| LES CORRESPONDANCES DE LEE |
Chantal
|
|
Objet: Les chroniques de Lee Date: Fri, 21 Jan 2000 21:11:43 -0500 De: Chantal (Québec) A: <lee@quandladrogue.com> Chère Lee, Je
viens de lire ta chronique du 21 janvier.Depuis que j'ai découvert
ce site, je viens souvent y jeter un coup d'oeil. A chaque fois,
je suis toute remuée,jusqu'au fond de l'âme...Vois-tu, je
vis aussi une situation de "codépendance".Je n'avais pas de nom
à mettre sur l'état dans lequel je patauge depuis quatre
misérables années...
En janvier, il nous avait juré dur comme fer qu'il se prendrait en main. Il a tenu une semaine sans consommer...allait consulter un spécialiste en toxico. Ce fut hélas de courte durée.... Il a depuis repris vite ses habitudes.Il vit avec nous, s'isole.C'est redevenu infernal..... Depuis que j'ai découvert tes chroniques, je me sens moins seule.Lorsque j'ai l'impression d'être la seule mère au monde à vivre ce cauchemar je viens te lire... Piètre consolation pour toi peut-être...mais sache que malgré les distances,je pense à ta fille et à toi.....Ce soir,j'ai pris mon courage à deux mains et me voilà.J'avais cet irrésistible besoin de venir partager ce que je vis.... Je prie, je suis croyante et c'est cette foi qui me permet de continuer.... Merci de prendre le temps de me lire.Je garde espoir pour mon fils et je garde espoir pour tous les enfants du monde qui vivent avec cette maladie. Je t'envoie des ondes d'amour, de paix. Chantal.
Objet:
Donnons-nous la main
Chère Chantal, J’ai reçu tes ondes d’amour et de paix et j’ai préparé grâce à ces ingrédients un partage de compassion basé sur notre espoir mutuel qui nous permet d’avancer un jour à la fois. Tu sais, je prends beaucoup de temps à écrire mes chroniques à chaque semaine. J’entreprends deux chroniques à la fois, une qui m’aide à accepter mon impuissance face à la toxicomanie de ma fille et l’autre qui m’amène vers le pardon de ceux qui m’ont fait souffrir dans mon enfance. Je ne sais combien de gens viennent me visiter pour partager avec moi mon cheminement qui parfois est semé de positif mais aussi d’embûches. Je suis contente que tu lises les mots qui expriment toutes les émotions qui polluent ma vie. Mais Chantal, comme tu le vois, ces écrits nous permettent de créer des liens car la toxicomanie détruit trop de familles et empêche bien des rêves de se réaliser. Il est important de prendre le temps de se ressourcer pour mieux vivre ces périodes pénibles. Rappelles-toi que nous sommes plus forts que nous ne l’imaginons. Nous avons la capacité d’affronter les événements qui se présentent dans notre existence. Il faut croire que l’intensité de l’expérience nous rendra plus fort, plus serein! Ton fils a 19 ans et il ne va plus à l’école. Puis-je au départ te suggérer d’écrire à Ronald Toupin, il saura t’exprimer en quelques mots les étapes qui marquent cette dépendance car il travaille dans ce milieu depuis très longtemps. Aussi, lis-tu ces chroniques qu’il écrit à raison de deux fois par semaine. J’aime le lire car il m’apporte une vision de l’autre côté de cette médaille d’enfer. J’aimerais au départ que tu comprennes que je ne suis que la mère d’une jeune fille qui consomme et qui a perdu le fond de son moi. Je suis une petite personne qui possède par contre, une écoute généreuse, et j’ai la foi en ceux que Dieu met sur notre chemin. Donc, si tu veux nous allons commencer cet exercice basé sur le dialogue et sur la compréhension que nous partageons dans notre rôle de mère. Nos chaussures ne sont peut-être pas de la même grandeur mais notre souffrance est similaire. Je relis certaines parties de ta correspondance et je te suggère fortement de contacter Ronald car des termes puissants comme «infernal», «dysfonctionne», et «s’isole» sont tous les signes d’un besoin