagne dans les Alpes. Dylan n’aura, pendant ce voyage, ni son ordinateur, ni même son téléphone portable.

J’ai trouvé le projet excellent, mais le jeune pas ! Il a tenté de me mettre dans son camp en me faisant décrivant cet avenir proche comme l’enfer.

« Mais comment vais-je faire ? répétait-il ? Je sors du cannabis, (10 pétards par jour, quand même !), et on m’angoisse ainsi ! Bande de barbares ! »

Je ne crois pas que Dylan ait rompu avec le shit. Je crois qu’il a eu très peur, mais que son histoire de drogue n’est pas encore terminée.

Je le reverrai dans une semaine et je pense que je vais devoir l’accompagner encore longtemps.

Des histoires comme celles-là, j’en ai 10 par mois !

La drogue apporte honte culpabilité, violence et problèmes dans les familles.

Mais pendant ce temps là, certains, en France comme ailleurs, continuent à parler de dépénalisation ou (et) de légalisation de ces produits.

Et ils continueront à en parler, en croyant détenir la vérité.

Sauf, peut-être si un jour la drogue touche l’un de leurs enfants !

Ce jour là, ils changeront peut-être d’avis.
Comme moi !

Sophie Daout, le 19 octobre 2012


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Vol.12 - No. 223

La dépendance affective.

Généralement, lorsqu'on évoque les addictions, les termes de dépendance et de manque apparaissent rapidement. Et bien sûr, notamment quand on parle des drogues. Cependant on peut être parfois dépendant en dehors de tout produit. On peut être accro à quelque chose ou à quelqu'un. Nous avons tous besoin d'amour, d'en donner et d'en recevoir. Mais parfois cet amour devient souffrance. Si l'image de soi n'existe que par l'autre, si l'estime de soi dépend uniquement du jugement de l'autre, on entre dans une pathologie douloureuse de dépendance affective. Et cette dépendance n'est plus de l'amour.

« Un dépendant affectif est incapable de vivre sans l'autre, il ne peut ni quitter ni supporter d'être quitté, résume la psychothérapeute Sylvie Tenenbaum, auteur de « Vaincre la dépendance affective (Albin Michel) ». Il a une telle hantise de l'abandon, de la solitude qu'il préfère taire ses émotions et ses désirs que de prendre le risque de s'affirmer et d'engendrer un conflit. »

Ici aimer vient combler un vide, un manque. Soi-même, on n'est rien et l'autre n'est là que pour combler nos attentes et nos frustrations. Puisque, seul, on n'a pas de valeur, on attend tout de l'autre, et on vit par procuration pour avoir l'impression d'exister. Cette fracture du lien, touche plus les femmes que les hommes. Il faut parfois une thérapie lourde et longue pour en trouver les causes, le plus souvent dans une enfance blessée.

L'autre n'est pas aimé pour lui-même, il n'est là que pour combler un manque, il est « instrumentalisé ». Une telle relation n'est pas équilibrée, et quand l'autre se dérobe, c'est le drame car l'on se retrouve devant un vide sidéral et un horizon complètement bouché. Les dépendants affectifs sont des infirmes de l'amour, non seulement de l'amour conjugal, mais aussi dans l'amitié, de leurs enfants, de leurs collègues…

Dans un journal féminin, « Fémina », quatre d'entre eux ont accepté de témoigner :

Une toxico de la passion, Sophie, 42 ans :

« Séparée de mon mari après dix ans de vie commune, je me suis aussitôt inscrite sur un site de rencontres et j'ai basculé quasi immédiatement dans l'addiction. Tous ces hommes qui me «flashaient», cela flattait puissamment mon ego. Petite, j'étais adulée par mon père. Un jour, je devais avoir 10 ans, il s'est tourné vers moi et m'a confié : «Aucun homme ne t'aimera autant que moi.» Cette phrase a influencé ma vie affective. J'ai rencontré des dizaines d'hommes, je passais quatre heures par jour sur Internet, je négligeais mes enfants et mes amis. Lire, aller au cinéma… tout me paraissait fade. J'ai entamé une psychothérapie. Et j'ai fait la connaissance de Pierre au même moment ! »

L'avis de la psy :

