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Les archives de Sophie Daout

Vol.4 No. 61
Le cannabis et les jeunes, la télé et moi !

Il m’a été demandé cette semaine de participer à une émission de télé sur le thème suivant : « Le cannabis et les jeunes ». Le thème est récurrent en ce moment car on commence à se rendre compte des méfaits de cette drogue soi-disant « douce », surtout au niveau des jeunes. L’émission a lieu le soir, elle est polémique, les adeptes du shit opposant leurs arguments aux détracteurs de cette drogue. J’avais accepté d’y assister en posant mes conditions, à savoir que je témoignerais mais ne participerais au débat que ponctuellement, et à ma demande sur certains points. Nous étions d’accord, les organisateurs et moi. Mais au dernier moment, les conditions ont changé et il m’a été demandé d’être présente sur le plateau et dans la discussion. J’ai hésité (un tout petit peu), et j’ai finalement refusé. D’abord parce que j’étais, je suis encore aujourd’hui grippée, c’est vrai, je ne me suis pas inventé une excuse, mais peut-être ai-je somatisé, qui sait ?

Cependant, j’ai regardé l’émission hier au soir du fond de mon lit.

L’entrée en matière était un petit reportage fort bien fait posant bien le problème. La consommation de shit est en progression chez les jeunes, l’âge de la première expérimentation du produit s’abaisse et cela devient inquiétant. L’interview d’un professeur, exerçant dans une clinique parisienne recoupait corroborait les conclusions du reportage.

Et puis, la discussion !
Autour de la table il y avait une scientifique, psychologue, épidémiologiste, biostatisticienne, directrice de recherche à l'unité de santé des adolescents de l'INSERM, (l'Institut national de la santé et de la recherche médicale), le Président d’une fédération d’associations d’aide aux toxicomanes et à leurs familles, deux comédiennes venues là pour parler de leurs prochain film, un chanteur de rock venu présenter un livre, et le représentant du CIRC, (le Collectif d’Information et de Recherche Cannabique). Je connaissais ce dernier personnage pour l’avoir rencontré lors d’une précédente émission de télévision au cours de laquelle nos points de vue s’étaient opposés, naturellement.

Le débat a commencé assez correctement par la prise de parole de la scientifique. Ensuite, il s’est rapidement passionné, le représentant du CIRC avançant les poncifs habituels. Le shit n’est dangereux pour que pour les plus fragiles qui représentent seulement 3à 5% des individus. J’ai déjà entendu cet argument et j’avais à l’époque répondu que, quels que soient les chiffres donnés par la statistique, quand c’est sur l’un des vôtres que cela tombe, pour vous c’est à 100% ! Il a dit aussi qu’il fallait savoir « gérer » sa consommation, et en faire un usage récréatif ! « Et pourquoi demandait-il, oui pourquoi me parlez-vous du cannabis des jeunes et non de celui des adultes ? » De mon lit, je lui hurlais : « Mais c’est parce que c’est le thème de l’émission, mon bonhomme ! ».

Le représentant des familles a apporté son expérience de terrain et il lui a été demandé s’il avait déjà fumé un joint. Non ? Alors de quoi se mêlait-il ? Il ne savait pas de quoi il parlait ! Ce à quoi il a répondu comme je le fais souvent, qu’un médecin n’a pas besoin d’avoir eu un cancer pour soigner ses patients ou bien qu’un docteur homme peut accoucher une femme enceinte même s’il est sûr de ne jamais faire une grossesse.
Et puis sont venus les coups bas, du style : « Vous fumez ? » Non ! Pas d’alcool, non plus ? Non. Avec pour terminer la très fine plaisanterie :
« Et tu es puceau ? ».
On a opposé l’exemple de la Hollande (les pro cannabis) à celui de la Suède, (les anti cannabis). Le rocker a pris la parole, alors qu’il était là pour parler de son livre, et le débat s’est englué. Les deux comédiennes étaient aussi des mamans, elles ont avoué avoir peur pour leurs enfants. Beaucoup de choses intéressantes ont été dites, des informations utiles ont été données, tout cela noyé sous un flot d’applaudissements ou de huées de la part du public.

Je ne crois pas que ce genre d’émission fasse avancer le débat, et c’est dommage. Chacun campe sur ses positions et personne n’écoute les arguments des autres.

J’ai bien fait de ne pas m’y rendre, et je crois que désormais je n’accepterai plus jamais.  Je me déplace quand je pense être utile et pas pour voir ma tête à la télé, ou pour faire du sensationnel. Je suis fragile, je viens de perdre un enfant à cause de la drogue, et pour lui, comme pour tant d’autres, le shit a été la drogue d’initiation. J’entends tous les jours des histoires de familles démolies par la consommation d’un enfant et le récit des dégâts causés par le cannabis. Je suis porteuse de cette parole.

Pour convaincre ceux qui seraient tentés de ne pas me croire, il leur suffit de se rendre dans notre forum et d’y lire les témoignages des parents en souffrance, souvent les mamans, Viviane, Carole, Maguy, Christine, Chakra…etc.,  ou des jeunes qui ont cessé leur consommation comme Tifenn, ou encore Nicolas dont le pseudo est « Sweetdarksoul », ou encore notre gentil Québécois, « Moodmind ».

Eux, savent, et nous aussi. Moi, c’est un risque que je conseille aux jeunes de ne pas prendre. Ce que font les adultes ne me concerne pas !
 
 


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Sophie Daout, le 14 mars 2008
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Vol.4 No. 62
Les femmes politiques préférées des Français

Le magazine français « Fémina », a voulu savoir cette semaine le nom des femmes politiques préférées des Français.
La première question posée était :
 « Dans la liste suivante, quelle est la femme française qui illustre le mieux l’image ou l’idée que vous vous faites d’une femme politique ? »
 On aurait pu s’attendre à trouver en tête des réponses, une femme aux commandes qui fait la une des médias et les couvertures des journaux, qui s’agite, décide et fait l’actualité. Eh bien, pas du tout, puisqu’en première place arrive Simone Veil, qui est actuellement non élue et non candidate à une prochaine élection. Elle est suivie par des personnalités fort différentes, mais qui comptent pour les Français. Plusieurs générations sont représentées dans les choix de nos compatriotes, ainsi que les différents partis présents au Parlement. C’est un sondage plein de bonnes surprises.
Simone Veil est une femme d’honneur et de parole. Une femme d’exception. Rescapée de l’horreur des camps de concentration nazis en 1945, elle cumule les titres: ex membre du gouvernement Chirac, ex Présidente du Parlement Européen, ex Sage au sein du Conseil Constitutionnel. Elle fait partie du paysage politique des Français depuis plus de quarante ans et en particulier elle s’est illustrée en janvier 1975, en se battant pour faire passer la loi pour la légalisation de l’avortement, alors que les députés l’outrageaient, la menaçaient et l’insultaient. 22% des sondés l’ont choisie.

C’est Ségolène Royal qui occupe la seconde place avec 18% des voix. La candidate socialiste battue par Nicolas Sarkozy aux élections présidentielles se situe devant plusieurs femmes ministres du gouvernement actuel. Malgré sa défaite du 6 mai, malgré les critiques de ses collègues hommes au sein même de son propre parti, elle incarne un espoir d’avenir.

Aux places suivantes, on trouve Michelle Alliot- Marie, depuis longtemps en politique et Rachida Dati, nouvelle venue, mais toutes deux ministres en place. Mais à la cinquième place, faisant jeu, on trouve ensuite sans surprise certaines figures bien connues du monde politique, Martine Aubry, « la dame des 35 heures » et Elisabeth Guigou, mais on ne s’attendait pas à voir Rama Yade. Totalement inconnue du public en 2007, elle est aujourd’hui la belle Secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères et aux Droits de l’Homme.

La seconde question posée était celle-ci :
 « Si Nicolas Sarkozy choisissait une femme Premier Ministre, laquelle pensez-vous qu’il choisirait ? »

En première place, c’est encore Rachida Dati qui apparaît. Toujours très glamour, elle s’affiche en robe du soir à paillettes,  au dîner organisé à la mi-septembre pour les 60 ans de la luxueuse maison de couture Dior. Elle pose en bottes à talon aiguilles et bas résille pour une séance de photos dans Paris-Match. Madame le Garde des Sceaux est ministre et people !
Curieusement, Rachida Dati n’avait encore jamais été élue. Elle a mené son premier combat électoral en proposant sa candidature aux élections municipales dans le 7ème arrondissement de Paris. Plus curieusement encore, elle doit son succès dans le sondage aux sympathisants de gauche, alors qu’elle symbolise « le nouveau visage de la France » . Dans l’électorat de droite, elle est aussi la favorite, mais elle est talonnée de près par Michèle Alliot-Marie, qui elle, est choisie massivement par sa famille politique de droite.

Toutes ces femmes sont belles, bien dans leur temps.

Représenteront-elles demain le changement et nouveau paysage politique français ?

C’est ce que semble indiquer ce sondage !
 
 

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Sophie Daout, le 28 mars 2008
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Vol.4 No. 63
Ados et alcool

J’habite sur la Côte d’Azur, et l’un des hôpitaux de Nice signalait en 2007 l’admission pour coma éthylique, de vingt-sept ados âgés de 11 à 15 ans contre quarante pour l’ensemble des trois années précédentes. Un autre hôpital de la même ville en a accueilli trois pour le même problème, plus d’une cinquantaine de 12 à 17 ans« en état d’intoxication éthylique. A Antibes, une autre ville de la côte, quarante jeunes de 15 à 18 ans ont été hospitalisés en 2007 pour une intoxication éthylique aiguë.

«  C’est un vrai problème déclare un médecin, responsable des urgences pédiatriques au CHU. Interrogés plus tard sur leurs motivations, ces jeunes, qui n’avaient pas de problèmes familiaux ni psychologiques particuliers, ont expliqué avoir recherché l’ivresse en buvant de très grandes quantités d’alcool fort en très peu de temps.

Ainsi témoigne un jeune qui a aujourd’hui 22 ans :
« C’était à l’occasion d’un réveillon, j’avais quinze ans et demi, et c’était la première fois que je buvais de l’alcool. Avec un autre copain, on voulait savoir ce qu’était l’ivresse. On a commencé à boire assez tôt, vers 18 ou 19 heures, uniquement des alcools forts, la tequila, le whisky etc. Avec ce copain, on a passé un deal : à chaque fois que quelqu’un arrivait, on buvait un verre d’un seul trait. En deux heures ces deux copains avaient bu environ un litre d’alcool fort, et le jeune qui raconte a fait un coma éthylique.

« Après, je ne me souviens plus de rien, sinon de m’être réveillé à l’hôpital avec des tuyaux partout. Je me suis demandé ce qui m’était arrivé. Le matin, un médecin est venu me voir, et comme ça allait bien, je suis sorti dans la journée.

 Pendant  un certain temps, il n’a plus bu une seule goutte d’alcool fort, ni même d’alcool du tout. « Ca m’a dégoûté pendant longtemps. J’ai commencé à boire de la bière plus tard dans les soirées avec les copains, mais il m’arrive aussi d’en boire tout seul.

Aujourd’hui, à 22 ans, est considéré comme un buveur excessif.

Tous les jeunes hospitalisés après un coma  racontent la même histoire. Ils tentent souvent l’expérience en petits groupes et en profitant des inter cours.  Ils arrivent le matin avec plusieurs bouteilles prises chez les parents, ils boivent un premier verre et se rendent compte qu’il ne se passe rien. Ils en prennent un deuxième et il ne se passe rien non plus. Alors, en l’espace de quelques minutes, ils boivent trois ou quatre verres. Et quand l’alcool arrive dans le sang, ils tombent.

Le docteur Haas, responsable des urgences pédiatriques dans un hôpital de Nice, s’exprime ainsi :
« On peut tomber n’importe où, et le danger du coma éthylique, c’est qu’il entraîne une hypothermie et une hypoglycémie pouvant provoquer des séquelles neurologiques sévères.. Mais les ados n’en ont pas conscience.

Pour un très jeune adolescent, le seuil de 3 grammes d’alcool peut être fatal.

Par ailleurs, les études et les chiffres prouvent que plus de 50% des jeunes ayant connu une première ivresse   entre 11 et 15 ans tombent dans l’alcoolisme à l’âge de 20 ans.

A 12 ans, plus d’un ado sur deux n’a pas encore touché à l’alcool, mais à 19 ans, il n’y a plus qu’un seul jeune sur vingt. Or, d’après les statistiques, pour ceux qui ont commencé à boire à 11-12 ans, 13% d’entre eux sont à 20 ans des consommateurs abusifs et 16% des consommateurs dépendants. Alors que pour ceux qui commencent à l’âge de 19 ans, la proportion tombe à 2% de consommateurs abusifs et à 1% de consommateurs dépendants.

Ainsi donc, à vingt ans, certains jeunes ont déjà une histoire avec l’alcool, une histoire qui a des chances de mal finir. Une cirrhose survient après vingt-cinq ans d’une consommation d’alcool importante et régulière. Autrement dit, pour les jeunes qui commencent à 12 ans, ils auront une cirrhose avant quarante ans !

A la vôtre !
Nous observons la même chose avec la banalisation du cannabis. Des cancers du fumeur qui se développaient après cinquante ans chez les gros fumeurs de ma génération, apparaissent aujourd’hui chez des personnes de trente-cinq ou quarante ans, tout consommateurs de hash.

Il faut savoir cela, avoir ces statistiques en tête quand on fait de la prévention !
Je ne les oublie jamais !
 
 
 
 

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Sophie Daout, le 4 avril 2008
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Vol.4 No. 64
La teuf et les teufeurs !

Je me suis penchée aujourd’hui sur un livre écrit par  Monique Dagnaud  qui vient de publier « La teuf, essai sur le désordre des générations », aux éditions du Seuil.

Le seul projet d'avenir d’un bachelier interrogé, c’est «s 'amuser jusqu'à la fin de sa vie. » « La journée, il n'y a rien », s'exclame Arnaud, tandis qu’un autre étudiant parisien filme ses soirées pour les visionner entre amis. A travers ces propos et ces pratiques se dessine une nouvelle définition de la fête, non plus un exutoire soigneusement délimité pour supporter le quotidien, mais une fin en soi, unique raison de vivre de ses adeptes. L’auteur  a interviewé 100 « teufeurs » accros à ces soirées où l'on se « défonce » jusqu'au petit matin. Ils sont issus plutôt des classes moyennes et leurs frasques passent inaperçues. Ils s'entendent bien avec leurs parents, souvent divorcés mais « cool », qui les laissent sortir sans poser de questions.

Cela tombe bien, les teufeurs ne veulent pas se faire remarquer. Même la drague ne les intéresse pas. Bien élevés, ils débitent le discours qu'on attend d'eux : il faut « boire ou conduire »,  « gérer » sa consommation de psychotropes, ne pas prendre d'héroïne. Mais dans les faits ils prennent le volant après avoir descendu l'équivalent d'un litre de vodka. Ils sont un symptôme du malaise de cette génération née après 1981. Apolitiques, déprimés, régressifs, les teufeurs s’éclatent…faute de grandir.

Voici quelques réponses aux questions posées par un journaliste sociologue, Sophie Carquain, à l’auteur dans le journal « Le Figaro Madame » paru le 08.02.2008, sur un autre aspect de la teuf.

Pourquoi en ont-ils besoin à ce point ? Est-ce un exutoire, une manière de se défouler ?

- Oui, la pression scolaire est devenue très éprouvante pour les jeunes. Dans notre société, ils jouent leur va-tout pendant leurs vingt premières années. La concurrence est devenue féroce : il leur faut être dans les meilleures écoles, les meilleures filières… Un seul redoublement les exclut d’emblée des classes préparatoires. En Allemagne ou aux États-Unis, on vous juge beaucoup plus sur votre vie professionnelle.