de prise en main pour tous les membres de votre famille. Les démarches à suivent touchent chacun de vous puisque cette maladie devient une maladie familiale, elle entraîne une souffrance qui affecte le noyau si précieux. Je n’ai personnellement pas retrouvé cette relation qui nous unissait. Je ressens un tel vide dans mon for intérieur. J’ai besoin de serrer mes filles contre mon moi malade. Ma plus jeune était supposé venir me visiter mais, elle a d’autre engagement. Elle viendra peut-être la semaine prochaine. En 21 mois, je l’ai vu deux fois seulement. Mes poches sont vides et j’aimerais tellement jouer mon rôle de mère sans me sentir à part des autres. Que de ressentiment et d’angoisse que je ressens à ramasser les miettes laissées par cette maudite drogue de merde. Chantal tu es un pas en avant de moi car toi, tu sais que ton enfant a un problème et qu’il souffre. Il m’a fallu trop longtemps pour comprendre la déchéance qu’elle vivait. On apprend à travers nos comportements erronés et qui sait quoi dire devant la transformation de leur être. Par contre, si nous mettons en pratique certaines notions on se rend compte qu’il y a des aspects qui nous font grandir et qui opère des transformations en nous, qu’on penserait presque impossible à atteindre. As-tu réalisé des changements en toi? N’as-tu pas l’impression de contribuer au bonheur des autres? Est-ce que ta capacité d’aimer est plus grande? As-tu une meilleure écoute face à ceux qui souffrent? Parfois à travers une simple évaluation des bienfaits de nos souffrances on se rend compte du chemin parcouru. Entre toi et moi, tu me fais une telle joie à me dire que «Lorsque je l’ai l’impression d’être la seule mère au monde à vivre ce cauchemar, je viens te lire». La croissance personnelle est un processus continu et je considère que c’est un privilège de saisir cette opportunité qui s’offre à moi. Ce processus me permet de réfléchir sur nos comportements et d’admettre nos erreurs. Parfois dans nos réactions maternelles nous nous apercevons que ceux que nous avons voulu aider s’enfoncent et qu’ils ne sont pas reconnaissants pour ce que nous faisons pour eux. Parfois nos enfants nous demandent de les protéger, de les aider pour des comportements qu’ils ne veulent pas assumer les conséquences. Et nous nous retrouvons debout, frissonnant devant un mur rempli de ce que nous ne voulons plus voir dans notre vie comme : l’impuissance, la crainte, la dépendance, l’abus, la manipulation, la perte de contrôle, etc. Comme c’est difficile d’être parent tout court! Et d’être parent d’enfant qui souffre de toxicomanie demande une si grande énergie que peu résiste et relève la tête pour trouver des solutions plausibles. Ca fait mal d’aimer ceux qui perdent le goût de vivre, le goût de combattre leur difficultés et qui se cachent dans leur consommation pour ne pas affronter les noirceurs de la vie. Nos enfant se gèlent pour contourner les efforts qu’ils doivent fournir et ils se cachent sous leur consommation pour éviter de faire face au difficulté de leur quotidien. Quant à toi, il y a aussi de l’aide que tu peux trouver à travers les groupes d’entraide Nar-Anon et autres. Aussi, il y a de la lecture qu’ils vendent à des prix abordables. J’ai acheté un livre de Nar-Anon qui se nomme «Le courage de changer». Et à chaque jour, je lis la page qui se rapporte à la date de la journée. Tu serais surprise du contenu de leur message et souvent je m’en sers comme la base de mon comportement positif de ma journée, comme ma source d’entrain. Quand on est au prise avec un tel combat, on prend toutes les ressources qui se trouvent sur notre route. Lee, un membre de l’équipe de «Quand la drogue n’est plus un jeu» te souhaite sérénité dans tes démarches!
Objet:
Merci pour ton message d'espoir!