" Sophie est dans un schéma de dépendance affective depuis toute petite. La responsabilité incombe à ce père qui ne lui a pas donné - inconsciemment - la permission d'aimer et d'être aimée par un autre que lui. Elle multiplie les partenaires qui ont pour seule fonction de lui faire éprouver l'illusion de l'amour : les sensations fortes de la passion. Mais la passion, c'est avant tout l'amour de soi. Cette jeune femme cherche à se valoriser à travers le regard des hommes. Elle ne cherche pas à rencontrer l'autre dans sa spécificité. Ce qui l'intéresse, c'est la conquête, surtout lorsqu'elle est ardue. Sa psychothérapie lui a permis apparemment de faire une vraie rencontre. Peut-être aurait-elle gagné à trouver le bonheur en elle-même avant de s'engager dans une nouvelle histoire. "


Se faire aimer à tout prix, même au travail, Géraldine, 32 ans :

«J'ai toujours été une élève modèle : discrète, consciencieuse. J'ai brillamment réussi mes études et j'ai intégré une grande entreprise comme chargée d'études. Là, j'ai commencé à perdre pied. Je souffrais des rapports professionnels froids, compétitifs. La seule avec qui j'ai réussi à nouer une vraie relation, c'était ma supérieure. Manque de chance, lorsque j'ai commencé à lui faire de l'ombre, bien malgré moi, elle m'a prise en grippe.

J'ai vécu deux ans de harcèlement et j'ai fini par démissionner. Traumatisée par cet échec, je me suis découragée et j'ai accepté un boulot dans une PME. Toujours prête à rendre service à mes collègues, à rester plus tard le soir… Je n'arrive pas à dire non ! J'ai compris ma bêtise le jour où mon «binôme» a été promu. Contrairement à moi, elle n'est pas du tout dans l'affectif. Moi, je suis «la brave fille». J'ai tout faux.»

L'avis de la psy :

«Géraldine se présente comme une perfectionniste, une bosseuse. Cette exigence envers elle-même résulte-t-elle d'une trop grande pression parentale ? Cherche-t-elle à se montrer à la hauteur de ses frères et sœurs ? L'a-t-on dénigrée, petite, ou au contraire survalorisée ?

Elle confond relation de travail et demande d'amour. Le piège s'est refermé sur elle lorsqu'elle est tombée sur une chef manipulatrice. Son amabilité et sa disponibilité la font passer pour «gentille». Mais son attitude n'est pas désintéressée. Car son projet est de se faire aimer, quitte à ne pas être respectée.»


Malheureuse, mais incapable de le quitter Claudine, 68 ans :

«J'ai rencontré mon mari à 18 ans. Je venais de laisser ma mère et ma Bretagne natale - mon père est mort quand j'avais 8 ans - pour un petit boulot à Paris. C'est là que j'ai croisé Jean-Marc. Il avait dix ans de plus que moi, était aussi autoritaire que j'étais effacée. A l'époque, j'avais plutôt des velléités d'indépendance, mais il m'a mis le grappin dessus et je n'ai pas osé résister à ses avances.

J'étais plutôt flattée qu'un bel homme comme lui pose les yeux sur moi… Orphelin, il voulait construire une famille. Il a très vite fait le vide autour de nous, m'interdisant même de voir ma mère et mes sœurs. Il m'a empêchée de travailler. Toutes les décisions importantes (achat de la maison, scolarité des enfants…), c'était lui qui les prenait. Je me suis toujours écrasée, j'avais peur de lui, de ses réactions. Pourtant, il ne s'est jamais montré violent avec moi…

Aujourd'hui, je mène une petite vie tranquille, mon bonheur, ce sont mes enfants et mes petits-enfants. Mais je m'en veux d'avoir démissionné. C'est terrible, je crois que j'ai gâché ma vie à cause d'un homme que je n'ai jamais aimé.»

L'avis de la psy :

«Claudine n'a sans doute jamais eu voix au chapitre pour exprimer ses besoins et ses souhaits. Son histoire et le refoulement de ses désirs l'ont amenée tout droit dans la gueule du loup ! Elle était en effet «prédisposée» à rencontrer cet homme plus âgé, autoritaire, qui s'est substitué au père qu'elle n'a pas eu… dans la version père Fouettard.

Son mari s'est arrangé pour la persuader qu'elle n'était bonne à rien, et donc qu'elle avait besoin de lui. Il est lui aussi dépendant affectif : il a besoin qu'elle ait besoin de lui. Tous deux fonctionnent dans un système de co- dépendance, lui en bourreau, elle en victime, préférant maintenir une relation destructrice que d'affronter la solitude.