La France, qui mise d’abord sur les performances scolaires, se rapproche de plus en plus du Japon. Cela explique cette exacerbation des conduites festives. Ils viennent trouver là une juste compensation d’un quotidien devenu souvent irrespirable. La teuf est le lieu d’un retour du refoulé, une pulsion dionysiaque, et c’est la raison pour laquelle elle ne doit pas être trop organisée à l’avance. Il ne s’agit pas de remplacer une contrainte par une autre ! J’ai constaté d’ailleurs, au fil de mon enquête, que les excellents élèves sont souvent aussi d’excellents teufeurs ! Comme s’ils cherchaient à se libérer de l’excès des contraintes et des devoirs…

Vous l’analysez dans votre livre : les teufeurs sont la génération d’enfants du désir, ceux à qui les parents ne refusent rien…

- Ils sont le résultat d’une projection narcissique intense. Les parents ont beaucoup de difficultés à s’opposer à eux, d’autant plus que ce qui compte ce sont les résultats scolaires. Ils ont tendance à penser : « Oh, il a bien le droit de se lâcher… Il travaille tellement. » Et l’ado en profite, naturellement.
Ces adolescents souffrent en fait d’une injonction contradictoire : on leur demande d’être les meilleurs… tout en restant eux-mêmes. « Sois libre, mon chéri… mais rapporte tout de même 18 sur 20 en maths ! » : tel est le credo des parents aujourd’hui. Les adultes veulent les voir réussir… tout en les libérant de la contrainte des modèles antérieurs. On est dans un culte de l’« invention de soi », comme l’écrivait Jean-Claude Kaufmann, même pour les jeunes !

Vous soulignez le contraste entre l’excès de la fête et la fadeur de leur quotidien. Ils sont gentils, aiment leur famille. Zéro conflit à l’horizon ?

- Si vous vivez dans une famille non conflictuelle, il vous faut tout de même vous différencier. La teuf en est l’occasion. Surtout qu’elle ne ressemble à rien de connu par les parents. On est dans la « rupture transgénérationnelle ». Si les ados sont très mutiques et réservés sur leurs soirées, c’est leur manière de se construire loin de ces adultes qui sont aujourd’hui trop proches d’eux.

L’allié des teufs, c’est aussi l’alcool , le cannabis chez les plus grands… Et là, vous lancez un signal d’alarme.

- Au fil de mon travail sur le terrain, je ne m’attendais pas à de tels chiffres. Un grand adolescent (âgé de 18 ans et plus) boit en moyenne huit verres d’alcool dans une teuf. Ce qui signifie qu’un certain nombre en boivent plus. Concernant les plus jeunes, on a vu arriver les « mix », des boissons mêlant jus de fruits et alcool fort (12 °, voire 18 °) : un vrai « piège à ados ». L’alcool est devenu tendance.

Les teufs auraient évolué, d’après vous, depuis Internet.
En quoi le virtuel a-t-il exacerbé le sens de la fête ?

- Les flux médiatiques, la culture des images stimulent l’aptitude à vivre ici et ailleurs, à se fabriquer de fausses biographies. Or, la teuf est également une façon de dépasser les limites de sa propre identité. Les ados peuvent y adopter des rôles de composition, comme s’ils jouaient avec un avatar d’eux-mêmes… Cette culture du simulacre (entre la vraie et la fausse identité) est renforcée encore par les émissions de télévision qu’ils regardent. Ils adorent ces jeux de rôle… tout en s’en moquant !

Les parents, écrivez-vous, ferment souvent les yeux sur ce qui se passe.
Ce que vous nommez l’« esquive parentale ».
Est-ce par laxisme ?

- Non, c’est le résultat d’une négociation tacite entre parents et enfants : les parents sont contents si leurs enfants apaisent leurs angoisses, et les enfants savent qu’ils pourront obtenir plus de liberté… s’ils travaillent mieux en classe. C’est donnant donnant. Heureusement, pour la plupart des jeunes, la teuf reste un simple dérivatif, sans mise en danger de soi. Reste à ne pas franchir un cap. Priment toujours la gaieté, le culte des copains, le « culte de la vanne » ! Et ça, c’est plutôt positif.

 «  Ils en parlent pendant des heures sur leur portable ou via Internet… Pour les ados, la “teuf” a détrôné la “boum”. Elle est l’objet de toutes les négociations et d’enjeux qui nous laissent perplexes.

Aujourd’hui, la première boum a lieu souvent en CM1-CM2.
Les « teufeurs » sont, eux, de plus en plus jeunes !

 Cela correspond à un rajeunissement, bien repéré aujourd’hui, de toutes les conduites adolescentes. Il y a un basculement des âges. On devient ado plus tôt, et l’âge des premières « teufs » en fait partie, tout comme l’anorexie ou les conduites à risques. Il y a donc fatalement un crescendo. Si l’on autorise un pré ado de 11 ans à rentrer à minuit, on s’achemine vers des teufs beaucoup plus extrêmes dès l’âge de 15-16 ans… « Boum » est d’ailleurs un terme réservé aux petits – on ne l’emploie plus dès l’âge de 12-13 ans ! Après, ce sont les « fêtes », puis les « teufs ».

Fêtes ou « teufs » ont-elles toujours lieu chez les parents ?

- Oui, c’est ce que les adolescents appellent un « squat ». Ils disent « On fait un squat chez Untel », ce qui signifie que l’on se regroupe dans son appartement, vide la plupart du temps. À partir de 12-13 ans, il est de bon ton que les parents s’en aillent – au moins pendant quelques heures -, même s’ils sont présents au début et à la fin de la soirée. Vers 16 ans, les premières grandes teufs ont lieu souvent le week-end chez les parents qui ont déserté leur appartement pour la campagne, à l’âge où l’ado rechigne à l’idée de suivre sa famille. Il profite alors de l’occasion, autorisé ou non à le faire, pour inviter ses copains.

Le principe est de bouger, de multiplier les lieux d’élection. Leurs soirées sont le résultat d’une fine dialectique entre l’organisation et l’improvisation. Tout commence par le contact par portable – outil indispensable des teufeurs – de leur réseau de copains. Un rendez-vous est donné chez l’un ou l’autre, et puis… place à la créativité. Quel que soit le lieu des réjouissances, le but est le « grand délire entre copains ». C’est l’expression qui revient le plus. Il faut être dans l’excès, « se faire péter les neurones ».

Ces « délires entre copains » ont donc remplacé la drague de jadis ?
Les séquences slow se sont réduites comme une peau de chagrin…

- Oui, une chose est sûre : la boum, la fête ou la teuf servent beaucoup moins aujourd’hui qu’hier à flirter ou à draguer. Et on se rencontre ailleurs, à commencer par Internet ! Les slows, comme Hôtel California, sur lequel les parents dansaient, ont quasiment disparu de la circulation. Aujourd’hui, les jeunes dansent presque exclusivement en solo, mais regroupés en petits cercles. Ce qui traduit parfaitement la situation des individus : des électrons libres se retrouvant en tribus ! Ils peuvent alors se mettre à délirer, à improviser un karaoké. On est dans la culture de l’excès, dans l’explosion des sens, dans le « no limit ».

La palme revient aux plus imaginatifs.

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Sophie Daout, le 11 avril 2008
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Vol.4 No. 65
Violences scolaires

Sous ce titre, mon journal quotidien, le Var Matin,  en ajoute un autre:

«Une nouvelle génération de collégiens».
Voici quelques extraits de cet article :
«Tensions, agressions verbales, crêpages de chignons, bagarres…
Si les violences physiques restent rares dans l’enceinte même des établissements scolaires, elles explosent de plus en plus souvent à la sortie.
Entre élèves du même établissement ou entre jeunes d’horizons différents. Aux abords d’un  collège du secteur, deux adolescentes avaient, en février dernier, agressé Lucie, une élève de 14 ans, scolarisée en classe de troisième»
Je signale que le comportement des deux adolescentes a été sévèrement sanctionné par le Conseil de Discipline, elles ont été exclues et obligées de s’inscrire dans une autre école.

Je reprends l’article :

«Les filles jusque là plutôt épargnées par le phénomène, n’échappent plus à la règle. Pour un mot, un regard, tout peut déraper Manque de communication, intolérance : globalement, les chefs d’établissements reconnaissent une progression sensible de ces vecteurs de violence. Surtout au niveau des collèges, où ils sont activés par le manque de maturité des élèves.
A ce phénomène s’ajoutent des conflits plus traditionnels. Des histoires de filles ou de garçons ou encore des problèmes de compétition d’après match. De ce fait, le recours à la police s’est banalisé.
Entre incivilités croissantes et  CPE (Conseillers Principaux d’Education) sur la brèche, il y a de l’électricité dans l’air…»
Le journaliste donne ensuite la parole aux chefs d’établissements du secteur, cinq Principaux de Collèges et deux Proviseurs de Lycée.

Les Principaux sont d’accord pour noter une augmentation de violence, surtout verbale, la violence physique restant exceptionnelle. Ils soulignent l’effort de tout le personnel pour une écoute plus attentive des enfants, la mise en place d’un partenariat avec les familles et d’un contrat avec les élèves. Ils appliquent immédiatement des sanctions exemplaire si c’est nécessaire.

Ils sont en réseau avec la police.
Ils souhaiteraient une augmentation  des moyens.

Quant aux Proviseurs, leurs élèves sont plus âgés et donc plus matures, et ils signalent moins d’incidents.
Au chapitre des violences verbales, Le Directeur d’un établissement privé, fait cette remarque :

«Les filles ont des comportements à des années lumière de ce qu’on attend de la féminité. Elles sont victimes d’un phénomène de mimétisme et emploient des termes incroyables! Des accrochages ont parfois lieu, mais pour l’heure personne n’est jamais passé à l’acte».
J’ai moi-même fréquenté les établissements scolaires en tant que professeur et je continue encore aujourd’hui en faisant de la prévention contre la drogue. J’ai en effet vu changer le profil et le comportement des jeunes. Quand je vais dans un collège, je prends deux classes à la fois. Il est facile pour un ado de chahuter cette dame qu’il ne connaît pas, qui ne fait que passer, et qui va parler d’un sujet aussi difficile que la drogue. La mise en route est parfois un peu périlleuse.
Mais je n’hésite pas relever l’incivilité : «Enlève ta casquette», «Ne pose pas tes pieds sur le siège»,  «Fais-nous partager tes réflexions à ta voisine», « Arrête d’embêter ton copain», «Ecoute celui qui parle», «Lève le doigt pour demander la parole »….

Pourtant,  après quelques minutes, il sont tout à fait dans l’écoute et leur attention m’est acquise. Mais il aura fallu un temps pour rappeler le respect à l’adulte et aux autres. Ce qui n’était pas aussi long par le passé.

Sortant de l’école, il m’arrive d’entendre des échanges un peu hard entre deux ados. Fusent alors quelques noms d’oiseaux ou des insultes mal sonnantes. Je m’interpose encore, et cela suffisait autrefois à calmer les esprits.
Ce n’est plus toujours le cas, il faut davantage négocier pour obtenir que l’on rectifie le langage ou les manières. Et je n’y parviens pas toujours. L’adulte a perdu de son prestige et de son autorité.

L’école n’est-elle pas le reflet de la société actuelle ?
 
 
 
 

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Sophie Daout, le 18 avril 2008
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Vol.4 No. 66
Le forum de Jeunesse Sans Drogue

Notre association  « Pour une Jeunesse Sans Drogue », JSD, existe depuis près de huit ans. Dès que nous l’avons pu, nous avons ouvert un site sur Internet, et depuis trois ans environ, un forum, dont je suis l’un des administrateurs. Ce n’est pas toujours chose facile.

JSD a pour mission de permettre aux familles dont un enfant est dans la drogue de pouvoir sortir de leur isolement et de leur sentiment de culpabilité en échangeant avec les autres. C’est souvent la condition d’une recherche de solution. Notre forum fonctionne un peu comme un groupe de parole.

Nous nous occupons uniquement des adolescents et des enfants, et nous ne cessons pas de le répéter. Outre les familles et les jeunes concernés, nous rencontrons dans ce forum, d’autres personnes, et en particulier des usagers de drogues. Ils sont adultes, ils connaissent bien les produits, et pour certains, ils sont bien intégrés socialement. Ils nous apportent parfois un éclairage et des conseils utiles. Cependant, en dépit de cela, certains de ces UD voient en nous des ennemis.

Nous en avions un, que nous appellerons S., fervent participant, qui écrivait presque aussi souvent que moi. Très vite, nous avons noté quelques dérapages verbaux que nous lui avons signalés. Il promettait d’y veiller, mais recommençait régulièrement. Après plusieurs rappels à l’ordre, nous n’avons plus pu supporter ses écarts de langage, ses menaces, ses  insinuations et ses accusations, et nous avons choisi de «  le bannir ». Il ne l’a pas supporté.

Il s’est donc rendu sur un forum de consommateurs dont il a proposé aux participants de venir nous agresser. Nous avons eu dès ce moment là plusieurs nouvelles inscriptions.

Logiquement, ce nouveau public aurait dû nous attaquer. Mais au contraire, plusieurs de ces membres ont compris ce que nous faisions et nous ont soutenus. Ils l’ont dit dans leur forum et dans le nôtre. Et cela n’a pas du tout été du goût de notre provocateur de service. Furieux, il a déversé son venin contre sa cible favorite, c’est à dire votre servante. ..et a reçu un avertissement du modérateur de son site.
Voici quelques réactions d’internautes :

« Bonjour,
Je suis allé sur un forum qui aide les familles d’enfants ayant des problèmes de drogues (cannabis alcool amphet, rabla ...) à s’en sortir.

Ce sont des personnes qui ont souffert qui souffrent et qui ne voient pas les drogues sous un bon angle ce qui est tout a fait normal vu qu elles ne reconnaissent plus leurs enfants...

Il y a quelques fumeurs qui ont eu la bonne idée d aller sur ce forum de dire que le cannabis c est pas pire que l alcool, que de toute façon les parents concerné n’ont jamais fumé, d affirmer qu il faut légaliser et débattre sur le sujet avec des discours tout faits que l’on peut trouver sur n’importe quel forum de cannabiculture.

C'est des ados, qui ne bossent plus en cours et qui fument à la place, qui passent leur journées à bedave et qui si ils continuent comme ça ont des chance de tomber dans autre chose.

Je trouve ça naze c'est de la provocation c’est des gens qui ont souffert et franchement vous êtes égoïstes abrutis de pas comprendre que vous faites souffrir des gens.
C'est tout simplement méchant c'est pas un site pro Sarko ne l’oubliez pas.
Je tenais a le dire et le signaler sur ce forum très fréquenté en espérant que les gens concernés soient inscrits ici. »

ou bien
« Je me permets de donner mon avis sur la question.

Je pense que nous (les fumeurs "responsables") nous devons avoir un discours bien précis en matière de cannabis:
 

  • N'inciter personnes à fumer.
  • Ne pas "idéaliser" la beuh.
  • Ne pas cacher les points négatifs et les risques.
  • Ne pas diaboliser non plus.
  • Ne pas présenter la consommation comme forcement négatives , grave, ou synonyme de mal-être.
  • Donner de par notre expérience les clés pour analyser une conso (sans problème, à risque...)


C'est pour moi la meilleure prévention efficace possible. Dire la vérité.

Par rapport a ça c'est comme pour l'alcool il n’y a pas de généralités mais des cas particuliers.

Maintenant je me mets a la place d'un parent si mon gamin fume du shit a 14ans ça va me faire chier je serait pas d'accord.
Mais si a ce moment la le parents rentre dans le conflit (interdiction, diabolisation...) souvent ça ne fait qu'aggraver le problème car le dialogue est rompu.
Or c'est uniquement grâce à lui que les choses peuvent évoluer positivement pour le bien-être de tous (parents et enfants) sachant qu'a 14 ou 15 ans les parents sont quand même encore en droit d'exiger que certains trucs soient respectés.