Chère Lee, C'est avec un certain malaise que je te reviens ce oir. Mal à l'aise de ne pas t'avoir dit merci plus tôt, de ne pas t'avoir ait savoir à quel point tes paroles ont été réconfortantes et encourageantes pour moi. Quel courage je décèle en toi! Qu'elle est grande ta faculté d'écoute! Ce soir, je viens de lire ta correspondance avec Dominique. Quelle justesse et quelle sagesse dans tes conseils! .Sache que je t'admire beaucoup de pouvoir conseiller d'autres personnes alors que tu es déjà aux prises avec tes propres problèmes. Ton altruisme est admirable. Le cheminement dans lequel tu es engagée, malgré toute la souffrance contenue t'a sûrement fait beaucoup grandir.... Quant à moi, l'impuissance ressentie dans ma réalité quotidienne, me laisse parfois un sentiment de frustration intense. Submergée par mes inquiétudes et par les exigences de mon travail, il m'arrive de ne plus percevoir la lumière au bout du tunnel... Chaque matin, cependant, je puise un réconfort à lire une page d'un petit livre déniché l'an dernier: La petite voix de Eileen Cady. Ce matin, j'y ai lu ces paroles :"Réveille-toi, rafraîchi et renouvelé, attends le meilleur de ce jour splendide et reçois-en le meilleur. Détends-toi et laisse-Moi prendre les rênes."....Je me suis imprégnée de ces paroles dès mon lever.Je Lui ai demandé de m'aider à vivre cette journée dans la sérénité. Mon fils est retombé dans ses anciens patterns. La manipulation qu'il utilise est parfois si extrême. Il nous faut des doses de patience afin de garder un certain contrôle et un équilibre dans nos vies. La semaine dernière, nous nous sommes rencontrés tous les trois avec l'intervenant qu'il consent à aller voir de temps à autres. Nous avons exprimé nos sentiments, nos attentes, nos frustrations aussi. La réticence de notre fils à vouloir s'en sortir nous a paru évidente malgré notre désir de vouloir l'aider, le supporter dans un début de démarche de réhabilitation. Il s'oppose à toute démarche l'obligeant à s'impliquer, à se chercher toute aide supplémentaire. Nous avons l'impression de vouloir pour lui. Il nous semble que l'idée même de faire des efforts, ne serait-ce qu'aller faire une demande d'emploi soit au-dessus de ses forces. La soudaine réapparition d'un ancien chum revenu dans le décor n'a pas aidé non plus. La compagnie de ce jeune aux prises avec les mêmes problèmes que lui l'a incité à continuer à se laisser porter par le courant......Mensonges, manipulations sont à nouveau ses armes favorites. Heureusement, nous gardons le contact avec l'intervenant dont je te parlais, nous communiquons régulièrement avec lui.Il n'y a rien de facile, rien de gagné, mais nous tentons de conserver une étincelle d'espoir. Je prie Dieu de nous guider dans nos paroles et notre manière d'agir avec lui, de mettre sur sa route un ou des guides qui parviendraient à le toucher et le sortir de son inertie et qui sait? lui aider à trouver son propre chemin. Quand? Comment? Qui? De quelle façon?Questions sans réponse pour l'instant.....mais nous continuons d'espérer. Merci, Lee, de prendre le temps de me lire.Sache, que je reste, malgré mes longs silences, très près de toi par la pensée...Je t'inclus toi et ta fille dans mes prières.Je sais qu'Il est toujours dans nos vies. Bon courage! Chantal
Objet:
La recette des parents
Chère Chantale, Puis-je commencer cette lettre en te remerciant pour tous ses mots si touchants à mon égard. C’est trop, simplement trop beau! Sérénité pour les fleurs que tu m’as si gentiment écrits. Tu me dis qu’à chaque matin, tu lis quelques paroles enrichissantes de Eileen Cady. Si tu veux, je te propose de me faire parvenir une pensée à tous les mercredis ou jeudis et nous allons l’insérer dans notre section «Pensée de la semaine». Ce serait si tu le désires ta contribution pour aider tout comme moi, ceux qui souffrent. As-tu été voir le contenu de cette section? À tous les vendredis matin, on change notre petite pensée pour en mettre une autre. Pense-y et si tu le veux, j’apprécierais ton aide et ta participation! J’aime la façon que tu débutes ta journée! Avec du positif, un moment de réflexion simple et enrichissant, rien de mieux pour affronter la peur du peut-être, le risque de conflit et la manipulation de notre progéniture. Est-ce que je peux utiliser tes