| LES CORRESPONDANCES DE LEE |
Mère
co-dépendante
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From: Mère co-dépendante To: lee@quandladrogue.com Sent: Saturday, August 03, 2002 7:07 PM Subject: Le courrier Bonjour ! Je vous ecrit parce que je
ne sais plus quoi faire avec ma fille. Elle a 23 ans et a suivi une cure
fermee de 6 mois il y a 1 an mais n'a pas eu de suivi. Elle a recommence
a consommer de la cocaine et de la biere. Elle ne veut pas retourner en
therapie...elle dit qu'elle connait ses problemes donc ce serait inutile
d'y retourner. Je la voit se detruire chaque jour et je n'en peut plus...sa
soeur non plus.Elle travaille dans un centre de soins de longue duree donc
elle a un salaire interessant qui lui permet de consommer.Je lui ai dit
que si elle continuait a consommer, j'aviserait son employeur, qui est
aussi le mien et qu'elle perdrait son job. J'ignore si je dois le faire,
j'hesite beaucoup. Je lui ai aussi dit que je ne lui preterait plus mon
auto...sa soeur me dit que je l'aide a aller chercher sa drogue en lui
pretant.
Merci !
From:
Lee
Chère Mère co-dépendante, Je débuterais cette lettre en vous disant que je vous comprends et que je marche à vos côtés sur la même route, celle de l'impuissance. La grande différence qui nous sépare dans nos rôles de mère est simple, j'ai appris à marcher dans mes chaussures sans chercher à changer les choses que je ne pouvais changer. Bonsoir, je me présente, je suis Lee (une mère co-dépendante et fille d'une alco-pharmaco dépendante). J'ai été co-dépendante vis-à-vis les dépendances de ma mère et maintenant, je suis co-dépendante vis-à-vis la consommation de mes filles. Ma fille aînée Emmanuelle fêtera bientôt ses 27 ans. Elle est cocaïnomane et alcoolique. Elle marche dans ces problématiques depuis plusieurs années et elle est piégée dans sa consommation depuis 1997. Et c'est pourquoi mon conjoint, le webmestre de ce site m'a remis votre correspondance. Je ne suis pas une spécialiste ou une intervenante. Ce que je sais, ce que j'ai appris, provient de mon vécu, de mes blessures et de l'acceptance de mon impuissance. Dans votre courte lettre, vous avez exposé un dessin qui démontre que vous êtes devenue une mère facilitatrice. Ce qui veut dire que par amour, par culpabilité ou par manque de connaissance, vous fournissez à votre fille malade des moyens pour faciliter sa prise du produit. Et comment? En lui passant votre véhicule, en acceptant des comportements inadéquats et en n'exposant pas vos limites personnelles dans votre rôle de mère. Votre fille a suivi une thérapie et elle a fait une rechute. Un grand pourcentage de gens font des rechutes après l'atteinte de l'équilibre et de l'abstinence. On dit que les rechutes font partie du rétablissement. Et qu'il est normal de vivre de tels passages dans leurs chaussures de consommateurs. Personnellement, mes filles consomment. Ma plus vieille m'a fait danser sur bien des planchers et elle a réussi à me manipuler d'une façon bien intelligente. Et je reconnais aujourd'hui le pourquoi de mes gestes de coeur à son égard. En aidant nos proches à mieux vivre les conséquences de leurs gestes, nous croyons qu'ils mettront fin à leurs problèmes de consommation. Et pourtant, ils s'enfonçent de plus en plus profondément dans leur monde artificiel. Et peu à peu, ils emportent avec leurs faiblesses, l'équilibre familial. Tous les membres de la famille souffrent d'une maladie qu'on appelle «la co-dépendance». Un mal de vivre qui déchire et qui enterre bien des rêves et des objectifs d'avenir. Quelle est la solution à votre problème? Comment savoir quand donner, quand écouter, quand dire non, quand dire oui et tant plus? Il n'y a pas de recettes miracles, croyez-moi. Je dirais que pour commencer il faudrait comprendre le sens de cette prière de la Sérénité «Mon Dieu donnez-moi la Sérénité de changer les choses que je puis changer, le Courage de changer celles que je peux et la Sagesse d'en connaître la différence». Ces quelques mots sont remplis d'une grande sagesse et pour les comprendre et les accepter, il est important d'arrêter le