Tout ça pour dire que les arguments extrémistes anti-canna sont dangereux mais pas forcement plus que ceux qui leur répondent qu’à fumer fumer, il n’ y a aucun problème!!! »
Et un troisième :
J'ai commencé à fumer très jeune et ça m’a niqué en grande partie ma scolarité.

Je ne supporte pas ceux qui disent le contraire et qu'un jeune de 14 ans peut fumer des joints sans problème, déjà pour moi à cet age là, il ne devrait pas fumer de clope ni boire d'alcool non plus.

Je suis pour la légalisation du cannabis mais pour adultes bien sûr.

Comment accepter q'un jeune se nique le cerveau comme ça ?.

Je n’ai jamais laissé fumer mon petit frère et en aucun cas je ne voudrais avoir un fils fumeur ( de quoi que ce soit d'ailleurs).

Mettez vous à la place de ses parents 2 secondes, ah oui c'est cool de voir rentrer son fils défoncé tous les jours qui dit pas un mot et qui s'enferme dans sa chambre.

Je pense qu'on se doit d'aider ces jeunes et leurs parents comme on peut le faire avec l'alcool, tout n'est pas bon dans le cannabis.

Soyez franc et arrêtez de réagir comme des ados qui commencent tout juste à fumer. »
 

Il existe donc bien un consensus entre eux et nous, nous sommes d’accord pour penser qu’il faut protéger les enfants et les ados. Par ailleurs, personnellement, je n’ai aucunement l’intention d’entrer dans leur vie pour leur reprocher leur consommation, et de plus, ils nous éclairent parfois sur les produits ou des comportements qui nous déroutent.

Alors, pourquoi nous est-il si difficile de trouver un langage commun ?
 

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Sophie Daout, le 25 avril 2008
HAUT DE LA PAGE
































Vol.4 No. 67

 Lâche prise…et tiens bon !

C’est le titre que j’avais choisi pour mon premier livre, qui s’est ensuite appelé « Lâche ta drogue …et tiens bon ! »
Cette dernière phrase s’adressait à mon fils, tandis que la première était une injonction que je me faisais à moi-même.
A cette époque là, mon fils avait déjà fait de la  prison, parce qu’il volait pour se procurer ses produits. Je ne l’avais pas supporté, j’étais tombée dans une dépression nerveuse lourde. Tout m’avait été révélé d’un coup, sa toxicomanie, les délits dont il était coupable, l’explication à tout ce qui n’allait plus en lui et chez nous depuis plusieurs mois. C’était trop, et j’avais craqué.
Puis avaient suivi des semaines et des semaines de co-dépendance pendant lesquelles je ne m’intéressais plus qu’à lui en oubliant tous les autres, y compris mon mari et mes autres enfants.

Et cela n’améliorait rien, bien au contraire !

Alors j’ai décidé de lâcher prise, de cesser de vouloir toujours tout maîtriser.
J’ai tenté de faire mienne la prière de la sérénité :

« Mon Dieu,
Donne-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne puis changer,
Le courage de changer celles que je peux
Et la sagesse d’en connaître la différence »

Mais ce n’est pas facile…

Que signifie exactement le « lâcher prise » ? V
oici la définition qu’en donne Virginie Pré, consultante en relations humaines :
« Le lâcher-prise est lié au fait de sortir de la suractivité et de renouer le contact avec soi même, pour accueillir ce que la vie est prête à nous offrir. Il permet de saisir les opportunités , qui n’ont pas forcément la forme que l’on avait imaginée. »
Ce n’est pas de la résignation qui génère des frustrations et des regrets, non, c’est une façon de regarder les choses en face et de les accepter. Et c’est en acceptant ce principe de réalité que l’on avance.

La même Virginie Pré ajoute :
« Je compare souvent cette notion à la maîtrise du tir à l’arc. Il est important de se préparer correctement, d’être clair sur la direction dans laquelle on veut aller. Mais il y a un moment où il est essentiel de décocher la flèche, et de la laisser suivre son parcours. Il est hors de question de la porter jusqu’à la cible ».

Or, dans notre société actuelle, tout nous pousse à garder le contrôle le plus longtemps possible. Et quand on est obligé d’y renoncer, il faut dépasser  ses peurs, peur d’être dépossédé, peur de ne pas être reconnu, peur d’être jugé, peur de se tromper…
Lâcher prise nous demande d’accepter l’inconnu qui justement parce qu’il est inconnu, nous effraie et donc provoque en nous de l’angoisse. Mais lâcher prise signifie aussi dépasser ces peurs et donc de les apaiser.

Dans cette acceptation, nous sommes dans un relâchement, une relaxation, qui nous met en situation de récepteur. Et ce moment de vacuité nous permet de passer à un changement de soi. C’est un acte de confiance envers la vie. On s’abandonne, mais on n’abandonne rien.
Lâcher prise signifie donc « laisser s’accomplir », sans nous préoccuper à l’excès de nos préjugés, nos peurs ou nos désirs…

C’est aussi renoncer à des projets trop élaborés, aux programmes trop bien huilés, à l’attente de performances ou de résultats. C’est devenir disponible à soi-même. Cet abandon produit une détente, l’acceptation de ce qui est et non pas de ce que nous voudrions.
Arnaud Desjardins, maître zen, l’explique ainsi : « Dans la vie, nous nous trouvons dans la situation de quelqu’un qui descend un torrent en canot ou en rafting. Pour celui qui est crispé ou angoissé, cette descente est un véritable enfer. En revanche, celui qui va avec le courant de manière détendue accomplit la même descente avec bonheur et aborde les difficultés avec souplesse ».

Quand on parvient à véritablement lâcher prise, il est possible de se laisser inspirer par la vie et d’en savourer les moments proposant les plaisirs les plus simples, et de réveiller la joie en soi. Cela permet également de se familiariser avec son corps, par la relaxation ou le sport par exemple et de retrouver son langage. Car si nous prenons la peine de l’écouter, notre corps nous parle, non avec des mots, mais avec ses maux.
Il faut souvent passer par une épreuve douloureuse de la vie pour parvenir à une telle philosophie de vie. Pour moi, cela a été d’abord la découverte de la toxicomanie de mon fils et mon impuissance face à ce problème, puis la mort de mes enfants.

Si je n’avais lâché prise, je ne serais pas debout aujourd’hui, mais je serais sûrement morte de désespoir !

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Sophie Daout, le 2 mai 2008
HAUT DE LA PAGE































Vol.4 No. 68

 C’est un article de journal paru cette semaine dans  France Catholique n°3116, du 25 avril 2008 qui constituera ma chronique de la semaine. Je répondais il y a quelques mois aux questions d’une journaliste, Aude Lorne

Face à la drogue, que peut-on faire ?

Ecoutons d'abord, le cri d’une mère à qui la drogue a pris un fils, Ludovic. Combat de vingt ans pour l’en arracher. Puis pour tirer les autres de cet enfer, pour les prévenir, Sophie Daoût dénonce – dans les écoles, sur Internet et par ses livres - toutes les perversités d’un système meurtrier, avec son énergie et sa compétence d'ancienne conseillère d’orientation.

propos recueillis par Aude LORNE
TÉMOINS Face à la drogue, que peut-on faire ?

Sophie

Vous avez intitulé votre dernier livre « Jamais douces, les drogues ». Vous mettez sur le même plan haschich et cocaïne. Cela risque de n'être pas compris...

Le terme « drogue douce » est un terme de marketing,  employé pour banaliser le produit. On ne se méfie pas du mot « douce » or une drogue n’est jamais douce. Douce peut-être en effet parce qu’au début tout semble bien se passer. C’est ce que j’appelle la « lune de miel » avec le produit. Les premiers temps on ne perçoit que des effets positifs. A cette période on pense vivre à fond, fumer est associé à la convivialité, on rencontre de nouvelles personnes. « Je gère, je gère » dit le néophyte. Je voudrais pouvoir lui répondre : « Non, mon pauvre petit, tu ne gères pas, tu erres… moi je sais que tu es déjà de l’autre côté. »
Très vite d'ailleurs les choses commencent à se gâter. Quand le jeune commence à changer. Non pas de manière brutale, mais progressivement. Je l’ai vu pour mon fils : les résultats scolaires commencent à chuter. Il commence à vivre à contretemps. Le matin

il a beaucoup de mal à se lever. Le soir, il est en pleine forme. Il change de copains, il devient agressif. Il y a un faisceau d’indices : il veut tout, tout de suite, la jouissance immédiate. Tout est mis au service de ce qu’il veut, c’est-à-dire, en fait, son produit.

N’y a-t-il pas des franges de populations plus touchées que d’autre part le phénomène de la drogue ?

Moi-même, je ne me sentais pas concernée avant d’y être confrontée. C’était pour les autres, la drogue, pour des familles qui connaissaient des difficultés, pas pour la mienne ! Pourtant c’est arrivé chez moi !  J’ai découvert un risque dont je me croyais protégée, un risque auquel n’échappaient pas des enfants entourés, équilibrés, faisant de bonnes études. Il suffit d’un copain qui réussisse à convaincre « d’essayer », une fois, pour que tout soit compromis. L’adolescent est tenté par une expérience, veut montrer qu’il s’affranchit en bravant l’interdit parental. Les initiés exercent une fascination, un refus de fumer peut entraîner raillerie et exclusion du groupe. La tentation peut arriver aussi dans une période de mal-être, ce qui est fréquent dans l’adolescence : fumer un pétard éloigne momentanément ce mal-être : il aura alors tendance à recommencer et à accentuer sa consommation. Mais les pétards ne résolvent pas les problèmes. Ils permettent juste de les fuir. Quand les joints ne suffiront plus, le jeune sera tenté de passer à des substances plus toxiques et ce sera l’escalade. C’est pour moi comme une mission d’alerter les parents qui se pensent à l’abri : le phénomène de la drogue se généralise. Les prix baissent et les toxicités des produits augmentent.
Le joint des Hippies des années 70 n’a plus rien à voir avec ce qui est proposé à nos enfants. Le cannabis peut contenir jusqu’à 10 fois plus de THC, la principale substance psychoactive. Les premières consommations sont de plus en plus précoces. Aujourd’hui, le pourcentage de garçons et de filles à avoir expérimenté le cannabis à l’âge de 17 ans est respectivement de 53,1 et 45,5% ! C’est pourquoi je m’adresse dans mes actions de prévention de préférence aux élèves de 6e ou même de CM2 désormais, avant qu’ils ne soient directement touchés par la question. C’est souvent en classe de 4e que l’on note les débuts de consommation. En 3e, il
est déjà trop tard pour parler à toute une classe, trop d’enfants sont dans la drogue. Comme au début tout se passe bien - en apparence - avec la drogue, mon message ne passe pas, ils ne comprennent pas ce que je veux leur dire.

Vous insistez pour que vos rencontres  avec les élèves se double d’une réunion avec les parents. Pourquoi est-ce si important ?

Quand un enfant se met à consommer de la drogue, la communication avec les parents s’interrompt complètement. Le vocabulaire utilisé par les consommateurs est, sinon ésotérique ou moins très hermétique. Un vocabulaire commun, c’est le début d’une communication. Si on se coupe du vocabulaire commun, il n’y a plus de langage possible.
Le fossé s’agrandit et les dealers font tout pour que les parents ne sachent rien de la drogue, ne sachent pas détecter un début de consommation. Les rituels se font entre initiés, loin des parents, « ces empêcheurs de fumer en rond ». Il faut tout faire pour maintenir une communication avec les enfants. C’est un travail qui se fait dès l’enfance. Et il faut conserver ce lien. S’informer avant que les problèmes ne se posent. Les enfants, eux, savent beaucoup de choses, sont mieux informés que vous. Leur vocabulaire est très pointu. Mais leurs
sources ne sont peut-être que celle des dealers. Ils leur présentent un bon côté de la chose. C’est à vous les parents de leur parler de l’autre versant. Les parents sont peu ou mal informés. Je suis choquée du peu d’intérêt qu’ils portent à mon message. Et cependant je les comprends. J’ai été comme eux. Moi je n’ai pas vu entrer la drogue dans ma maison.
Des parents informés ont beaucoup moins peur de parler de la drogue. Le fait d’être informé et de savoir parler avec des mots adéquats leur permet de renouer le dialogue avec leur enfant

Quelle action peuvent avoir les parents ?

Les parents confrontés à la drogue chez l'un de leurs enfants ont d’abord besoin d’être aidés de l'extérieur. Ils ont honte. On leur fait parfois croire que leur enfant est dans la drogue parce qu’ils ne sont pas de bons parents. Ils sont rongés de culpabilité. Tifenn, dont je parle beaucoup dans mon livre, est venue à moi à la suite de la lecture de mon livre « Demain j’arrête la came » C’était il y a deux ans et demi. Dans sa première lettre, Tifenn m’écrivait qu’on lui avait demandé de chercher dans son histoire familiale ce qui l’avait conduite à la drogue. « Rien ! » s’était-elle indignée, « honnêtement, je pense que ce n’est pas là que je dois chercher parce que quand j’ai commencé, tout allait bien chez moi. » Tifenn aime sa famille, elle le dit. Cette culpabilisation des parents est un scandale et ne mène à rien.
Personne n’est à l’abri. Aujourd’hui, Tifenn s’en est sortie. Il y a eu des galères : un séjour en hôpital psychiatrique, une fugue. Mais c’est grâce à l’énergie de ses parents auprès desquels j’ai eu un rôle  d’accompagnement que son sauvetage a été possible. Plutôt que d'alimenter une culpabilité stérile, les parents ont besoin d’un soutien pour les aider à améliorer les relations avec leurs enfants, tout en préservant l'équilibre de la famille face à l'intrusion de la drogue : fermeté, tendresse, juste distance.

Outre vos actions de prévention au sein des écoles, vous avez développé un site Internet et un forum de conversation. Que peut-on attendre de cet outil ?

Partager les mêmes problèmes aide à se comprendre et à reprendre confiance. Les groupes de parole et d'entraide sont des moyens efficaces pour rompre l’isolement et constituent le début d’une solution face à la toxicomanie.
Notre forum de discussion Internet ressemble à ces groupes de parole et d’entraide. Il fonctionne un peu de la même manière. Si ce n’est que la première démarche de prise de contact est plus facile. Parce qu’il est anonyme, parce que l’on peut le faire de chez soi, sans se déplacer et que c’est un mode de communication usuel pour les jeunes. Ce qui est très impressionnant dans ce forum est que l’on observe une prise en charge des jeunes les uns envers les autres : qui mieux qu’un jeune qui a été personnellement confronté au problème peut comprendre soutenir, conseiller, épauler un jeune qui, sur Internet, appelle au secours ! Qui mieux qu’une famille qui a connu et surmonté le problème de la toxicomanie de son enfant, peut tendre la main et donner des conseils à des parents qui traversent cette épreuve ?
Cette prise en charge, bien sûr, se fait sous notre contrôle (nous avons un système de filtre et nous intervenons nous-même), mais va bien au-delà de ce que nous pourrions faire !
C’est ainsi que Tifenn, dont je parlais tout à l’heure, est passée de l’internaute déboussolée à celle qui tend la main. Et ça marche !

A lire de Sophie Daoût

« Jamais douces les drogues »,
Guide Totus, éd. du Jubilé, 273 pages, 13 €
Un guide pratique, à l’adresse des parents comme des enfants, pour se mettre au courant, pour pouvoir dialoguer.