mots : Mon fils est retombé dans ses anciens patterns. La manipulation qu’il utilise est parfois si extrême! Ces deux phrases pour moi se traduisent à cela : Mon fils se laisse aller et il nous fait vivre des moments difficiles et il nous manipule à sa guise parce que nous le laissons faire! Ce que j’ai le mieux compris dans toute cette merde qui se cache sous la toxicomanie c’est que je ne serai plus manipulé aussi facilement qu’auparavant. Pourquoi? Parce que j’ai appris ma leçon de vie. Parce que je comprends que pour qu’il consomme, le toxicomane a besoin de manipuler pour obtenir son produit et peu importe, ce qu’il doit faire pour l’obtenir, il le fera! Ils sont si inconfortables dans leur peau qu’ils respirent le négatif, la fatigue, le mal de vivre, la paresse de progresser, de vouloir améliorer leur sort, et j’en passe. On ne peut pas les forcer à suivre une thérapie, on ne peut pas exiger qui aille vivre dehors au froid, on ne peut pas leur demander d’aimer la vie. Par contre, on peut certainement les encadrer car ils vivent dans notre maison et sous notre toit, et nous travaillons très fort pour rencontrer tous les paiements qui marient tous ces conforts. Il est normal d’avoir de l’aide dans l’exercice de l’entretien de la maison et de l’extérieur. Il serait sensé de croire qu’ils doivent comme nous, travailler au bien-être de la famille. Je ne sais pas quelle sorte de génération qu’on est en train d’élever, qu’est ce qu’on pense quand on les laisse faire ce qu’ils veulent bien faire. À quelque part, on a perdu j’en suis certaine le sens de la vraie réalité, on ne leur fait pas une faveur en les laissant vivre à ne rien faire! On leur apprend quoi! Cette génération qui se laisse guider vers le difficile qui mène à rien. On sait très bien qu’ils doivent se préparer pour affronter la réalité. Tout le monde sait que dans la vie, on se doit de travailler, de produire, d’avancer, de s’encourager, de se motiver, d’économiser, de partager, de se donner, de se valoriser, etc. J’ai peur pour eux car à quelque part, ils leur manquent l’essentiel. Et celui-ci se traduit différemment pour chaque personne. Quand j’y pense, je crois que ce qui sépare nos générations est simple. Nous avons été conditionné à toujours faire de notre mieux, à le faire dans un temps record. On travaille dur, on évolue dans toutes nos actions en vitesse, on se stress constamment parce qu’on prend pas le temps de relaxer réellement, on doit être de bons parents, de bonne épouse, la maison doit être propre, le lavage fait, les repas doivent être équilibrés, les rendez-vous doivent être pris à intervalles réguliers comme le dentiste, le docteur, on se doit d’être des ami(e)s sincères, loyales, accessibles, des parents compréhensibles, tolérants, patients, justes, cohérents, à la mode, etc. Tant de gens qui atteignent à peine le gros 40 se retrouvent avec des malaises continuels, c’est je crois, parce que nous mangeons trop de stress, de faut travailler, faut se lever, faut être compétitif. Toute une panoplie de règles, de mesures, d’efforts constants et j’en passe. Et nos enfants nous regardent courir du matin au soir, du soir au matin, et on se demande pourquoi ils ne veulent pas entrer comme nous dans notre exemple d’équilibre et de sérénité. Je ne suis pas certaine qu’on soit si heureux que ca à voir aller. Peut-être avons-nous trop cherché à être parfaits dans tous nos gestes, dans notre exemple. Qui voudrait nous ressembler? Je ne sais pas si j’aime ce que je suis devenue à travers mes propres exigences! Je ne sais si je suis vraiment heureuse dans mes chaussures de l’an 2000! À vous lire, je sens que vous êtes de bons parents. Vous prenez à cœur votre rôle! Vous avez certainement essayé de lui donner le meilleur de vous-mêmes. Ne perdez pas votre appétit de vivre! Parfois, il est nécessaire de prendre un temps d’arrêt pour faire le plein d’énergie et de vie. Il ne faut pas oublier que nous sommes les enseignants de nos enfants. N’oubliez pas de ralentir avant d’être débordé. Rien n’est assez important pour que vous perdiez votre joie de vivre. Je vous quitte sur ces mots, «Je reprends courage quand je vois le courage des autres.» Lee, un membre de l’équipe de «Quand la drogue n’est plus un jeu» vous souhaite de ne pas perdre la magie de vivre!