Inconsciemment, ses enfants et petits-enfants doivent sentir qu'ils sont nécessaires à son bonheur. En réalité, Claudine est toujours une enfant qui n'a pas pris sa vie en main et attend que les autres fassent son bonheur.»

Jamais sans mes amis, Johan, 45 ans :

«Mes parents m'ont mis en pension à 6 ans. Mon père, un dandy parisien, pensait que ma mère, artiste, était incapable de gérer une famille nombreuse. Cela l'arrangeait, ils étaient libres. Je me suis senti abandonné. A l'adolescence, j'ai commencé à apprécier la vie en groupe. J'ai trouvé chez mes copains une seconde famille.

Je suis devenu un publicitaire reconnu. Je sors tous les soirs, cela m'a coûté deux mariages et d'incessantes disputes avec ma fille qui vit la moitié du temps chez moi… Mais c'est plus fort que moi. Dans les dîners, je brille, je me sens exister. Les filles que je rencontre me reprochent ma légèreté, mon côté influençable, de ne jamais exprimer mon avis ou mes vrais sentiments.»

L'avis de la psy :

«Johan souffre d'une grande carence affective. Il s'est senti «abandonné» par son père et sa mère quand il était petit, des parents égocentriques qui n'ont pas su lui donner l'amour suffisant pour s'autonomiser. Le processus de séparation-individuation ne s'est pas effectué correctement, en douceur et dans la sécurité.

Pour se rassurer sur sa valeur, cet homme est obligé de se noyer dans les autres. Il n'a pas pu développer sa vraie personnalité et s'est construit, par compensation, un «faux self», une image sociale entraînant des relations superficielles. Les «grands» dépendants affectifs sont aussi souvent de véritables dons Juans. Johan cherche désespérément sa maman dans chaque femme qu'il rencontre.»

Sophie Daout, 9 novembre 2012


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Vol.12 - No. 224

Les parents face à la drogue


C'est souvent dans notre forum que je recherche l'inspiration pour ma chronique hebdomadaire.
Cette semaine encore, elle est toute prête.
Je n'ai qu'à recopier le post de Viviane, notre webmaster, et l'une de nos mamans qui s'y exprime souvent. Il concerne des paroles de parents, d'une ancienne toxicomane, et d'une psychologue. :

Marguerite 75 ans, bordelaise

« J'ai soutenu à bout de bras, pendant quinze ans, mon fils toxicomane, dernier de mes six enfants. Seule, car son père ne voulait pas entendre parler de cet enfant qui lui faisait honte. Depuis qu'à 18 ans, il a sombré dans l'héroïne, j'ai tout assumé : le scandale dans le voisinage, son délabrement intellectuel et social, les consultations avec tous les spécialistes possibles, les fugues des centres d'hospitalisation… Je vivais dans la crainte du sida, de l'overdose, du suicide, de la prison. J'étais disponible pour lui vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Je dormais avec le téléphone posé à côté de mon oreiller.
Il m'est arrivé de partir seule, en pleine nuit, pour l'aider à sortir la voiture du fossé. Je n'ai jamais baissé les bras. Je me disais : «Je ne peux pas l'abandonner. Tant que je suis là, il s'en sortira.» Il a fini par décider lui-même d'arrêter, il y a dix ans. Et il a trouvé la structure de soins pour l'y aider. »

Christine, Montpellier

« Quand j'ai découvert que mon fils de 19 ans se droguait, le ciel m'est tombé sur la tête ! J'ai rapproché un faisceau de petits faits : l'argent qui disparaissait de la caisse du magasin, les mensonges répétés, les sautes d'humeur (1). Pour qu'il arrête, je l'ai accompagné partout : à l'hôpital psychiatrique, où je suis restée à ses côtés pour l'empêcher de s'enfuir, puis dans divers centres, jusqu'à ce qu'un médecin établisse avec lui une relation de confiance et l'aide à décrocher avec des produits de substitution. Ce cauchemar a duré trois ans.
Je n'ai pas essayé de comprendre, je me suis dit : « Il est dans une sale situation, il faut que je l'aide à en sortir.» Je l'ai aimé plus que tout, comme un enfant malade. »

Parole d'anciens toxicomanes
Marc 42 ans, et Marie anciens toxicomanes

Marc « Il faut parfois toucher le fond pour réagir. Même si le soutien des parents est important, ce sont les aides extérieures, affectivement neutres, qui ont le plus de force. »
Marie « Un jour, ma mère m'a dit : «Continue à te droguer si tu veux, mais pas chez moi !» Elle a bien fait car, malgré leur amour, les parents ne sont pas les mieux placés pour aider leur enfant toxicomane, qui les manipule et sème la pagaille dans la famille. Il vaut mieux mettre un peu de distance psychologique et matérielle, et confier le jeune à un foyer ou à une association. Moi, c'est grâce aux Narcotiques anonymes que j'ai réussi à arrêter. »

Avis d'experts
Evelyne Richardot, Psychologue au centre Didro (Documentation info drogue) où elle a animé pendant 14 ans, des groupes de guidance thérapeutique parentale.