« Demain, j’arrête la came ! »,
éd. du Jubilé, 221 pages, 14,50 €
Journal de Christine, victime de la drogue. Un journal qui pourrait être celui de milliers de jeunes. Pour les aider, la maman de Christine, soutenu par Sophie Daoût, a eu le courage de témoigner.

« Lâche ta drogue et tiens bon ! »
éd. du Jubilé, 191 pages, 13,60 €
Ludovic, quinze ans, se drogue. Du fond de sa détresse, Sophie, sa maman, s’interroge, sur elle-même et sur cette tragédie.

Contactez
JSD,
BP 26
83600 Fréjus cedex
http://jeunessansdrogue.aceboard.fr
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06 66 92 25 78
FRANCECatholique n°3116 25 avril 2008 11
DOSSIER

 
 

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Sophie Daout, le 9 mai 2008
HAUT DE LA PAGE
































Vol.4 No. 69

Ma dernière chronique, était mon interview dans le journal FRANCECatholique n°3116 25 avril 2008. Dans ce même numéro, un prêtre, Frère Ambroise qui vient de publier un livre, « Le cannabis démasqué »,  répondait sur le même thème, aux questions d’un journaliste. C’est cet entretien que je vous rapporte ici. Frères Ambroise, religieux et  jeunes issus du milieu de la drogue semblent vivre à des années-lumière l’un de l’autre.

Comment avoir imaginé de les faire vivre ensemble dans deux foyers, Les Besses vers Châteauroux et La Bretèche vers Angers ?

Apparemment rien n’est plus éloigné d’un toxicomane qu’un religieux. Mais apparemment seulement : profondément, les deux se rejoignent car les deux ont fait une quête de la personne humaine et de Dieu. Dans une profondeur qui va très loin. Le toxico, dans sa recherche, est allé aux portes de l’enfer. Mgr Lustiger disait que la toxicomanie n’est rien d’autre qu’un mysticisme qui s’est dévoyé.
Le toxicomane qui vient chez nous est celui qui est allé au bout de lui-même.
C’est quand il a touché le fond, son fond, que le toxicomane réagit et décide de s’en sortir. C’est comme un réflexe de survie. Quand vous avez le choix entre le cimetière, la prison, la rue... ou les moines, finalement vous choisissez les moines.
C’est l’expérience que nous leur proposons. Nous ne leur demandons pas de devenir des religieux comme nous (en vingt ans, je crois qu'un seul a demandé à entrer dans la communauté Saint-Jean…).
Nous leur offrons plutôt de devenir (ou redevenir) des êtres humains debout. Par le biais d’une vie chrétienne, certes, mais dans le but de retrouver le sens de la personne humaine. Tout est fait pour leur permettre de revenir à l’essentiel.
Comment conciliez-vous les exigences de votre vie monastique et les besoins d’un jeune qui essaie de sortir de la drogue ?
L’intuition géniale du fondateur de ces maisons, le Père Jean-Philippe, il y a de cela 20 ans, est de faire vivre des religieux avec des toxicomanes. Nous leur proposons une communauté de vie avec nous, d’entrer dans une vie naturelle, très simple. Nous ne sommes pas leurs aumôniers, ni des éducateurs. Nous vivons notre vie avec eux.
Cela veut dire parties de foot, vaisselle en commun, petits cours, jardinage ensemble. Ce style de vie qui n’est pas normal pour eux ne l’est pas pour nous non plus.
Ce n’est pas normal pour un religieux de Saint-Jean d’aller jouer au baby-foot ou même de bêcher un jardin, ce n’est pas normal pour ces jeunes de vivre sans radio, sans musique techno, sans fille et sans portable, de se lever le matin à 6h30 et d’aller s’occuper des animaux. Nous le faisons parce que c’est bon pour les jeunes, que cela leur permet de redémarrer un chemin de vie. Et du coup cela nous rend encore plus des religieux, nous permet de vivre encore mieux notre vocation de frère de Saint-Jean, parce que cela nous fait toucher l’intime du coeur du Christ : sa miséricorde pour tous les hommes, particulièrement pour tous ceux qui n’en peuvent plus. À côté de cette recherche de Dieu dont nous les faisons les témoins et des travaux manuels simples, nous mettons l’accent sur la relation, sur la création de liens d’amitié. La parole est très importante et nous parlons beaucoup !
C’est en effet très important pour un jeune toxicomane qui est celui qui a été isolé, qui a rompu sa relation avec l’autre, qui est fait un malade de la relation personnelle. Ainsi tous les samedis matins, nous nous retrouvons pour échanger, pour parler. Nous nous disons nos quatre vérités en quelque sorte ! La personne humaine a besoin de se dire pour se développer. Notre travail est d’apprivoiser ce petit animal sauvage qui arrive à notre porte, apeuré, angoissé, triste. Puis un jour, il y a un sourire qui naît.
Et quelle est la place de la prière dans votre vie commune ?
Les jeunes qui viennent chez nous ne sont pas chrétiens du tout, ils peuvent être d’autres religions. Certains ont pu avoir une vague culture chrétienne. Beaucoup disent ne rien comprendre : les prières, la messe et le chapelet ils connaissent pas et cela les étonne ! Et pourtant ils suivent. Le matin, à 7 heures, ils vont marcher pour prier, ils récitent leur chapelet. Nous sommes des témoins pour eux, par notre vie, par notre prière. « Nous sommes pour les pauvres des reflets de la bonté de Dieu », selon les termes de Mère Térésa. Nous proposons Dieu de manière très familiale, à travers Marie. En famille, la transmission se fait quand les enfants voient leurs parents prier. Chez nous c’est pareil. Ils prennent tellement conscience de l’importance que cela a pour nous qu’ils nous rappellent à l’ordre : « Allez, le frère, fini le baby-foot ! C’est l’heure ! Aux vêpres, le frère ! » Mais, je le répète, nous insistons beaucoup sur des liens d’amitié simples entre les frères et les jeunes, entre les jeunes eux-mêmes, afin de leur réapprendre à aimer, qu’ils puissent redécouvrir leur cœur, briser la carapace que la drogue a construite tout autour et qui les étouffe.
Combien de temps faut-il à un jeune qui passe dans vos maisons d’accueil pour se tirer d’affaire ?
Les jeunes ont besoin de deux à trois ans de vie à Saint-Jean Espérance pour mener à bien l’énorme travail de restructuration, de réhabilitation de leur personne, pour retrouver leur identité propre. Un jeune qui passe quinze jours ou trois mois n’a pas été « travaillé » assez en profondeur. Douze à dix-huit mois dans une maison d’accueil est encore insuffisant. Il faut dans un deuxième temps réapprendre à avoir un travail, un logement, un métier, des amis, et pourquoi pas un jour une famille.
C’est bien beau de vivre ensemble, de jouer au baby et de traire les vaches mais il faut aussi apprendre à revenir à la vie classique et cela est encore une autre pédagogie. Cela nous a conduits à fonder un autre type de structure, appelée maisons annexes ou maisons relais. Deux maisons de ce type existent actuellement. Voilà encore une idée audacieuse et farfelue. Un jour, on choisit deux ou trois jeunes qui étaient depuis un certain temps dans nos maisons d’accueil. On leur donne un logement, une voiture et un fond de caisse pour commencer. Avec l’objectif de travailler à mi-temps pour payer leur frais d’hébergement tout en restaurant la maison, leur maison. Permis, bilan de compétence, recherche de formation font aussi partie des objectifs qu’ils doivent remplir.
Mais pas d’encadrement sur place. Ils se connaissent déjà. Ils se retrouvent et s’entraident, se soutiennent pour se lever le matin pour prier éventuellement, pour trouver un travail. Ils doivent apprendre à gérer leurs conflits, à se parler, à partager peines et joies. Ils peuvent ainsi faire un pas vers l’autonomie. Un jeune à qui on fait confiance va tout faire pour être digne de cette confiance. Et ce pari a jusqu'à présent toujours marché.
Vous n’accueillez que des garçons dans vos maisons. Pourquoi ce choix ?
Les filles qui se droguent posent des questions pédagogiques différentes : des problèmes de prostitution, d’avortement, d’inceste... du moins pour les cas où nous avons pu être sollicités. La formule que nous avons adoptée pour les garçons ne peut pas être plaquée directement pour les jeunes filles. Mais nous espérons pouvoir ouvrir un jour une structure qui soit adaptée pour répondre à leurs problèmes propres. Une équipe d’encadrement est même en train de se constituer dans ce but et nous cherchons une grande maison entre Châteauroux, Orléans et Tours.
Quel regard porte la société sur ces jeunes au passé lourd, souvent encore fragiles ? 
Ce regard ne rend-il pas leur démarche de réinsertion plus difficile ?
On a toujours été bien accueilli dans les villages où l’on était, même si on nous y a donné ce surnom de « toxicomoines » dont nous ne sommes pas si mécontents. Ces jeunes n’ont plus une « gueule de toxico ». Ils ont déjà été dégrossis dans nos maisons d’accueil. Les villageois les connaissent et sont souvent très touchés par les efforts qu'ils font pour se réinsérer. Les gens ont bien conscience qu’ils ont encore besoin de soutien pour s’en sortir. De nombreux patrons ont accepté de jouer le jeuet de les embaucher. Ainsi un maçon que je connais. C’est merveilleux de trouver des gens sur leur route pour les épauler et les accepter. Un de nos jeunes a trouvé un poste dans une entreprise. On a été content de lui et il a fait embaucher des copains ! Des patrons ont accepté de les prendre là où ils sont. On découvre une solidarité sociale extraordinaire.
Après ce long itinéraire, peut-on dire que l’on est guéri ?
On peut dire que l’on est abstinent (terme que l’on emploie aussi pour les personnes malades alcooliques) si on l’est depuis un certain nombre d’années, mettons 7-8 ans. C’est pour cela que le suivi après le passage dans la maison d’accueil est si important. Nous gardons des contacts avec le jeune, pour l’accompagner, s’il le désire, dans sa vie professionnelle, conjugale ou préconjugale… Il m’est même arrivé d’écrire des lettres de déclaration d’amour pour des jeunes qui ne savaient pas comment s’y prendre ! Huit sur dix de ceux qui restent dans nos maisons d’accueil s’en sortent, sans rechuter. Après leur départ, en général, on garde des liens, surtout les premières années. Les jeunes ont un métier, ils ont une copine, ils ont une formation.
Deux sur dix rechutent, mais comme nous avons toujours des liens d’amitié, qu’ils bénéficient de notre soutien, du soutien des copains, finalement, pour l'instant, ils réussissent plus ou moins à rebondir. Ces rechutes ne sont pas entièrement négatives car, dans la personnalité de certains, ils ont besoin de vérifier si finalement la drogue ne serait pas bonne pour eux. Ils gardent en mémoire les moments où ils ont trouvé que la drogue leur avait fait passer de bons moments et ils ont oublié leur descente aux enfers. En tirant une fois à nouveau sur un joint, ils se rendent compte qu’en recommençant finalement c’est nul, et qu’en faisant cela, ils font une croix sur tous les trucs supers qu’ils ont découverts avec nous. Ils se rendent compte alors de la grande hypocrisie de la drogue et du cannabis en particulier. Elle est le miroir aux alouettes sur lequel se brise ce qui pour nous, et surtout pour les jeunes, est le plus important : le sens de l’amitié, qu’ils ont découvert en vérité avec nous. Le comprendre dans leur chair leur permet de reprendre le bon chemin.
La rechute peut aussi faire partie de la guérison. Ce qu’il faut retenir, c’est la tendance générale. Si le lien est renoué avec la famille, les parents, si le jeune garde contact avec nous, alors on peut garder de l’espoir, même quand c'est très dur…

Ambroise Pic « Le Cannabis démasqué », 217 pages, éd. du Jubilé, 16,50 €
 


 
 

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Sophie Daout, le 16 mai 2008
HAUT DE LA PAGE































Vol.4 No. 70
Ma chronique aujourd’hui sera un panorama de la consommation des trois principales drogues illicites en Europe, en complétant les résultats publiés  par l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies dans son rapport annuel du 22 novembre 2007 par le bilan publié en mars 2008.

En 2007 :
70 millions d’Européens ont déjà fumé du cannabis et 60 % des personnes qui fréquentent les discothèques en France, en Italie et en Grande-Bretagne ont déjà pris de la cocaïne.

Selon cette étude, 12 millions d’Européens (3 % de l’ensemble de la population adulte) ont consommé au moins une fois dans leur vie de la cocaïne. L’usage de la cocaïne varie fortement d’un pays à l’autre, mais les plus forts taux sont rapportés par le Royaume-Uni et l'Espagne où plus de 5 % des jeunes adultes sont des consommateurs.

Cette drogue semble principalement consommée par les jeunes âgés d'une vingtaine d'années. Par rapport au cannabis, la consommation de cocaïne est moins fréquente chez les plus jeunes.

Par ailleurs, le rapport 2007 indique que 50 % des adultes qui fréquentent des lieux nocturnes en République tchèque, en France, en Hongrie, aux Pays-Bas et en Grande Bretagne ont affirmé avoir déjà goûté à l’ecstasy.

La principale raison de cette hausse de la consommation de drogues s'explique, en partie, par la baisse de leur prix qui a parfois chuté de 50 % en cinq ans: résine de cannabis (19 %), marijuana (12 %), cocaïne (22 %), héroïne (45 %), amphétamines (20 %), ecstasy (47 %).

En tout, ce sont 9 000 personnes qui meurent chaque année en Europe d'une  overdose. Mais le nombre total de décès liés à la consommation de drogues pourrait être jusqu’à trois fois plus élevé, en raison d’une sous-déclaration des décès et compte tenu des décès indirectement liés à l’usage de drogues (SIDA, violence, accidents et suicide).

En 2008 :

Le cannabis
Le cannabis est la drogue illicite la plus consommée en Europe.
La consommation de cannabis est particulièrement forte chez les jeunes. De 3 % (Roumanie) à 49,5 % (Danemark) des jeunes adultes européens (15 à 34 ans) ont déclaré en avoir déjà consommé. En moyenne, 30 % des jeunes adultes déclarent en avoir consommé au cours de leur vie. La consommation de cannabis, à l’instar de la plupart des autres drogues illicites, est sensiblement plus forte chez les jeunes.

Malgré les différentes approches juridiques adoptées à l’égard du cannabis dans l’ensemble des États membres, une tendance générale semble se dégager en Europe quant à l’adoption de mesures autres que les condamnations pénales pour les cas de consommation et de possession de petites quantités de cannabis destinées à un usage personnel.

Le Maroc reste le premier producteur mondial de résine de cannabis et on estime que le pays produit à peu près 70 % de la résine de cannabis consommée en Europe. La résine de cannabis arrive en Europe principalement par la péninsule ibérique.

L'ecstasy
La consommation de l’ecstasy dans l’Union Européenne augmente depuis les années 1990. L’ecstasy est le nom générique de substances de synthèse chimiquement apparentées aux amphétamines, mais dont les effets sont dans une certaine mesure différents.

La production mondiale d’ecstasy était estimée à 113 tonnes en 2005 (ONUDC, 2007). L’Europe reste le principal centre de production d’ecstasy.
On estime à 26 500 le nombre de saisies ayant entraîné la confiscation d’environ 16,3 millions de comprimés d’ecstasy en Europe en 2005.
Entre 0,3 et 7,2 % des adultes européens ont goûté à l’ecstasy. Chez les jeunes adultes (15 à 34 ans), la prévalence de la consommation d’ecstasy au cours de la vie varie de 0,5 % à 14,6 %, les pourcentages les plus élevés étant déclarés par la République tchèque (14,6 %), le Royaume-Uni (13,3 %) et les Pays-Bas (8,1 %). En moyenne, plus de 5 % des jeunes adultes européens ont goûté à l’ecstasy.
La cocaïne

Après le cannabis, la cocaïne est la drogue qui fait l’objet du commerce illicite le plus intense dans le monde.