From:
Chantal
Bonsoir chère Lee, Un
gros merci pour avoir répondu si vite au petit mot que je vous avais
fait parvenir. J'ai reconnu votre grande générosité.
Oui, j'avais déjà communiqué avec vous, il y
a plusieurs mois déjà. Et puis, le cours des événements
a fait que je n'ai plus réécris, ceci dû à plusieurs
choses.
Mon fils, lui, n'est pas encore prêt, je pense. Il a commencé des démarches, mais n'est pas allé jusqu'au bout. Présentement, il est revenu vivre à la maison. Je crois qu'il essaie de se convaincre qu'il peut s'en sortir sans aide. Pourtant, il a déjà essayé maintes fois mais sans succès. Nous, ses parents, sommes allés nous chercher de l'aide , ceci en grande partie, grâce aux bons conseils de Ronald Toupin. Ma participation au Chat du mardi soir m'a fait réaliser à quel point nous étions démunis, face à cette situation, à quel point nous devions aller nous chercher de l'aide avant de sombrer tous dans la dépression. Il n'y a pas de recette miracle pour vivre ces moments de "désordre", mais juste le fait d'exprimer nos sentiments, de parler avec des gens qui ont vécu de tels problèmes nous réconforte. On se sent moins seuls et isolés sur notre planète. Juste le fait de lire vos écrits m'apaise. Vous êtes un exemple pour moi, chère Lee. Votre sérénité et votre bon sens sont une source d'encouragement pour moi et pour bien d'autres mères comme moi, j'en suis sûre. Voilà, même si les choses n'évoluent pas comme nous le voudrions, en ce moment, je conserve l'espoir de voir mon fils se prendre en main. Le dialogue est toujours présent. Il s'auto-analyse et chemine tranquillement. Il fait de grands efforts pour contrôler sa consommation et se cherche un emploi. Il a décidé d'entreprendre une thérapie en privé avec une thérapeute. Peut-être saura-t-elle mieux que nous, le conseiller ou lui faire prendre conscience de ce qu'il devra entreprendre par lui-même et pour lui-même et non pas pour nous faire plaisir. La vie nous réserve de grandes surprises et malgré tout, je commence à comprendre qu'à travers tous ces passages "difficiles" une grande leçon nous est donnée. Oui, il faut s'accrocher et prier et toujours conserver l'espoir de jours meilleurs. Oui, la vie peut être belle et c'est ce que j'essaie de transmettre à mon fils. Mon amour et ma confiance en lui et en Dieu. Je me sens un peu mal à l'aise d'avoir mis tant de temps à vous écrire. J'ai un métier qui m'accapare et vis encore des moments pénibles à la maison, mais le fait de vous avoir lu a été très réconfortant. Merci Lee pour toutes vos paroles et vos encouragements. Je me sens toujours proche de vous et de votre fille en pensée. Chantal
From:
result-lfn
Chère Chantal, Surprise de vous lire ce soir ! Je me demandais si vous aviez bien reçu ma correspondance. Pour commencer, j’aimerais vous mentionner que ma fille a débuté par le passé trois thérapies. Elle en est à sa quatrième essaie. Les trois autres fois, elle s’est fait jeter dehors pour mauvaise conduite. Présentement, elle est depuis dimanche passé dans sa troisième étape de sa thérapie. Elle est dynamique et elle développe peu à peu des objectifs pour son avenir. Je suis contente pour elle et pour tous les membres de notre petite famille. Par contre, j’avoue que j’ai peur pour mon enfant. Elle doit de grosses sommes, je crois un peu partout. Et comme vous le savez, les gens auxquels elle doit ces montants sont pour la plupart des motards. En ce moment, elle est en sécurité, mais qu’arrivera-t-il quand elle sortira? Elle a tout