« L'amour est indispensable mais il doit être canalisé, aimer ne veut pas dire tout accepter. C'est la fermeté qui paie. Les parents doivent refuser de faciliter la toxicomanie de leur enfant : s'ils interviennent pour payer ses dettes ou lui éviter des ennuis, pourquoi s'arrêterait-il ?
Il y a des règles de conduite essentielles à respecter. On peut fournir le gîte et le couvert si l'enfant est en souffrance, mais pas à n'importe quelles conditions : les actes de violence, les vols, l'intimidation ou le prosélytisme envers les frères et sœurs ne doivent pas être tolérés, sous peine de mettre en péril la vie de toute la famille.
Il faut être très vigilant, sachant que tout peut être détourné par le jeune pour se procurer de la drogue : il vaut mieux lui remettre un sandwich ou un coupon de carte orange plutôt que de l'argent pour en acheter. Il faut lui donner un minimum d'argent de poche, mettre à l'abri les objets de valeur, ne pas prêter sa voiture, ne pas laisser l'appartement au jeune seul si on s'absente… On doit toujours se demander : «Est-ce que j'ai envie qu'il continue de se droguer grâce à moi ?» "

« Je vois arriver des parents découragés, qui ont frappé à de nombreuses portes pour s'entendre dire : «Vous ne pouvez rien faire. Si votre fils se drogue, c'est à lui de faire la démarche pour s'en sortir.»
Pourtant, s'ils sont guidés, les parents peuvent aider leur enfant. Si ce dernier sent une mobilisation autour de lui, il saura qu'il n'est pas rejeté. L'entourage doit tout mettre en œuvre pour le pousser vers le désir de s'en sortir, puis le soutenir dans sa démarche de soins.
Il y a une guerre à mener contre la maladie. Plus on est d'alliés, plus on a de chance de la gagner».

Nous pouvons vous soutenir et vous aider....
Mais vous seul pouvez décider de ne plus consommer!

Sophie Daout, 16 novembre 2012


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Vol.12 - No. 225

Etre un bon parent


Dans mes réunions avec les parents, je raconte mon histoire et celle de Lionel, mon enfant toxicomane. Je dis que je n'ai rien vu des premiers joints, que je n'ai rien vu ou rien voulu voir. Pourquoi ?

Parce que cette horreur me paraissait inimaginable pour nous, pour mon fils. Pour lui, je ne voulais que le meilleur. Et puis, j'imaginais que les problèmes survenaient surtout dans les familles dysfonctionnelles. Chez nous, on s'aimait beaucoup, on n'avait pas de difficultés financières, on vivait dans un cadre agréable, on communiquait beaucoup…Chez nous, on était à l'abri !
Et pourtant c'est chez nous que tout est arrivé, pas chez le voisin, chez nous !
Alors, peut-être n'ai-je pas été une aussi bonne mère que je le croyais.
J'ai sans doute loupé quelque chose !

Et vient la foule des questions qui sans fin tournent dans la tête :

Où ? Quand ? En quoi ? Pourquoi ?

Et les doutes qui s'entassent :
Ai-je bien agi en faisant ceci ? N'aurais-je pas dû faire cela ?

Et que s'installe un sentiment de culpabilité, et la honte aussi.

Je sais, j'ai connu tout cela avant que je puisse l'exprimer dans mon premier livre « Lâche ta drogue…et tiens bon ! »
Au bout de mon long travail d'introspection, je sais aujourd'hui que j'ai été une maman super souvent et parfois une mère pas terrible, quand j'étais fatiguée, quand j'ai été un peu égoïste, quand… Comme tous les parents.