En 2005, on estime à 70 000 le nombre de saisies de cocaïne, soit 107 tonnes, effectuées en Europe. Au cours de la période 2000-2005, le nombre de saisies de cocaïne et les quantités qu’elles représentent ont généralement augmenté au niveau européen. Cette hausse est essentiellement due aux fortes augmentations enregistrées en Espagne et au Portugal.

La cocaïne est aujourd’hui, après le cannabis, la drogue illicite la plus couramment consommée dans de nombreux Etats membres de l’UE et dans l’UE en général. Sur la base de récentes enquêtes nationales de population effectuées dans l’UE et en Norvège, on estime que plus de
12 millions d’Européens ont consommé de la cocaïne au moins une fois, ce qui représente près de 4 % de l’ensemble de la population adulte.

Au palmarès des plus gros consommateurs de cocaïne : le Royaume-Uni où 11,1 % des 15-34 ans ont déjà fait usage de la cocaïne au cours de leur vie. Vient ensuite l'Espagne avec 9,6 %. Le Luxembourg est l'Etat membre où la consommation de cocaïne est la plus basse : 0,3 %. Les jeunes Français sont quant à eux, 3,5 % à avoir déjà consommé de cette drogue.

Ces chiffres décrivent une réalité inquiétante, et les lois européennes tentent de s’adapter au phénomène. Personnellement, je pense que seule la prévention éviterait que le problème ne s’aggrave encore dans les années à venir !
 
 



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Sophie Daout, le 23 mai 2008
HAUT DE LA PAGE





























Vol.4 No. 71
A vos ordres, mon Capitaine !
Ou
La lutte contre l’alcool au volant chez les jeunes.

La France est l’un des pays d'Europe où les jeunes se tuent le plus sur la route.
Malgré la forte baisse de l'insécurité routière depuis 5 ans, les accidents de la route demeurent la première
cause de mortalité pour les 15/24 ans : avec 27% des tués en 2006 pour 13% de la population, les 15-24 ans sont sur-représentés dans les accidents de la route. 40% des accidents impliquant des jeunes ont par ailleurs lieu lors des retours de soirées et les accidents avec alcool représentent 34,5% des tués et 20,5% des blessés  hospitalisés âgés de 15 à 24 ans. La lutte contre l'alcool au volant constitue donc une priorité pour l’association  Prévention Routière.
Afin de faire le point sur les comportements des jeunes au cours des soirées, un sondage auprès des 18-24 ans a été réalisé: où sortent-ils ? avec qui ? combien de kilomètres parcourent-ils ? quelle quantité d’alcool boivent-ils ? pratiquent-ils la désignation d’un capitaine de soirée ? et si oui, dans quel cadre ? connaissent-ils les campagnes de sensibilisation faites à ce sujet ? quelles solutions préconisent-ils pour lutter contre leur propre insécurité routière?
Cette étude quantitative fait suite à deux études qualitatives réalisées en 1992 et en 2005.

La persistance des situations à risque :
 

Les jeunes ont d’abord été interrogés sur la dernière soirée à laquelle ils ont participé et qui remonte à moins d’un mois. Pour 80% des jeunes interrogés, ce sont des soirées qui se déroulent majoritairement entre « amis »…La très grande majorité des interviewés, qu’ils soient en couple ou non, ont passé leur dernière soirée en compagnie d’amis (au total 82%), et commencent souvent au domicile. Cette étude statistique a été réalisée sur la base de questionnaires administrés par téléphone auprès d’un échantillon représentatif de 607 personnes de 18 à 24 ans, entre le 21 août et le  31 août 2007.

 En 1999, était réalisée, pour le compte de l’association Prévention Routière, une étude  de faisabilité préalable à la mise en place d’expériences de « conducteurs désignés » auprès des jeunes. Cette  étude soulignait les divers obstacles ou au contraire les éléments favorables, aussi bien pratiques que symboliques,  à la mise en place d’une opération de type « conducteur désigné ».  L’enquête menée en 2005, sous forme d’évaluation qualitative, était destinée à mesurer les changements en termes de pratiques de consommation d’alcool et de conduite, mais visait également à  percevoir de quelle manière les représentations des jeunes avaient pu évoluer, au fil du temps, sur la question du choix d’un conducteur désigné.

Voici la synthèse de l’étude d’août 2007 :

Au total, à l’occasion de votre dernière soirée, vous avez parcouru environ combien de kilomètres ?

Moins de 10 km 20%
Entre 10 et 50 km 58%
Plus de 50 km 22%
Une majorité de soirées comportait au moins deux trajets,  un seul lieu 26%, deux lieux 64% et trois ou quatre lieux 10%. Parmi les lieux où se déroulent les soirées, le domicile de l’interviewé (ou celui d’une de ses connaissances) est le lieu le plus fréquemment cité (67%) et celui où l’on commence les soirées.
Les soirées les plus fréquemment évoquées sont celles qui se sont déroulés dans au moins deux lieux. Près d’une personne sur deux a fait une étape en discothèque, plus d’une sur trois dans un bar ou un restaurant. La soirée type est domicile-discothèque ou bar ou restaurant. Près d’une personne sur quatre a parcouru plus de 50 km Les trajets effectués au cours de la dernière soirée sont importants : plus de la  moitié des interviewés ont parcouru entre 10 et 50 km. Près d’une personne sur quatre a effectué plus de 50km.   Près d’un interviewé sur deux a bu au moins trois verres d’alcool. Interrogés sur le nombre  de verres d’alcool consommés lors de la dernière soirée, 2/3 des jeunes déclarent avoir bu de l’alcool,  44% ont bu plus de 3 verres. 1 jeune sur 3 est un consommateur important (5 verres et plus).

Les lieux fréquentés lors de la dernière soirée :

Chez vous ou chez un ami 67%
En discothèque 47%
Dans un bar ou un restaurant 35%
Dans une salle aménagée pour la fête : 8%
A l'extérieur 7%
Dans un lieu fermé, une salle de concert (ou autre) 5%
Nombre de verres d’alcool consommés
Aucun verre 32%
1 ou 2 verres 24%
3 ou 4 verres 12%
5 verres et plus 32%
Les conducteurs ont bu en moyenne deux fois moins d’alcool que les passagers. Quant aux conducteurs qui ont aussi été passagers au cours de la dernière soirée, ils ont moins consommé d’alcool que les passagers, mais davantage que ceux qui ont été seulement conducteurs. On boit donc en moyenne moins d’alcool lorsque l’on doit prendre le volant. ·  Les soirées se déroulant dans au moins 3 lieux sont davantage propices à la consommation d’alcool On boit moins de verres d’alcool en moyenne dans les soirées qui se sont déroulées en deux lieux  différents (3,6 verres consommés en moyenne). On boit plus dans les soirées à un seul lieu mais surtout dans les soirées à au moins trois lieux.

Le réflexe « Capitaine de soirée » est de plus en plus répandu :

Les questions ont ensuite porté sur les soirées en général.  Près des trois quarts ont souvent pratiqué la désignation d’un conducteur sobre. La désignation d’un conducteur sobre est une pratique de plus en plus répandue : 72%  de la totalité des interviewés disent pratiquer « souvent » la désignation d’un conducteur sobre lors d’une soirée.  Ce taux s’élève à 84% si l’on considère aussi ceux qui pratiquent « parfois » la désignation d’un conducteur sobre.

Consommation moyenne d’alcool en fonction du nombre de lieux fréquentés

un seul lieu 4,3
deux lieux 3,6
trois ou quatre lieux 6,1
Lorsque vous sortez à plusieurs, vous arrive-t-il de désigner une personne qui ne boira pas d’alcool et reconduira tout le monde ?
Souvent 72%
Parfois 12%
Jamais 16%
Nombre de verres d’alcool consommés par les conducteurs et les passagers
Moyenne
conducteurs 2,5
passager 5,3
conducteurs et passagers 4


Le conducteur désigné : souvent celui qui ne boit pas, mais de plus en plus une décision collective La personne  désignée pour être Capitaine de soirée reste dans la majorité des cas (48%) celle qui ne boit pas (ou peu) d’alcool.  Vient ensuite l’auto-désignation (36%). Les modes « collectifs » de désignation (« à tour de rôle ») sont une pratique  de plus en plus fréquente. Près de 3/4 des personnes pratiquant la désignation du conducteur disent le faire avant de retrouver leurs amis, ou plus rarement les jours qui précèdent la soirée, en début de soirée ou au cours de la soirée.
Le portrait type de ceux qui pratiquent la désignation d’un Capitaine de soirée:  La pratique de désignation d’un  conducteur sobre est plus répandue chez les jeunes mariés, chez les plus âgés (plus de 23 ans), et plutôt en milieu rural qu’en milieu urbain.

De quelle façon désignez-vous cette personne ?

La personne désignée est celle qui boit peu, ou pas du tout 48%
La personne s'est elle-même désignée 36%
Cela se fait à tour de rôle 26%
Par tirage au sort 3%
Celui qui a le permis 1%
Celui qui est en charge d'une famille 1%
Toujours moi 1%
Généralement, à quel moment avez-vous désigné cette personne ? (plusieurs réponses possibles)
Avant de retrouver vos amis 49%
Quelques jours avant 22%
Au premier verre 13%
Toujours la même personne 9%
En début de soirée 8%
Pendant la soirée 4%
A la fin de la soirée 3%
24h00 avant la soirée 1%
La cession du véhicule : une pratique qui semble de plus en plus courante L’étude de 2005 révélait  que certains jeunes se montraient très réticents à céder leurs clés à une tierce personne. Ce sondage  semble relativiser l’importance de tels comportements. En effet, 2/3 des personnes détentrices du  permis et ayant déjà douté de leurs capacités à conduire affirment avoir déjà au moins une fois cédé les clés de leur véhicule.
Plus de la moitié des jeunes citent spontanément au moins une campagne de communication. Plus de la moitié des personnes interrogées ont été en mesure de citer spontanément au moins une campagne de prévention et/ou de sensibilisation au sujet de l’alcool au volant : « Sam, celui qui conduit, c’est celui qui ne boit pas », « Capitaine de soirée »…
Plus on connaît des campagnes de communication, plus on est prudent…
Ceux qui citent spontanément une campagne de communication sont plus nombreux à pratiquer la désignation d’un conducteur sobre (75%) que ceux qui ne citent pas spontanément de campagne (68%).

Prévention / Répression : l’avis des jeunes sur ce qui pourrait améliorer les choses ·  La crainte de l’accident est plus forte que la peur du gendarme. La peur de l’accident La très grande majorité des personnes en possession d’un permis affirment que la peur de l’accident les incite à avoir un  comportement plus responsable sur la route, d’autant qu’une personne sur deux affirme avoir vécu  personnellement un accident de la route (pour eux-mêmes ou pour un proche).

La peur de l’accident vous incite-t-elle à être plus prudent sur la route ?

Non 9%
Oui 91%
Vous ou l’un de vos proches avez-vous déjà été victime d’un accident corporel sur la route ?
Non 50%
Oui 50%
Avez-vous déjà remis les clés de votre véhicule à un autre conducteur au cours d’une soirée  où vous aviez beaucoup bu ?
Non 34%
Oui 66%
Connaissez-vous des noms de campagnes de sensibilisation qui incitent à désigner un conducteur sobre lorsque vous sortez ?
Aucune 47%
Une ou plusieurs 53%
La peur des contrôles de police
La crainte du contrôle de police est également répandue  chez les jeunes, même si elle s’avère moins prégnante que la peur de l’accident. Ainsi, près  des 2/3 des conducteurs disent adopter un comportement prudent au volant à cause du risque  d’être contrôlé par la police. Près d’un conducteur sur deux à déjà fait l’objet d’un contrôle  d’alcoolémie sur la route, mais seulement 5% des personnes contrôlées ont été verbalisées.

Priorité aux actions de prévention mais pas de rejet du répressif
Les actions jugées les plus efficaces sont les actions préventives : développement des transports en commun pour les retours de soirée et intensification des campagnes de communication.
Les actions répressives (contrôle de police, durcissement du code de la route…) arrivent en deuxième position. Enfin, les mesures  stigmatisant » les jeunes (baisse du taux légal d’alcool  pour les jeunes) sont rejetées à 64%.

Le risque d’être contrôlé vous incite-t-il à faire davantage attention à votre consommation d’alcool avant de prendre le volant ?

Non 37%
Oui 63%
Avez-vous déjà subi un contrôle de police pour l'alcool au volant ?
Non 51%
Oui 49%
Si oui, avez-vous déjà été verbalisé pour l’alcool au volant ?
Non 95%
Oui 5%
Je vais vous citer plusieurs actions visant à réduire les accidents liés à la consommation d’alcool par les jeunes, et pour chacune d’entre elles, vous me direz si oui ou non vous les jugez efficaces.

Les autres actions évoquées spontanément par les jeunes interviewés renseignent aussi sur la nature

Des campagnes que les jeunes jugent efficaces. Les actions de sensibilisation menées sur le « terrain » sont ainsi les plus fréquemment citées (41% des actions de la catégorie « Autres »)

En conclusion, comme les précédentes études qualitatives menées en 1999 et en 2005, cette enquête confirme la permanence de situations dangereuses lors des sorties chez les 18-24 ans. Ainsi, les chiffres  montrent que la consommation d’alcool est encore omniprésente, qu’elle demeure élevée et que les distances parcourues pour se rendre à une soirée sont souvent importantes.

Consommation d’alcool, multiplication et allongement des trajets, nombreux passagers dans le véhicule… autant  d’ingrédients qui contribuent donc à expliquer la forte proportion d’accidents des jeunes sur la route à l’occasion  des soirées.

Cette étude, et c’est certainement l’un de ses enseignements les plus notables, montre par ailleurs clairement la diffusion de pratiques formalisées et organisées de désignation d’un conducteur sobre avant les soirées, pratiques qui semblent beaucoup plus répandues qu’auparavant. Même si les conducteurs sobres désignés sont encore souvent des « habitués » qui boivent peu de manière  générale, on voit aussi se diffuser des pratiques collectives de désignation du conducteur sobre.

Autre constat encourageant, les campagnes de communication réalisées semblent bien toucher leur public, puisque la plupart des jeunes les connaissent de nom, voire les évoquent spontanément. Elles représentent l’un des vecteurs de prévention parmi les plus efficaces aux yeux des jeunes, qui sont nombreux à en réclamer l’intensification, ainsi que la mise en place d’actions de sensibilisation « sur le terrain » dans les lieux de rencontre des jeunes et à l’occasion des soirées.

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Sophie Daout, le 30 mai 2008
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Vol.4 No. 72

La drogue et les sectes

Dans le forum de notre association défilent parfois des annonces publicitaires dont nous n’avons pas le contrôle.
J’ai eu un jour l’idée de cliquer sur l’une de ces annonces qui promettait la guérison de la toxicomanie…et je me suis retrouvée sur le site de l’église de Scientologie.  En France, c’est une secte ! Sortir de la drogue pour entrer dans une autre prison ne me paraît pas être une bonne solution. De plus, se servir de notre site pour tenter de récupérer des adeptes m’est insupportable.

Leur slogan est attractif : « Oui à la vie, non à la drogue ! » Qui n’y adhérerait pas ?

Leurs méthodes sont très habiles et dans mon dernier livre « Jamais douces, les drogues ! », je répète que si nous, les parents, nous  ne faisons pas de la prévention , alors d’autres, dont les intentions sont moins pures  s’en chargeront. La preuve !
Car les sectes ont de très bonnes méthodes de marketting et elles ne choisissent pas leurs ambassadeurs au hasard !.

Je viens de lire un reportage sur Tom Cruise,  dans lequel Andrew Morton, l’auteur du livre « Tom Cruise, sa vraie histoire » (éditeur Michel Lafon) répond aux questions d’un journaliste.