perdu : ses biens personnels, ses meubles, ses vêtements, ses photos d’enfance, ses souvenirs, etc. Que fera-t-elle à sa sortie? Tant de questions m’envahissent mais je m’accroche en me disant que tout reprendra sa place. Est-ce que sa maladie sera guérie ? Comme vous le savez, toute sa vie elle devra être sur ses gardes car la rechute la guettera à tous les moments de difficiles qu’elle aura ? Je pleure à l’intérieur de mon Moi malade car je sais que notre problème sera toujours présent. Il se nomme "incertitude". Personne ne peut le régler ou le cacher. Nous serons toujours au prise avec dans notre miroir, ce mirage d’incertitude pour nous rappeler que la toxicomanie fait Mal! J’espère que mon témoignage ne vous a pas découragé. J’utilise ma transparence car il faut voir les choses en face, comme elles sont vraiment. D’apprendre qu’un membre d’une famille est en thérapie est sûrement une bonne nouvelle mais il faut comprendre que le malaise demeurera toujours dans nos pensées car les blessures sont présentes, malheureusement! Je suis contente que vous preniez le temps de participer au Chat. Ronald est une personne merveilleuse qui se donne sans regarder tout le temps qu’il passe à aider ceux qui comme nous souffrent d’un malaise dû à la toxicomanie d’un proche. Une belle thérapie dans un sens et quoi de mieux que de profiter de sa sagesse, de son expérience en clinique, et bien plus. Vous faites vraiment les bons pas pour adoucir votre réalité dans vos chaussures de Mère. Je vois que votre fils chemine à sa manière, c’est bien. Il n’y a pas de méthodes qui fonctionnent pour tous. Il choisira peut-être celle qui lui conviendra. Et il faut accepter, comme vous le faites, ses choix personnels. Si il fait mauvaise route, espérons qu’il saura reconnaître cette lacune! Vous avez la Foi et elle saura vous éclairer dans vos moments de noirceur. On ne sait pas comment survivre de telles attaques au sein d’une famille? On lutte, on se discipline, on cherche de l’aide, des solutions, on ressent la déception, la honte, la tristesse, l’amertume puis on lève les poings et on se bat, puis on tombe, on se relève et on sourit! Et à travers ce panier de merde, on grandit! Et quand on grandit, on peut commencer les autres qui débutent ce voyage d’émotions! Je vous remercie pour votre témoignage car je sais qu’il est difficile de se laisser aller parfois. Ce monde est un monde renfermé. On a tendance à couper bien des ponts, bien des amitiés, bien des belles choses pour s’éloigner de notre réalité, si lourde à vivre. Prenez votre temps pour me répondre. Il ne faut que vous vous sentiez au prise avec un temps limite pour vous exprimer. Cette situation est assez difficile et je vous comprends car je la vis au quotidien. J’ai maintenant acquis "Écoute", "Compassion" et "Compréhension" et cela, je le dois à ma dure réalité et à la maladie de mon enfant. Une belle leçon d’apprentissage! Puis-je vous suggérer de lire les chroniques d’une mère, celles des dernières semaines. J’ai utilisé les écrits de mon amie virtuelle Dominique âgée de 21 ans. Je crois que son témoignage vous aidera à mieux comprendre leur combat. Du moins, elle m’a fait grandir à travers sa grande sagesse! De lire ces mots ne peut que nous aider à apprivoiser notre impuissance. Sur ce, je vous laisse en vous souhaitant "Sérénité" et en criant l’espoir que je ressens vis-à-vis la démarche d’éveil que votre fils entreprend présentement. Lee, un membre de l’équipe de "Quand la drogue n’est plus un jeu" vous salut!