Sauf famille pathologique, nous faisons tous ce que nous pouvons, et nous avons parfois besoin de conseils dans la tourmente. Mais les donneurs de leçons, ceux qui viennent après la bataille pour nous abreuver de leur savoir sont à côté de la plaque.
Ils n'en savent pas plus que les autres, ils ne comprennent rien…sauf si un jour ils se débattent dans les mêmes difficultés que nous. Alors ils pourront dire « Si j'avais su ! »
Dans un supplément au journal « L'Express », Michel Lejoyeux, psychothérapeute, s'exprime à ce sujet dans un article intitulé :

« Être parent, c'est aussi avoir droit à l'erreur : stop à la surenchère de conseils »

Je vous le livre :
«LE PLUS. Éduquer un enfant n'est pas toujours une chose aisée. Et être un «bon» parent apparaît souvent comme une tâche ardue, qui peut nécessiter les conseils de professionnels. Mais pour Michel Lejoyeux, psychothérapeute, il serait bon de ne pas dépasser les limites et de laisser aux parents une certaine marge de manœuvre».

Un rapport vient d'être remis à la Ministre déléguée à la famille, Dominique Bertinotti. Il recense les expériences internationales qui aident les parents à être parents. Je regarde ce texte avec ses conseils et ses conclusions, sans encore bien savoir s'il s'inspire plutôt de Françoise Dolto ou de Georges Orwell.

Commençons par le positif. Nous savons l'importance du lien qui s'instaure dès le plus jeune âge entre l'enfant et ses parents ou ses figures d'attachement. Si le lien est solide, rassurant sans être étouffant, l'enfant grandira - sauf accident - avec plus de tranquillité. Il pourra s'autonomiser sans grandes crises, et trouver son identité sans rester figé dans une dépendance ou une opposition systématique à ses parents. Si le lien initial n'est pas aussi solide que cela, la suite se complique.

Le métier de parent, surtout d'un jeune enfant, apparaît dès lors comme l'un des plus difficiles et dangereux. Et à temps plein en plus, sans RTT ni retraite ! Pourquoi donc ne pas apprendre aux parents à élever leurs enfants comme on leur a appris à lire, à écrire ou à conduire une voiture ?
Pourquoi croire que les compétences relationnelles sont seulement innées et ne peuvent progresser ?
Dans le champ de l'addictologie, cette intervention précoce est particulièrement utile. Elle montre aux parents comment parler des différentes substances psycho-actives.

Elle souligne aussi que les enfants repèrent plus ce que font les parents que ce qu'ils disent. Il n'est pas crédible de tenir de grands discours de sobriété un verre ou une cigarette à la main. Parler des dangers de l'alcool, du tabac ou des autres substances s'apprend pour y arriver sans menacer ni prêcher l'abstinence absolue.

J'apprécie dans ce registre le conseil de d'Albert Memmi disant que l'on a besoin d'ordre pour vivre et de moments de désordre pour survivre. Au-delà de ces principes généraux, je suis souvent en difficulté quand des parents me demandent ce qu'ils doivent faire ou ne pas faire pour protéger leur enfant de la dépendance. J'essaie surtout de les convaincre du fait qu'il n'est pas utile qu'ils consultent à la place de leur fils ou de leur fille s'il ne veut pas venir lui-même. Les consultations des parents «par procuration» n'ont que peu d'effets sur leurs enfants.

Le Centre d'Analyse stratégique, auteur du rapport, n'évoque pas spécifiquement les addictions mais il montre comment les parents peuvent être accompagnés, soutenus, informés et presque formés.

Il offre des «boîtes à outils» et des interventions généralistes ou spécialisées. Voilà donc un rapport nourri de nombreuses expérimentations et pavé de bonnes intentions.

Mais comme tout ce qui s'invite dans notre sphère privée, cette proposition d'aide des parents à être parents ne manque pas non plus d'inquiéter. Sera-t-il un jour interdit de commettre des erreurs avec ses enfants, en leur parlant, en essayant de leur transmettre des valeurs ou des doutes ?
Devrons-nous un jour appliquer un code de bonne conduite psychologique supervisé par des experts en parentalité ?
Quelles seront les sanctions en cas de manquement ?
Je vous laisse les imaginer.

Faudra-t-il soigner les mauvais parents dans des consultations spécialisées ?
Les plus graves seront-ils rééduqués ?
Recevront-ils des médicaments ou des thérapies spécifiques ?
Attention à ce que derrière l'application des leçons de Françoise Dolto ne se prépare pas le «Meilleur des Mondes» de Aldous Huxley.

Sophie Daout, 30 novembre 2012


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