L’avocat et les dirigeants de la de la secte ont immédiatement répondu en présentant son livre comme un tissu de mensonges et en menaçant l’auteur d’un procès où elle réclamerait 100 millions de dollars de dommages et intérêts.
Tom Cruise est présenté comme l’acteur est le numéro deux de L’Eglise de scientologie. Et l’auteur du livre dit que « sans l’argent que Tom Cruise y a injecté, la scientologie n’aurait pas pu se développer aussi vitre qu’elle l’a fait ces dernières années. Par ailleurs, il en fait la promotion active, pas seulement dans les médias mais aussi auprès d’hommes politiques. Il a accès à des gens très haut placés, non pas grâce à ce qu’il sait, mais grâce à qui il est.. Enfin, il joue les rabatteurs pour le compte de l’Eglise. Il faut penser à lui comme à un missionnaire. Toute la stratégie de la secte est bâtie autour de lui ».
Pendant plusieurs années, Tom Cruise ne parlait jamais de la scientologie dans ses interviews. Mais aujourd’hui, c’est le contraire. Pourquoi ?

« « Tom Cruise a cru voir dans les événements du 11 septembre 2001, la réalisation des vivions apocalyptiques de Ron Hubbard, le fondateur de la secte. Par ailleurs, il a divorcé de Nicole Kidman, qui était considérée par l’église comme une personne « négative », parce qu’elle ne consacrait pas assez de temps à l’étude de la scientologie. De plus, il s’est séparé de son attaché de presse, Pat Kinsley, et l’a remplacé par sa sœur, Lee Anne De Vette, une scientologue convaincue.

Alors il est parti en croisade.

Dans un document vidéo, un document interne à la secte, il prétend posséder tous les outils pour sauver le monde. Il disqualifie les médecins, qui ne savent pas de quoi ils parlent, les politiques, qui ont besoin de lui, lui seul. Dans une autre  vidéo réalisée il y a 4 ans mais vient seulement d’être dévoilée, il vante les mérites de son église dans un monologue de pratiquement 10 minutes. Et ça commence très fort :
 « Je pense que c’est un privilège d’être scientologue, c’est quelque chose qui doit se mériter. La scientologie a la capacité d’améliorer les choses et de créer des conditions de vie meilleures. Etre scientologue, c’est pouvoir regarder quelqu’un et savoir immédiatement qu’on peut l’aider ». Etc... Un florilège de ce genre d’affirmation pendant pratiquement 10 minutes qui embarrasserait fortement la Scientologie. L’interview, réalisée en anglais, est sous-titrée en français.

Quand les mouvements sectaires tiennent un tel chef de file, ils s’en servent évidemment pour faire leur promotion ! C’est normal !
Mais quand ils utilisent leurs méthodes pour recruter leurs adeptes dans des forums comme le nôtre, je m’inquiète et je m’insurge !
Non, non, je ne suis pas d’accord !
 
 

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Sophie Daout, le 6 juin 2008
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Vol.4 No. 73

Est-on fabriqué pour être dépendant ?

C’est la question posée dans mon quotidien ce matin dans le premier d’une série de reportages au centre hospitalier intercommunal de Fréjus. L’article nous présente le service alcoologie. Depuis 2004, pour aider le public dépendant ou sur le point de l’être et les familles désorientées, l’hôpital s’est doté d’un centre de cure ambulatoire en alcoologie composé d’une équipe de médecins, infirmières, psychologues, travailleurs sociaux, et propose une prise en charge complète du patient.

L’alcool, est souvent associé culturellement à la détente, la fête, la convivialité, la récompense après l’effort comme par exemple une journée de travail. L’accent est mis sur ses aspects positifs, mais rarement sur ses effets néfastes.
Toutes les consultations sont individuelles et gratuites.

Dès la première prise de contact, une infirmière spécialisée dresse un bilan, puis un professionnel prévoit un traitement personnalisé, médicamenteux pour accompagner le sevrage, et toujours assorti d’un suivi psychologique.
Thérapie cognitive et comportementale, information sur l’abus d’alcool, groupes de parole pour les malades et aussi pour les familles, rencontre avec les mouvements d’anciens buveurs figurent parmi les outils utilisés pour  soutenir les dépendants.
Le médecin responsable du service, docteur spécialisé en hépato gastro-entérologie, explique :

«L’alcoolisme n’est pas un vice, mais une maladie, que l’on peut soigner si le patent en a la volonté. Il faut dédramatiser et ne pas porter de jugement. L’alcool agit en deux phases, celle de la lune de miel ( on boit pour le plaisir), puis survient la lune de fiel, (on boit pour ne plus être mal). Parce que la consommation fréquente et en quantité de ce produit, pourtant au départ faiblement addictif,  ( 5% alors que pour la cocaïne, le taux est de 80%).
Si 70% des personnes en font un usage normal et ne deviennent pas dépendantes, 15% ont un usage à risque, voire nocif, et 5% sont dépendantes».
Les personnes qui se présentent dans le service ont en général un problème d’alcool récurrent depuis longtemps, problème qui a souvent engendré de gros problèmes personnels tels que des violences et des conflits conjugaux, la perte d’un emploi, une désocialisation…
Par ailleurs, l’alcool est très souvent associé au tabac, et les consultants présentent des pathologies annexes, telles que l’hypertension ou des problèmes cardio-vasculaires, qui sont prises aussi en compte à l’hôpital.
Les médecins du service veulent également toucher les usagers à risque, ceux qui boivent de l’alcool de façon chronique et abusive, sans en éprouver encore de dommage. Ceux-là n’ont pas conscience de leur dépendance, ils la nient parce qu’il n’y a pas de déchéance sociale.

Voici ce que dit le médecin :

«Ils se plaignent parfois des reflux gastro-oesophagiens, de surpoids, d’anxiété, ils ont un bilan hépathique perturbé, des signes dont le grand public ignore qu’ils sont rattachés à une consommation importante d’alcool.
Le but n’est pas d’interdire l’alcool, ni d’empêcher les gens de boire, mais il est important de les informer sur les seuils de consommation autorisés par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), ce qui leur permet de s’évaluer et de s’interroger. Qui sait qu’un usage sans danger doit se limiter à deux verres d’alcool par jour pour une femme, et trois verres pour un homme ?
Qui sait qu’il ne faut pas consommer plus de quatre verres par occasion, et qu’il vaut mieux rester sobre au moins un jour par semaine ?»


Un dépistage précoce en médecine générale et une prévention avant la dépendance sont essentiels,  vitaux même.
Car en France l’alcool est responsable de 45 000 morts : cirrhose, cancer ORL, maladie cardio-circulatoires. Mais il est aussi présent dans 30% des accidents de la route mortels, dans les cas de violences conjugales.

Le problème touche aussi de plus en plus les jeunes.
L’alcool bénéficie auprès de ce public d’une image positive: il est étroitement lié à l’idée de la fête, il est le symbole d’affirmation de soi, d’indépendance, de virilité, d’appartenance à un groupe, de sensations fortes…
Et comme ils sont beaucoup plus vulnérables que les adultes, physiquement et psychologiquement, la fréquence des ivresses d’adolescents a augmenté en 2005 de 9% par rapport à 2003.

«Les adolescents sont la cible du marketting qui les sollicite par de nouveaux produits attractifs, des alcools forts et des bières aromatisées dont le goût de l’alcool est masqué par une grande quantité de sucre, mais dont les effets sont bien présents»
explique le médecin du service.
Les professionnels du centre de cure ambulatoire en alcoologie de l’hôpital, ont fait participer 1200 élèves de notre secteur de Fréjus Saint Raphaël, à un questionnaire anonyme concernant leur consommation. Au collège (de 11 à 15 ans), 69% des enfants ont déjà bu de l’alcool. Le premier verre est en général bu à 11 ans. A 15 ans, 79% d’entre eux disent avoir consommé de l’alcool au cours des douze derniers mois. La quantité consommée lors de la dernière prise d’alcool a été évaluée à cinq verres pour les garçons et à quatre verres pour les filles, ce qui correspond à une ivresse.
Concernant le tabac, au collège, 17% des élèves du secteur fument et 26% en classe de seconde (15-16 ans).L’âge du début de la consommation du tabac est 12 ans, et la consommation quotidienne moyenne est de 7 à 9 cigarettes pour les garçons et 6 à 7 pour les filles.

Pour le cannabis, 13% des collégiens disent avoir été initiés au produit, et 30% en classe de seconde..
L’âge du début est généralement 14 ans.

« Ainsi, dès le plus jeune âge, l’initiation au produit pouvant modifier le comportement est réalisée, et si une défaillance psychologique et des difficultés dans l’entourage s’y ajoutent, tous les ingrédients pour évoluer vers la dépendance sont réunis»,
conclut le médecin.


C’est exactement ce que je dis et ce que je répète tout au long de mes séances
d’information et de prévention.

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Sophie Daout, le 13 juin 2008
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Vol.4 No. 74
Valeurs du sport pour lutter contre la drogue

C’est un petit article du journal féminin « Femme Actuelle » signé par Claudine Colozzi, qui attire aujourd’hui mon attention. Il est intitulé : « Jeunes en réinsertion, Jean Galfione leur donne un nouveau cap ».

Jean Galfione est un athlète, un ancien perchiste et champion olympique. Dans le cadre de l’opération « Choisis ton cap », il parraine des jeunes venant des centres d’action éducative de Brest, Quimper et Bures-sur-Yvette. L’objectif de remettre ces jeunes,  ( ils ont entre 13 et 18 ans), dans la bonne voi,e car chacun d’entre eux a traversé des épreuves personnelles. Il s’agit de mineurs en danger, des délinquants ou de jeunes majeurs en difficulté.

L’action a été initiée par l’association Athlètes du Monde avec le soutien de Nivéa, et en collaboration avec la Protection Judiciaire de la Jeunesse. La PJJ, créée en 1945, est un service du Ministère de la Justice, dont la mission est la prise en charge et l’accompagnement éducatif de mineurs et de jeunes majeurs sous mandat judiciaire. Encadrés par des éducateurs de la PJJet de l’association Athlètes du Monde, ils ont suivi Jean Galfione et son co-équipier Gilles Favennec pendant plusieurs mois. Les deux skippers les ont initiés à la navigation lors de sorties en mer. A partir du mois de septembre, l’opération « Choisis ton cap ! » leur offrira l’opportunité de suivre une formation professionnelle d’éducateur sportif en un an.
« Nous avons voulu plonger ces jeunes dans l’univers de la compétition de haut niveau, explique Jean Galfione. Le sport véhicule un message qui passe bien auprès d’eux. Leur confier des responsabilités peut provoquer un déclic et les inciter à faire quelque chose d’utile dans leur vie »

La journaliste conclut ainsi son article :

« Tomber puis se rétablir. C’est sans doute à cette capacité de rebond que l’on reconnaît les grands champions. Une façon de relever ensemble un défi humain qui va bien au delà de la seule performance sportive »
De la même manière, je vais vous reparler aussi de Hébévolution. Je vous ai déjà présenté cette association  ici, car elle m’a fait le grand plaisir de me demander d’en être présidente d’honneur.

Hébévolution est donc une association de lutte et de prévention contre l’usage du cannabis et des autres drogues, par le biais du golf, au profit des enfants et des adolescents, issus des zones urbaines, des quartiers sensibles et défavorisés.
C’est parce que les objectifs de l’association ont plu à William Gallas, le footballeur, qu’il a accepté d’en devenir le parrain et l’ambassadeur officiel, notamment à travers les apparitions et interventions publiques et médiatiques.  En faisant la promotion du slogan " Meilleur que l’herbe... le Green", le capitaine d’Arsenal et pilier de l’équipe de France, élément pivot de l’association, et qui connaît le poids des responsabilités,  veut ainsi provoquer chez les adolescents, une réelle prise de conscience en ce qui concerne l’emprise des stupéfiants.

Le développement du golf se fait dans le respect des règles de l’étiquette et des statuts de la F.F Golf. Les activités physiques et sportives constituent un facteur important d’équilibre, de santé, d’épanouissement de chacun; elles sont un élément fondamental de l’éducation, de la culture et de la vie sociale, et leur pratique constitue un droit pour chacun. L'association se fixe pour but l'épanouissement moral et physique des jeunes en toute liberté, en les informant, qu'ils peuvent s'épanouir autrement que par la consommation de produits illicites. Elle souhaite développer une autre façon de communiquer à travers un sport qui jusque là n'était pas accessible à tous.

L’idée me plaît. Le sport, ou la drogue ?

Dans la drogue, c’est le plaisir d’abord et ensuite la souffrance. Dans le sport, c’est l’inverse, on souffre dans l’effort et le plaisir vient après.
Moi, je choisis le sport, et vous ?

Le cannabis est une drogue et les adultes, parents ou non, ont la responsabilité de préserver notre jeunesse, et non de banaliser ce produit voire d'en vanter des vertus inexistantes ou très éphémères, car on tait souvent par ignorance ses réels effets et ses dramatiques ravages post-accoutumance.
 
 


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Sophie Daout, le 20 juin 2008
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Vol.4 No. 75
Quand faut-il parler de la drogue aux enfants ?

Depuis plus de quinze ans maintenant, tout de suite après la sortie de mon premier livre «Lâche ta drogue…et tiens bon !», j’ai dû commencer à parler de la drogue aux jeunes. Mes élèves avaient en effet eu la surprise de voir leur conseillère d’orientation-psychologue dans leur télé ou dans leurs journaux, ils m’avaient entendu parler de la drogue d’une façon différente de ce qui leur était dit, et ils voulaient donc m’interroger. Ces adolescents avaient à peu près quinze ans, et c’est vrai que je les trouvais un peu jeunes. D’ailleurs le médecin scolaire m’avait mise en garde : «Attention, leur en parler peut être incitatif» ! Elle croyait sans doute que personne avant moi n’avait abordé le sujet. Ah, comme elle se trompait !
Les jeunes en effet sont très tôt informés.

Par qui ?

Mais par les marchands, bien sûr, qui font leur propre promotion des produits qu’ils vendent. Les enfants sont informés, mais leurs parents n’en savent rien. Et c’est dommage, parce que l’information donnée est tronquée. Car les dealers ne parlent que des côtés positifs de leurs produits, mais jamais de l’autre versant.

Alors quand faut-il parler de la drogue aux enfants ?

J’ai cheminé au cours de toutes ces années et je me suis rendu compte que les jeunes sont abordés de plus en plus tôt. Les vendeurs nous prennent de vitesse et n’hésitent pas à aborder des enfants. Ce sont eux, ces enfants là qui me le disent. Je savais que Tifenn, qui est le fil rouge de mon livre «Jamais douces, les drogues», avait fumé son premier joint à onze ans, mais elle restait l’exception. Je pensais que l’enfance était préservée. Mais pas du tout !

J’ai fait le choix, face à l’ampleur du phénomène, de m’adresser à des enfants de dix ans, avant leur entrée au collège où ils rencontreront FORCEMENT les produits. Bien sûr, je continue à m’adresser aussi aux adolescents plus âgés dès lors qu’ils m’invitent, bien sûr aussi, j’apporte des réponses aux parents quand ils me le demandent, mais je vais de plus en plus dans ces classes de CM2 qui constituent la fin du cycle d’études primaires. Je demande aussi à rencontrer leurs parents, mais il y a beaucoup de résistances. Or, ignorer le problème ne l’empêche pas d’exister, bien au contraire. Et c’est avant l’adolescence, quand les parents bénéficient  encore de la part de leurs enfants d’une grande admiration, (« ma maman c’est la plus belle, et mon papa, c’est le plus fort ! ») et d’une grande confiance, que les parents doivent leur parler. C¹est à l'âge de 11 ans que les enfants deviennent réceptifs à l'information, tandis qu¹à partir de 12 ans ils tendent à croire le contraire de ce que débitent les parents. En outre, les trafiquants sont en embuscade dès l'entrée au collège.