From:
Chantal
Bonsoir chère Lee, Quel plaisir de lire votre dernière chronique! Tout comme vous, à l'approche du temps des Fêtes, je ressens le besoin de regarder cette année 2000 qui tire à sa fin et d'en faire le bilan. Ai-je appris de mes expériences? Ai-je un peu grandi à travers ces elles? Mon vécu de mère m'a laissé plus souvent qu'autrement un goût amer....Ai-je mérité de vivre ces moments d'espoir et de désespoir? Probablement que non! Une chose est sûre cependant, j'ai appris à souffrir avec plus de sérénité .Je pleure en silence, maintenant, me contentant d'espérer qu'un jour,mon fils aura le courage
From:
result-lfn
Sérénité chère Chantal, Plaisir de recevoir de vos nouvelles et heureuse de constater que quelques phrases dans ma dernière chronique vous on fait sourire dans votre for intérieur! Je comprends que tous les abus que nous subissons à travers la maladie de notre enfant, peut nous laisser un goût amer. Présentement, je dois vous avouer que je chemine à travers ma codépendance. Ma fille m’a rejoint en m’annonçant qu’elle venait de raccrocher la ligne au nez à sa jeune sœur, croyant que je lui offrirai ma compréhension pour ce manque de savoir-vivre. Et au contraire, je suis restée distante mais calme. J’ai poursuivi en lui expliquant qu’elle sait très bien le difficile que nous vivons à la voir descendre dans cet enfer, qu’elle sait aussi qu’avec la période des Fêtes nous sommes tous attristés par son absence et que de l’autre côté, personne ne veut sa présence car elle est trop lourde. Chantal, j’ai su m’exprimer calmement sans ressentir d’agressivité ou de détresse, n’est-ce pas merveilleux. Je marche tristement mai du bon côté de la pente, c’est merveilleux! Il est important de se détacher car cela fait trop mal à vivre, leur descente au enfer. À la fin de notre conversation, je me sentais légère, pauvre d’un enfant mais riche d’une certaine maîtrise sur ma Vie. Comme vous le savez si bien, on souffre dans nos chaussures de Mère! Quant à mes deux prochaines chroniques, j’ai bien peur, qu’elles ne vous feront pas sourire. J’ai travaillé très fort en fin de semaine et je les ai composées. Et elles seront habillées d’une réalité peu commune mais, surtout d’un Message formidable pour ce temps de l’année où tant de nos proches retombent dans leur piège, celui de leur dépendance! Je vous souhaite de mieux vivre votre impuissance à travers le Détachement. Et croyez-moi, la souffrance est moins Lourde quand on se détache pour survivre à nos émotions. Lee, un membre de l’équipe de "Quand la drogue n’est plus un jeu" marche à vos côtés!
From:
Chantal
Bonsoir
chère Lee,
Mais aurions-nous, alors, la satisfaction d'avoir vraiment grandi et cheminé, comme nous l'avons fait, n'est-ce pas Lee? J'ai, malgré le goût amer que les épreuves m'ont laissé,cheminé à ma façon, je crois et compris aussi que je ne pouvais pas vivre la vie de mon fils à sa place. Il doit lui aussi tirer ses propres leçons.... Je tenais également à vous dire que mon fils est présentement suivi, en thérapie individuelle. Il s'est finalement décidé à accepter de l'aide. Bien sûr, le cheminement sera laborieux et peut-être pas évident au début, mais l'espoir est là. Nous aussi, ses parents avons entrepris une démarche. Je vous avoue que c'était devenu une nécessité, car le climat familial était devenu tendu, l'atmosphère irrespirable. C'est
un peu beaucoup grâce à vos conseils et à ceux de M.Toupin
que nous avons, finalement compris qu'il fallait se faire aider, quitte
à y laisser notre peau.