temps et de faire de grandes réflexions dans notre for intérieur. Aussi, comment puis-je vous donner des pistes de solutions vis-à-vis votre problème? Il est difficile de suggérer sans vraiment connaître tous les aspects principaux de votre problématique. Vous en conviendrez, j'en suis certaine. Donc, votre fille travaille au même endroit que vous. Elle fait de bons salaires. Ce qui lui permet de consommer à sa faim. Vous lui permettez d'utiliser votre auto, malgré le fait qu'elle consomme de la cocaïine mariée à la boisson. J'avoue que j'aurais peur de lui donner cet outil de déplacement. Non seulement j'aurais peur pour sa sécurité mais, aussi pour celle de ceux qui partagent la même route qu'elle. Enfin, je ne suis qu'une mère... Sa soeur (votre fille) vous indique bien clairement qu'en lui passant votre véhicule vous lui donner l'outil nécessaire pour qu'elle se procure son produit. Pourquoi n'écoutez-vous pas sa voix? N'entendez-vous pas son cri de sagesse? Il y a beaucoup de parents qui préfèrent conserver leurs habitudes de vie. Ils parlent et font des menaces mais sans vraiment mettre à exécution leur dire. Et peu à peu l'enfant comprend que celui qui possède l'autorité crie pour se soulager et qu'il n'agit pas. Par contre, d'autres parlent peu mais agissent, quand le temps est venu. Il n'est pas facile de vivre sous le même toit qu'un proche qui consomme? Je vous lève mon chapeau. Vous recevrez bientôt un document de sept pages qui vous aidera dans vos questionnements. J'espère qu'à sa lecture vous réfléchirez et trouverez des solutions sensées à votre problématique. Il y a aussi des groupes qui apportent aux proches des pistes de solutions. Ceux-ci ne vous donneront pas de conseils, seulement des pistes. Ces gens parleront d'un langage habillé d'un grand vécu face à ce fléau. Les groupes Nar-Anon aident beaucoup de familles qui vivent les séquelles de cette maudite consommation. Je ne sais d'où vous venez? Probablement qu'il existe des groupes qui oeuvrent pour aider ceux qui souffrent dans leur codépendance. Aussi, vous pouvez lire les pages qui meublent notre section «Courrier». Vous y trouverez des renseignements qui pourront peut-être vous aider à mieux vivre dans vos chaussures de parent. De plus, vous pouvez rejoindre Monsieur Ronald Toupin, un intervenant de métier qui composent des chroniques sur le sujet. Celles-ci sont intéressantes et habillées d'une grande expertise. Aussi, si vous lui écrivez, il vous répondra. Si vous le faite, donnez-lui assez d'informations pour lui permettre de bien visualiser votre cheminement et le feu de votre problématique. Quant à votre dernière question qui se lit comme suit «Que dois-je faire? Être sévère, compréhensive... je ne sais plus» De nous contacter, est certainement un début. D'être sévère, je dirais plutôt d'être constante dans votre attitude et dans vos échanges avec vos filles. Et pour atteindre cet équilibre, il faut se renseigner, il faut parler aux gens qui connaissent les solutions et les facettes. Et il est certain, que vous aurez à changer votre comportement. Il est difficile de donner des conseils. Par contre, énumérer des pistes de solutions pourrait vous aider à reprendre le contrôle de votre vie de mère. Une équipe à l'écoute «Quand la drogue n'est plus un jeu» Lee
qui marche à vos côtés
From: Mère co-dépendante To: lee@quandladrogue.com Sent: Tuesday, August 06, 2002 7:42 AM Subject: Le courrier Bonjour Lee ! Merci de m'avoir repondu si vite et merci pour tes conseils. J'ai avise ma fille que je ne lui preterais plus mon auto.Elle comprend tres bien.Sa soeur est decedee (delit de fuite )...elle etait a pied.Elle a toujours ete convaincue que la personne qui l'avait tuee etait saoule ou gelee.Je suis sure a 90 % que quand elle avait le gout de consommer ou quand elle avait consomme, elle ne prenait pas l'auto.Il reste le 10%, c'est pourquoi je lui ai dit que je ne lui preterait plus. Plus je me renseigne, plus
je realise que je ne connais rien a la drogue et que quand je croyais bien
faire, c'est le contraire que je faisais... je me sens indigne d'etre
mere...