Car les ados sont particulièrement vulnérables et c’est pendant l’adolescence que commencent presque toujours les dépendances. Et il y a à cela une explication scientifique.

En effet, l’étude du cerveau nous montre que la maturation du cerveau limbique, celui qui gère les émotions, se termine vers 14-16 ans. La maturation du cortex, elle, ne s’achève qu’entre 20 et 25 ans. C’est l’immaturité du cerveau, devenu un instrument plus complexe et potentiellement plus performant, qui devient chez lui source d’instabilité et d’angoisse. À l’adolescence, l’enfant perd la sécurité et le confort d’une vision toute simple du monde. Il a maintenant un cerveau capable d’envisager un monde complexe qui lui propose des choix. Il est comme l’adulte qui essaie de programmer son nouveau magnétoscope. Il se sent impuissant et stupide jusqu’à ce qu’il apprenne à l’utiliser, ce qui présente une instabilité et un inconfort persistants.

Manifestement passionné par cette problématique, le Dr Jacques Jungers, gynécologue, mais avant tout père de trois adolescents, donne des conférences et a répondu aux questions d’une journaliste Laurence Dardenne pour le journal « La Libre Belgique ».

Que sait-on au juste du cerveau des adolescents ?

Depuis l'arrivée de l'imagerie par résonance magnétique (IRM), comme outil médical d'investigation, on s'est rendu compte qu'à 12 ans, le lobe frontal qui nous différencie de toutes les espèces vivantes sur terre et qui fait de nous des êtres humains, est non fonctionnel. Ce fut une découverte extraordinaire car, jusque-là, on pensait que le cerveau d'un enfant avait déjà terminé son développement et qu'il était identique à celui d'un adulte. Il n'en est rien. La mise en fonction de ce lobe frontal est directement liée à l'environnement de l'adolescent. Cette maturation va durer douze années encore. Le cerveau n'est en fait un organe complètement fonctionnel qu'à l'âge de 24 ans.

Qu'est-ce que cela signifie ?

Cela veut dire que le cerveau n'est "câblé" ou qu'il n'a fini sa structuration qu'à 24 ans. Et c'est en fonction de l'environnement, c'est-à-dire de la qualité du temps et des liens de l'ado, qu'il va câbler son lobe frontal servant à planifier ou à coordonner l'ensemble du reste du cerveau.
Qu'est-ce qui peut entraver ce "câblage" et quelles en sont les conséquences ?

Essentiellement les drogues, ou la recherche du plaisir et de la satisfaction immédiate par les assuétudes que ce soit le haschich, la chicha ou le poker, entre autres. Toutes ces drogues vont moduler une réaction chimique au niveau de la jonction nerveuse appelée "synapse" et ainsi détruire les nerfs. Mais c'est aussi l'environnement, dont la qualité des liens, qui va faire la différence. S'il y a des défaillances à ce niveau, les conséquences sont irrémédiables. Le lobe frontal contrôle en effet l'ensemble des fonctions du système nerveux ainsi que le système limbique qui est le système de récompense, de l'affection, de l'émotion. C'est pourquoi, tant que le lobe frontal de l'enfant ou de l'adolescent n'est pas fonctionnel, il sera toujours amateur de sensations fortes, de dépassement de soi et d'émotions extrêmes. Ce qui explique des expressions comme "Ce type est vraiment trop !". Le fait que les adolescents utilisent souvent des superlatifs dans leurs relations affectives est lié au lobe frontal qui ne gère pas l'ensemble de leurs émotions. Pour ressentir des émotions fortes, les adolescents vont faire des choses extrêmes, comme des sports. Et le lobe frontal ne va pas les faire résonner sur le risque réel qu'ils prennent. Un ado qui sort d'une boîte de nuit complètement "bourré" ne maîtrise pas le risque qu'il prend en se mettant au volant. Il faut donc le lui expliquer pour qu'il comprenne. Lui interdire ne sert à rien car il recherche précisément des émotions fortes. Un autre exemple : dire à son adolescent que, demain, il faudra sortir les poubelles et faire la vaisselle avant d'aller voir ses copains n'aboutira à rien. Douze heures après, il est incapable de remettre ces trois éléments dans l'ordre car la seule chose qui compte pour lui, ce sont les émotions, en l'occurrence voir ses copains.

En quoi la prise de drogue, à cette période précise, s'avère-t-elle encore plus dangereuse ?

Qu'il s'agisse de tabac, de haschich, de cocaïne ou de toute autre drogue, cette prise aura pour effet de renforcer le système limbique de récompense mais par ailleurs de détruire les cellules nerveuses du lobe frontal. Or, la destruction d'une cellule nerveuse est irrémédiable, et c'est là le drame. Car nous avons constaté que la première cause de mortalité chez les ados est le suicide. Or, quand on renforce le système limbique d'un enfant, il va exploser de telle sorte que, soit il fait un voyage magnifique, soit il fait une dépression s'il a le blues. Cet effet-là sera également renforcé. Et le premier pétard est probablement la première cause de passage à l'acte, la première cause qui pousse l'ado à franchir le pas et à se suicider.

Plus le lobe frontal est immature, c'est-à-dire plus on est proche des 12 ou 13 ans, plus les dégâts seront causés facilement et s'avéreront irréversibles. C'est pourquoi les vendeurs de drogues ont intérêt à s'adresser à un public le plus jeune possible qui n'a pas la capacité de gérer l'effet pervers de ces drogues. Fumer ou boire de l'alcool à 12 ans est beaucoup plus grave que fumer à 20 ans. Car l'alcool et la drogue ne font qu'accentuer voire maintenir dans l'immaturité le lobe frontal d'un adolescent. Ce n'est en effet qu'à l'âge de 24 ans que les hormones vont libérer l'ensemble du lobe frontal pour que son câblage se termine.

On comprend mieux, en lisant ce médecin, pourquoi les dealers ont intérêt a approcher des enfants jeunes pour « fidéliser » leur clientèle.

Ils ont compris avant nous !!
Mais nous aussi !!
Nous, les parents et les éducateurs avons intérêt à parler de la drogue très tôt à nos petits !
 
 

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Sophie Daout, le 20 juin 2008
HAUT DE LA PAGE





























Vol.4 No. 76
Filles perdues

En regardant samedi, une émission à la télé dont le titre était « Inde : brigades anti-foeticides », j’ai repensé  à mon voyage en Inde, dont je vous ai parlé ici. Je me suis rappelé ces belles et longues femmes brunes, aux saris multicolores, leurs allures de biches et leur sourire éclatant. Dans la rue, des fillettes jouaient ou me prenaient par la main pour faire quelques pas avec moi avec la spontanéité des enfants de cet âge là. Or, il ne fait pas bon de naître fille en Inde !

Dans ce pays, l’arrivée d’un bébé de sexe masculin est une fête, la naissance d’une fille passe, au mieux, inaperçue. Et pour cause, car, dans les rites hindous, seul le fils peut allumer le bûcher funéraire de ses parents., il est donc l’unique garant de leur réincarnation, celui qui leur permet de mourir en paix. De même en tant que seul héritier, le garçon permet que les terres et les biens restent dans la famille. En revanche, en raison d’une coutume ruineuse qui veut que la famille doive payer une dot à la fille, « avoir une fille, c’est comme arroser le jardin du voisin, ça ne sert à rien », comme l’explique un dicton.

Voilà pourquoi partout, dans les écoles, les rues, les villages,  les hommes sont en surnombre, en moyenne dix pour sept femmes, et dans certains villages, deux garçons pour une seule fille...
Car les « indésirables », les bébés de sexe féminin sont « éliminés ». Oui, en Inde, les petites filles meurent beaucoup en bas âge !!! Mais les techniques évoluent, même si les mœurs ne changent pas. Alors, aujourd’hui, c’est dans le ventre de la mère que l’on agit, c’est le foeticide pratiqué en masse! Le développement de l’échographie a accentué le massacre.  Pourtant la loi de 1994 interdit aux médecins de révéler le sexe du bébé. Et même s’il est officiellement prohibé, l’avortement sélectif est devenu un marché clandestin très lucratif. Pour quarante euros environ, des gynécologues du secteur privé ou public, proposent des services tout compris, échographie+avortement quand le fœtus est féminin. Certains médecins sont près à avorter des fœtus jusqu’à huit mois.

Certaines femmes subissent IVG après IVG pour obtenir enfin un fils. On nous montre dans l’émission, une femme entourée de cinq filles. Elle a déjà avorté six fois. Après onze grossesses, elle sait que tant qu’elle ne donnera pas le jour à un garçon, elle ne pourra pas être heureuse !  Elle dit : « Je suis triste tous les jours en pensant à mes filles que j’ai tuées juste pour avoir un fils. C’est contre-nature, mais c’est la tradition ! »
Il y a six millions d’avortements par an en Inde, dont 90% sur des fœtus féminins.
« Pour le fœtus, pas de problème, on peut le jeter n’importe où, dans la poubelle, dans la rivière, dans le Gange », explique une gynécologue d’un hôpital public.

Pourtant les mentalités évoluent peu à peu et des contre-pouvoirs émergent. Les femmes ont déjà commencé à se mobiliser. Certaines associations mènent des campagnes de sensibilisation dans les villages auxquelles des femmes viennent assister et jurer qu’elles n’avorteront plus, et « une femme qui fait ce vœu sacré ne peut plus le briser.. Les autorités ont elles aussi décidé de s’atteler au problème en lançant le programme « Déesses de la prospérité ». Le but est de sauver 100 000 fillettes d’ici à 2009, en versant plus de 3000 euros à leurs mères. C’est une somme très importante pour le pays, et la somme est étalée jusqu’au 18 ans de l’enfant pour éviter l’infanticide.

Il était grand temps de réagir, car en Inde aujourd’hui, il manque 60 millions de femmes et ce déficit s’accompagne de viols, de prostitution et d’enlèvements. Comme le dit le commentaire de ce reportage, « Il faut bien satisfaire ce trop-plein d’hommes » !

Un pays qui assassine ses enfants est un pays qui va mal.
Un pays qui ne protège pas ses enfants ne va pas bien non plus.
Entre tuer ses filles et ne pas lutter contre la drogue, il y a certes une différence, mais au bout du compte, on s’attaque bien dans les deux cas aux forces vives d’un pays et à sonl’avenir !
C’est du moins mon point de vue !

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Sophie Daout, le 11 juillet 2008
HAUT DE LA PAGE






























Vol.4 No. 77
Dans ma chronique n°75, je posais la question de savoir à quel âge il fallait parler de la drogue avec les enfants, et je citais l’interview du Docteur Jacques Jungers.
Sur le Net, j’ai trouvé le témoignage de Valentine, qui, ayant assisté à une conférence de ce médecin, en fait un résumé. Le voici :

« Je suis allée hier à une conférence d'information dans une école où il y a eu, à la demande de la direction en avril, une descente de police dans le cadre de la lutte contre les stupéfiants.
Etaient présents:la directrice, les policiers, un médecin, des parents, quelques ados.
La salle était comble, certains étaient debout.

On a d'abord abordé les différentes drogues avec échantillons et l'aspect juridique ainsi que pour les conducteurs...Ensuite le médecin Jacques Jungers, s'est efforcé de démontrer avec schémas à l'appui les effets dévastateurs et irréversibles sur le cerveau.
Ainsi, en se basant sur des études IRM (depuis 2005)et autres autopsies, il apparaît que le nombre de neurones est à son maximum à... 12 ans. A cet âge, le cerveau est en période d'émondage (tri au détriment de certaines facultés pour laisser de la place à d'autres), jusque 24 ans, où le cerveau atteint sa complétude. Nous utilisons 100% de nos capacités cérébrales et non 10. Nous créons par contre des connexions toute notre vie mais nous ne remplacerons pas celles qui ont été détruites pour X raisons.

Les deux moments de la vie où l'être humain est totalement dépendant c'est la naissance et l'adolescence qui dure plus ou moins 10 ans. Pourquoi à l'adolescence? Le cerveau se développe de l'arrière vers l'avant (les 5 sens et la coordination jusqu'à 2 ans de vie).
Le front est la zone qui nous intéresse chez les ados ou les adultes en voie de développement. On se retrouve devant 3 points sensibles:

  • le centre limbique des émotions (mal-être)
  • l'immaturité du lobe frontal
  • l'arrivée massive d'hormones qui bloquent le frontal.


Demandez à un ado de terminer son travail, de vider le lave-vaisselle puis de voir ses amis, il en est INCAPABLE!Il Il va oublier un truc, n'aura pas envie, il pètera un câble, ( une synapse) inconcevable pour lui!
Organisation-frontale.

Dites-lui qu'il sera balayeur de rue s'il rate ses études, il se marre!
Anticipation-frontale.

Demandez-lui s'il a fait un choix pour telle ou telle chose:ouaiiis-ouais,plus tard!
Décision-frontale.

Promettez-lui 10€ s'il a fait son travail: bingooo!
Action-réaction de la zone occipitale déjà mature.

Il ne connaît pas le coup de pompe quand il sort la nuit, car il ne crée pas encore de mélatonine (hormone du sommeil). C'est donc pendant cette transition 12-24 ans qu'on choisit d'utiliser nos neurones ou de les perdre définitivement.
Use it or lose it.
Les neurones et les synapses détruits contrairement aux idées reçues ne se renouvellent JAMAIS. Ils laissent juste plus de place à ceux qui restent...nuance.
Les dégâts causés par UN joint attaquent le système limbique(émotions), le triatum (fainéantise immédiate), l'hypophyse, les connexions, bloquent les récepteurs et inhibent le cortex frontal ( perception, décision, organisation, anticipation) et sont visibles à l'IRM même 10 ans plus tard.
Yesssssssssssssssssssss!
Imaginons 6 joints par jour pendant cinq ans !!
A 24 ans, la maturité du sujet est celle d’un ado de 14 ans!

3joints=1 paquet de cigarettes=1 bouffée de chicha (charbon pur et toxicités du tabac à chicha "adoucis" par l'eau)

Le cannabis est une vraie drogue,  douce ou pas douce, arrêtons de nous voiler la face:c'est une vraie drogue de dépendance mentale et physique.

Sympômes pour rappel:
 

  • Humeurs renforcées, supériorité, nausées, angoisses, pupilles, cernes bruns, yeux rouges, apathie, angoisses, mélancolie, envies de sucrés et de gras=dépendance installée.
  • dépression, schizophrénie, épilepsie, tendances suicidaires
  • isolement, changement d'amis, hallucinations, temps de réaction ralentis.
  • baisse de l'immunité, infertilité
  • tremblements, agressivité, impatience, sueurs
  • envie d'essayer autre chose


Tous n'iront pas jusque là...

On insistera toujours sur l'amour et la qualité du temps passé ensemble ainsi que l'investissement de chaque parent.
C'est sûr que notre réalité de vie ne nous y aide pas et moins qu'avant, mais être conscients que la Secte Cannabis s'impose grâce à la "tolérance" de certains gouvernements, nous amène à faire réfléchir différemment pour nos ados... »

Je pense que Valentine se souviendra longtemps encore de sa rencontre avec ce médecin. Je suis sûre qu’elle sait maintenant pour quelles raisons elle ne doit pas s’approcher des drogues, même si on lui dit que certaines d’entre elles sont « douces » !
Je souhaiterais que mes séances aient autant d’impact sur les jeunes !
Et j’adorerais moi aussi rencontrer le docteur Jacques Jungers !
 