Merci, Lee de m'avoir lu et je vous souhaite de conserver cette sérénité qui semble vous habiter. Vous êtes un exemple pour moi et beaucoup d'autres mères qui comme nous, ont à vivre et grandir en cette vie rempli de difficiles et de bonheurs aussi, comme celui de vous avoir "connu", par exemple, en naviguant tout bonnement , un jour sur Internet. Au plaisir de vous lire. Vos chroniques sont toujours appréciées et j'y puise courage et réconfort. Chantal
From:
result-lfn
Bonsoir Chantal, J’essaie toujours de répondre à celles et ceux qui nous écrivent promptement car parfois, on ressent qu’ils ont besoin non seulement d’une écoute mais de savoir que nous sommes là présents pour eux. Parfois, les correspondances sont lourdes et empruntent d’un mal de vivre évident. Donc, je m’empresse par respect pour l’autre, peut-être, par crainte d’arriver trop tard! J’avoue que si j’avais une baguette magique, il serait facile d’enlever les jours gris et de conserver les meilleurs mais à bien y penser, sans ces jours remplis de difficiles, nous ne serions pas en pleine croissance comme nous le sommes présentement. Les problèmes font aussi Grandir! Je sais que parfois on regarde nos voisins et on se demande pourquoi ils vivent de si belles choses au niveau de leur relation familiale et nous, on se bat au quotidien pour sourire et pour voir le bon côté de toute cette Merde. Je sais mais croyez-moi, qu’à travers tout cela on chemine positivement, on développe notre compassion, notre écoute et surtout, on apprend le langage du Cœur. Un langage qui se meurt dans notre société car malgré tous nos efforts, trop de gens ne pensent qu’en "Je Me Moi." Ne croyez-vous pas! Je suis heureuse que vous ayez débuté une démarche familiale et que votre fils a accepté qu’il ait besoin d’aide. C’est une grande étape dans sa détresse et surtout, dans sa maladie. Intéressant de voir que vous apprenez à cheminer dans tout cela. Cela ne peut pas faire autrement car quand on s’entoure de gens qui souffrent ou qui on souffert tout comme nous, on s’outille et on améliore ainsi la qualité de notre Vie. Ce n’est pas parce que notre enfant consomme qu’on ne peut pas être heureux. Donc, souvenez-vous Chantal que le détachement est l’une des clés! Merci pour les beaux mots à mon égard. J’essaie de vous apporter une certaine ouverture, une façon de survivre à vos émotions et à vos déceptions parentales. Je souffre comme vous tous mais je m’obstine à vouloir être heureuse malgré les choix de ma Fille. Il faut se battre, il faut lever les poings pour démontrer ses limites personnelles. On a le droit d’être bien dans sa peau même si notre enfant vit des choses qui nous déchirent dans notre for intérieur. Si votre enfant vit ses problèmes de toxicomanie toute sa Vie, dites-moi qu’est-ce que vous allez faire? Être malheureuse toute votre existence! Vous devez vous détacher pour survivre, vous devez accepter votre impuissance face à ces choix personnels. Vous ne pouvez pas forcer votre enfant à prendre vos choix. Il est maître de sa Vie! Par contre, étant donné qu’il est le maître de sa Vie. Il doit assumer les conséquences de ses choix, n’est-ce pas! Respectons-nous les uns, les autres et ainsi, nous serons plus forts quand ils décideront de tenter de lutter à travers une thérapie. Levez les poings, chère Chantal et luttez! Lee,
un membre de l’équipe de "Quand la drogue n’est plus un jeu" marche
à vos côtés!
|
| ©
2004-1999 QLDNP1J
|