Merci
From:
Lee
Chère Mère, Je débuterais cette deuxième correspondance en vous demandant d'accepter que je publie nos échanges virtuelles. Les raisons entourant cette demande sont simples : le monde de la co-dépendance est lourd et souvent le proche se renferme dans sa bulle et il s'isole dans son sentiment de culpabilité et de désolation. Les pages qui meublent notre section Courrier peuvent l'aider à comprendre qu'il n'est pas seul à traîner ce panier d'émotions néfastes et déchirantes. C'est pourquoi je vous demande de participer en aidant ceux qui souffrent tout comme vous, tout comme moi à trouver la porte qui mène au mieux être dans un monde où les déceptions font partie du quotidien. Et si vous avez remarqué, nous n'avons pas utilisé votre prénom, nous n'indiquons pas votre courriel et nous effaçons les indications que nous jugeons confidentielles et tant plus. Il faut comprendre que nos échanges aident à la prévention et outillent les parents qui vivent tant de déceptions. Et à cet égard, j'attendrai votre décision avant de poursuivre... Concernant votre lettre, vous écrivez ceci et vos mots viennent me chercher - Plus je me renseigne, plus je réalise que je ne connais rien à la drogue et que quand je croyais bien faire, c'est le contraire que je faisais... je me sens indigne d'être mère...» Et bien je débuterais en vous disant «Bienvenue dans le club!» Où est ce livre de recettes pour que j'apprenne comment marcher à côté de mes filles sans trébucher, sans me perdre et sans m'enterrer dans ma honte et ma culpabilité?» Il n'y a pas de phrases toutes préparées pour nous aider à communiquer avec celui qui consomme. Il n'y a pas de situations prévisibles auxquelles nous saurions comment réagir en toute liberté et en toute paix et conscience. La drogue est un monde déchirant qui nous mène vers une montagne d'émotions néfastes. Et quand à l'aide pour nous aider à mieux vivre la noirceur de leur prise de produits, et bien elle est faible et difficile à trouver. Et pourtant, nous sommes nombreux à pleurer notre difficile. Chère Mère, ne vous sentez pas coupable. Vous n'avez pas mérité de vivre toutes ces difficultés et je suis convaincue que votre fille n'a pas voulue vous causer tant de problèmes. Elle est malade, elle est piégée et elle ne semble pas être prête à arrêter sa consommation et à reprendre le volant de sa vie. Il faut attendre qu'elle touche le fond de l'abîme. Dans mes chroniques «Les chroniques d'une mère» j'ai souvent mentionné quelques phrases trouvées dans les écrits du prophète Khalil Gibran du livre intitulé Le prophète. Elles se lisent comme suit : Et une femme qui portait un enfant dans les bras dit, Parlez-nous des Enfants. Et il dit : Vos enfants ne sont pas vos enfants.La grande phrase qui vient me chercher est cette dernière «Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés». Dans d'autres traductions la phrase est présentée différemment mais toujours avant autant de sagesse. Souvenez-vous que nous ne sommes pas responsables des choix de nos enfants. Alors, cessons de nous habiller de leurs échecs et des conséquences de leur consommation. Une équipe à l'écoute «Quand la drogue n'est plus un jeu» Lee qui marche à vos côtés
From: Mère co-dépendante To: <lee@quandladrogue.com> Sent: Tuesday, August 06, 2002 11:20 AM Subject: Re: Une prière pour nos proches! Bonjour Lee ! Bon, je suis d'accord , a condition que mon nom ne soit jamais marque. J'ai bien hate de recevoir
la documentation dont vous m'avez parle. J'y trouverai peut-etre les outils
qui me manquent pour arriver a
Il y a tellement de choses
que j'aimerais comprendre ! et tellement d'erreurs que je ne voudrais plus
refaire !
Merci
From:
Lee
Chère Mère, Un gros merci pour ta compréhension à l'égard de nos lecteurs et lectrices. Tu seras d'avis qu'il y a peu d'aide qui existe pour marcher à nos côtés et pour nous aider à survivre à nos émotions dansantes.Très peu d'outils pour nous permettre de ralentir nos inquiétudes et le feu de notre culpabilité parentale. Tu recevras ce document mentionné, aujourd'hui. Je suis convaincue qu'en s'aidant mutuellement, en partageant le trop qui nous habite, nous évacuons cette sensation de perte de contrôle du moi malade. Et tu savais comme vous m'aidez à mieux vivre ce trop que je vis à travers la consommation de mes filles! Quant aux erreurs que nous commettons dans nos chaussures de mères, j'ai bien peur qu'elles font partie de notre croissance personnelle. C'est grâce à elles que nous avançons dans ce monde de merde. Comme je te l'ai dit, il n'y a pas de recettes qui nous permettent de cuisiner nos relations familiales sans brûler nos contacts avec l'être malade. Même quant on parle aux Grands, à ceux qui connaissent toutes les facettes de cette noirceur, on se rend compte que le langage change, que la maladie évolue et qu'elle demeure imprévisible, jusqu'à un certain point. Mais selon mon expérience personnelle, le secret fondamental réside dans le détachement d'amour, comme je dirais si bien. Aimer son enfant, son conjoint tout en demeurant dans ses chaussures. Et cette nouvelle façon d'aimer demande au début, un travail constant sur soi-même. Mais, la méthode fonctionne et nous permet d'avoir une vie plus équilibrée et de marier l'harmonie intérieure. Et j'avoue que souvent, je savoure la Sérénité. Une équipe à l'écoute «Quand la drogue n'est plus un jeu» Lee
qui marche à tes côtés
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