 

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Sophie Daout, le 18 juillet 2008
HAUT DE LA PAGE





























Vol.4 No. 78
Jeu et addiction

Un groupe d'experts de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a rendu publique ce mardi une «expertise collective» sur le jeu pathologique. En 2006, 30 millions de personnes ont joué au moins une fois dans l'année à un jeu de hasard et d'argent. Chez certaines personnes, le jeu peut devenir une addiction. Le journal «20Minutes.fr, éditions du 22/07/2008 - 18h30 » titre « «Certains joueurs abusifs peuvent se retrouver à la rue» et rapporte l’entretien d’un journaliste, Sylvain Mouillard avec le professeur Jean-Luc Venisse, du pôle universitaire d'addictologie et de psychiatrie du CHU de Nantes, qui a participé à cette expertise collective.

Pourquoi cette expertise?
Les Français jouent-ils plus aux jeux de hasard et d'argent que les autres?

Non. Ils ont même tendance à jouer un peu moins que leurs voisins du fait de la réglementation française. L'Etat dispose en effet d'un monopole sur ce secteur. Mais la Commission européenne souhaite l'ouvrir à la concurrence. Cela devrait augmenter le nombre de joueurs. Le véritable problème, c'est qu'on manque de données épidémiologiques pour connaître l'ampleur du phénomène dans l'Hexagone. Une grande enquête va débuter à la fin de l'année et durera deux à trois ans. Elle concernera environ 20.000 personnes et permettra de mieux s'occuper des joueurs en difficulté qu'on récupère parfois tardivement.
Qui sont ces joueurs?
Ceux qui perdent le contrôle de leur conduite de jeu et dont le cas devient pathologique. Ils peuvent jouer au casino, au PMU, à la Française des Jeux... Plus récemment, on a vu apparaître des jeux en ligne, comme le poker. On estime qu'ils seraient entre 300.000 et 600.000 «addicts» en France. Les jeux en ligne touchent davantage les jeunes. En revanche, le casino et les jeux de grattage concernent plus les seniors. Socialement, ce sont des catégories plus défavorisées économiquement qui sont touchées.
Quels sont les symptômes et les dangers de cette dépendance?
Il y a des signes de manque, de l'anxiété, des troubles du sommeil. Les joueurs abusifs peuvent mettre en danger leur vie professionnelle, sociale, familiale. Dans les cas les plus extrêmes, cela peut aboutir à des problèmes financiers. Certains se retrouvent même à la rue.
Comment traiter ces malades?
Comme pour toutes les addictions (alcoolisme, toxicomanie), le plus difficile est de reconnaître sa dépendance et ses difficultés. On pousse donc le malade à prendre conscience de l'ampleur des conséquences négatives de ses actes. On réalise aussi un travail important sur les croyances irrationnelles. Tous les joueurs ont par exemple l'illusion de pouvoir contrôler le hasard. D'autres en arrivent à personnaliser leur relation avec une machine à sous. L'objectif est d'aider la personne à réduire voire arrêter sa consommation, et à prévenir les rechutes en proposant des activités alternatives. On propose aussi une aide sociale, pour remplir les dossiers de surendettement.
Quelles sont les pistes à développer?
Il faut accentuer la recherche dans ce domaine, notamment au niveau sociologique. Mais aussi développer largement la prévention et les procédures d'aide, avec par exemple un numéro vert.  Enfin, il est nécessaire d'augmenter le nombre de centres de prise en charge des joueurs à problème.
Certes, l’addiction au jeu ressemble à la toxicomanie et certes, il faut soigner les personnes dépendantes.
Mais la comparaison a des limites car, quand on parle de drogue, il ne faut pas oublier le rôle du produit qui détruit l’individu physiquement et psychologiquement !

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Sophie Daout, le 25 juillet 2008
HAUT DE LA PAGE





























Vol.4 No. 79
Un éditorial dans le journal féminin « Elle », et qui recoupe deux autres faits divers, retient aujourd’hui mon attention. 
Il s’intitule « Voile sur les JO ».

Soutenir les droits de l‘homme en Chine à l’occasion des JO de Pékin ? Une évidence…Mais les droits des femmes ? Une fois de plus, on les oublie et on les ignore ! Et même au sein des Olympiades. Neuf pays, dont six musulmans vont envoyer des délégations composées !M^rmr combat  uniquement d’hommes dont Le Qatar, l’Arabie Saoudite, Bahreïn, Oman, le Yémen et les Emirats Arabes Unis. Et deux pays au moins, l’Iran et l’Egypte, feront concourir des athlètes féminines voilées avec la bénédiction du CIO.

Alors même que le port du voile islamique est en contradiction totale avec la Charte Olympique qui précise, dans son article 51, « qu’aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée  dans un lieu, site ou emplacement olympique ».
Neuf pays, direz-vous, c’est peu par rapport aux statistiques qui annoncent 40% d’athlètes féminines. Et puis, ne vaut-il pas mieux des femmes voilées que pas de femmes du tout ?

A ces deux arguments, on répond non !Catégoriquement non ! Comme l’a fait le Comité Atlanta + créé au_ lendemain des JO de Barcelone de 1992. Cette année là, c’était le grand retour de l’Afrique du Sud, après plus de trente ans d’exclusion pour ségrégation envers les Noirs. Toute la presse s’en était réjouie sans remarquer que dans le même temps, 35 délégations excluaient les femmes. Grâce à l’action d’Atlanta+, le nombre de délégations uniquement masculines est aujourd’hui passé à neuf. Un progrès relatif qui prouve qu’on peut faire bouger les choses.
Mais le combat continue. Comme le rappelle Annie Sugier, une des fondatrices du comité Atlanta +, autoriser le voile sur le stade  c’est ouvrir la porte aux dérives et aux pressions politiques et religieuses. Une Hassiba Boulmerka, algérienne et médaille d’or du 1500 mètres à Barcelone, ne pourrait peut-être plus courir en short, ce qui, à l’époque lui avait valu des menaces de mort. C’est aussi exclure les sportives de disciplines incompatibles avec le port du voile : allez donc nager avec un tchador !

C’est enfin cautionner, comme le fait le CIO depuis quelques années en y envoyant des observatrices, le tenue des « Jeux de la Solidarité Islamique » destinés aux femmes en l’absence de toute présence masculine et de tout journaliste.

Ces questions ont été évoquées par Atlanta + dans une lettre adresser à Jacques Rogge, le Président du CIO, celui-là même qui s’est appuyé sur ce fameux article 51 pour interdire aux athlètes français d’arborer à Pékin un badge citant la charte olympique « Pour un monde meilleur ».

Ce qui n’était pas franchement subversif !

Pour l’instant aucune réponse de sa part !

Faut-il en conclure que pour le CIO tous les sportifs sont égaux, mais que certains le sont plus que certaines ?
Par ailleurs le fait-divers suivant défraye la chronique :
Selon Le Monde, une décision du Conseil d'Etat du 27 juin a confirmé le refus d'accorder la nationalité française à une Marocaine de 32 ans, mariée à un Français et mère de trois enfants nés en France, pour "défaut d'assimilation". Cette femme porte en permanence un long vêtement qui ne laisse voir les yeux que par une fente. Elle « a adopté, au nom d'une pratique radicale de sa religion, un comportement en société incompatible avec les valeurs essentielles de la communauté française, et notamment le principe d'égalité des sexes".
Selon la commissaire du gouvernement, elle se serait à trois reprises présentée à des entretiens avec les services sociaux ou la police "recouverte du vêtement des femmes de la péninsule arabique, longue robe tombant jusqu'aux pieds, voile masquant les cheveux, le front et le menton et une pièce de tissu masquant le visage et ne laissant voir les  yeux que par une fente
Arrivée en France en 2000, la femme a reconnu "spontanément" appartenir avec son mari au courant salafiste, un islam rigoriste conforme à ceux des premiers disciples du Prophète. Elle a indiqué avoir pris le voile à la demande de son mari, après son arrivée sur le sol français. Parlant bien le français, la jeune femme a, au cours de l'une de ses grossesses, été suivie par un gynécologue homme.
Cet épisode intervient quelques semaines seulement après l'annulation d'un mariage à Lille au prétexte que la mariée n'était pas vierge. Une décision qui avait provoqué un tollé en France.
Le procureur de Lille a interjeté appel mardi du jugement du tribunal de grande instance (TGI) de Lille qui avait annulé un mariage parce que la mariée avait menti sur sa virginité.
La décision d'appel intervient moins d'une semaine après la diffusion le 29 mai du jugement rendu le 1er avril et qui a provoqué depuis une vive émotion, notamment parmi les défenseurs des droits de la femme, et une avalanche de réactions d'indignation.
Mais, interrogé mardi par l'AFP, Me Charles-Edouard Mauger, l'avocat parisien de l'ex-épouse, a déclaré que sa cliente se sentait «très, très mal» depuis qu'elle avait appris la décision d'appel, alors que l'annulation de son mariage lui avait apporté «du soulagement».

Selon l'avocat, la jeune femme, une étudiante infirmière d'origine marocaine âgée d'une vingtaine d'années, n'est «pas d'accord» avec l'appel et lui a dit: «"J'ai ma vie à reconstruire. Je n'ai pas à être victime du système politique (...). Je comprends la polémique mais elle absorbe ma vie"».

Le mariage avec un ingénieur de Roubaix, musulman comme elle, avait eu lieu en juillet 2006. Selon Me Mauger, quand son mari a dit à son épouse - qui réside aujourd'hui dans la région parisienne - vouloir engager une procédure d'annulation, elle avait d'abord résisté avant de céder devant la crainte d'une longue procédure.

«Dès lors qu'elle a compris qu'elle était embarquée dans une aventure qui pouvait durer de nombreuses années, elle m'a mandaté pour signifier au tribunal son désir d'acquiescement au principe de demande en nullité», a-t-il ajouté. Ce principe «n'était pas un acte de soumission mais de libération». Au sujet de l'appel, il a estimé qu'une «infirmation totale du jugement serait pour (sa) client un désastre. Une confirmation serait un soulagement mais avec beaucoup d'angoisse inutile».

«Il aurait été plus serein de ne pas faire appel, de poser le débat (...) et de s'acheminer vers une modification de l'article 180, en indiquant que la notion de non-virginité ne pourrait pas être invoquée en tant que qualité essentielle permettant d'annuler un mariage. Et là tout serait réglé», a-t-il conclu.

Ces trois faits-divers semblent très différents. Ils posent cependant une fois de plus le problème de la Liberté, de l’Egalité, de la Fraternité qui sont inscrits au fronton de toutes les mairies de France !

Une société se doit de faire appliquer les valeurs de son pays.
Mais nous constatons que c’est parfois difficile !

Sommes-nous vraiment très loin des problèmes de lutte contre la drogue ?

Pas vraiment, puisqu’il s’agit ici de protéger les femmes,
et là de protéger les enfants : c’est d’après moi, le même combat !

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Sophie Daout, le 1er Août 2008
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Vol.4 No. 80
A quoi sert notre forum ?

Septembre est de retour et les vacances sont terminées.

Et pour votre chroniqueuse également !
Je reprends donc avec vous nos échanges hebdomadaires.

Notre forum, lui, a continué d’accueillir les messages. Nous recevons régulièrement entre 200 et 300 visites par jour. Mais, après le passage de ma vidéo, nous en avons eu jusqu’à 9000 un jour. Et aussi des attaques de nos fidèles posteurs, les UD comme ils se nomment, c’est à dire les usagers de drogues. Le ton a parfois été vif, et il m’a fallu répondre. Si bien qu’un message de Carole est arrivé,  intitulé « l’utilité de ce forum » et que je retransmets ici :

«  Les derniers échanges sont un peu trop emportés à mon goût.
Qu'attendons-nous du forum ?
Ma première réaction a été " ouf je suis pas toute seule". Et ça c'est déjà un soulagement car je crevais à petit feu de me taire. Enfin j'ai pu dire " ma fille est toxicomane et j'ai mal à en mourir". J'ai discuté avec des gens qui m'ont soutenue, encouragée.
Je n'attends pas de Sophie qu'elle " sauve " ma fille mais plutôt un partage de nos expériences puisque Lionel a eu à peu près le même parcours que ma fille. Ce partage pour moi c énorme. Et puis j'ai rencontré des UD ou ex UD ( Pierre, Samuel....) qui m'ont beaucoup appris sur la drogue d'un point de vue "technique" si je puis dire, en particulier sur l'héroïne puisque c’est de cela qu'il s'agit.
Du coup, il y a quelques semaines, j'ai eu une conversation de fond avec ma fille sur la drogue et sur sa consommation. J'ai parlé sans émotivité, avec fermeté et amour, ( sans verser une larme malgré les siennes). Cela faisait 2 ans que j'attendais ce moment. Et j'ai réussi grâce à vous tous. Ma fille a vu que je savais ( à peu près) de quoi je parlais et a cessé immédiatement le bluff.
C'est grâce au forum. Tout le monde a sa place sur ce forum. Marco Polo peut paraître des fois « rentre dedans » mais ses posts ont le mérite de nous inviter à sortir des idées préconçues. Je le redis, j'ai progressé grâce à vous tous. Enfin, les différents témoignages m'ont appris que chaque cas est différent et qu'il n'y avait ni solution miracle ni solution unique. Dorian s'enferme dans sa solitude, ma fille dans ses excès et peut être Amalia aussi, le fils de Maguy a dit stop après une incarcération, la fille de Patpat a eu une prise de conscience, Lionel s'est enfermé dans sa souffrance....Tous les cas sont différents : notre seul point commun à eux et à nous : la douleur. Putain de drogue......Viviane tu connais la suite de ma phrase.... »

Carole a tout à fait cerné les raisons pour lesquelles j’ai voulu créer ce forum qui joue le même rôle qu’un groupe de parole. Les maîtres mots en sont: respect, partage et amour.

Voilà ce que j’ai répondu à Carole :

Merci Carole, de recadrer le débat. Car tout le monde a sa place ici. Mais il ne faut pas se tromper de cible!
A quoi sert le forum?
 

Citation : 
Ma première réaction a été " ouf je suis pas toute seule". Et ça c'est déjà un soulagement car je crevais à petit feu de me taire. Enfin j'ai pu dire " ma fille est toxicomane et j'ai mal à en mourir".

Pour le partage, la mise en commun, la possibilité de mettre des mots sur ses maux, oui, c'est pour cela que j'ai voulu un forum, ce forum..."Ce partage pour moi c énorme", pour moi aussi!

" Et puis j'ai rencontré des UD ou ex UD …..qui m'ont beaucoup appris sur la drogue d'un point de vue " technique" si je puis dire, Du coup, il y a quelques semaines j'ai eu une conversation de fond avec ma fille sur la drogue et sur sa consommation…..
ça faisait 2 ans que j'attendais ce moment. Et j'ai réussi grâce à vous tous". (Carole)

Et c'est là que vous, les UD comme vous dîtes, pouvez nous aider, par solidarité, parce que notre combat est aussi le vôtre, sans à priori et sans jugement, merci Bong, merci Jh, merci Pierre...

Certes, Marco Polo peut nous aider , mais quand il n'est pas dans l'attaque et la provocation. Un peu de sérénité, et nous allons finir par nous comprendre...

Et nous,  tous ensemble, pour tenter, au cas par cas, de chercher des solutions…e-t non pas de nous disputer !
Carole: " Tous les cas sont différents : notre seul point commun à eux et à nous : la douleur. Putain de drogue......Viviane tu connais la suite de ma phrase....

Quelle belle conclusion!
Je n'ai rien à ajouter... »

Depuis ces échanges et mises au point, le ton s’est calmé, et même Marco Polo se dévoile un peu,  m’assure de son respect et nous donne des conseils.

Pourquoi en effet nous disperser quand nous sommes bien d’accord sur l’essentiel : il s’agit de protéger nos enfants !
 



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Sophie Daout, le 5 septembre 2008
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