LES CORRESPONDANCES DE LEE
Rosebali

From: Rosebali
To: qldnp1j@quandladrogue.com
Sent: : Mar 29 Juin 2004 14:07
Subject: Polyconsommation

Mon fils, 26 ans, fume de la mari depuis l'âge de 14 ans.  Il boit aussi de la bière tous les jours (env. 6 bières).  Il a commencé à fumer la cigarette, il y a environ 2 ans.  

Depuis quelques temps, je remarque que son comportement change... il est paranoïaque ... Je crois qu'il prend aussi autre chose ... genre "peanut" je ne sai pas trop c'est quoi, mais il paraît que ce serait des pilules ... alors là, associé a reste, il est hypertendu, ne trouve pas le sommeil, ne s'alimente pour ainsi dire pas, il a de la difficulté avec les sons qui sont forts... 

Depuis 3 semaines, il ne se présente plus au travail prétextant divers problèmes... il me fait vraiment pitié ... 

Ma question : peut-il y avoir des séquelles permanentes pour sa santé mentale ? 

J'ai essayé de lui parler mais, sans succès, ce sont les autres le problème, sûrement pas lui ... il se sent petsécuté..menacé ... et j'en passe.  

Merci de me répondre.
 


From: Lee 
To: rosebali
Sent: Tuesday, July 06, 2004 8:46 AM
Subject: Polyconsommation, un mal difficile à vivre!

Bonjour à vous,

Veuillez excuser mon retard à répondre à votre correspondance datée du 29 juin dernier, avec le beau temps j'essaie d'en profiter et de m'éloigner de mon intérieur, parfois sombre. Et à cet égard, je crois que la nature calme souvent le trop de nos émotions.

Je suis Lee et j'ai deux filles qui souffrent d'être piégées dans leur polyconsommation. Ma fille aînée, Emmanuelle est cocaïnomane et alcoolique. La concernant, je ne vois pas sa porte de sortie, je vous avoue. Elle vit dans sa bulle de misère depuis 1997. Et elle fêtera ses 29 ans en septembre prochain.

Quant à Marie-Paule, 25 ans, elle est accro au pot et marche à grands pas vers son alcoolisme. Je la vois se transformer peu à peu. Je garde espoir qu'elle se réveille avant que sa porte d'équilibre se referme sur elle et sur ses objectifs d'avenir. Elle vit depuis l'an passé avec un jeune homme qui vit les mêmes problèmes. Tous les deux se nourissent de leurs faiblesses. Difficile de garder espoir quand on est parent de jeunes en difficulté, n'est-ce pas!

La mari qu'on croît une drogue douce, ne l'est plus. Son niveau de THC est très élevé à comparer à ce qu'on trouvrait quand j'étais jeune. (avant il était de 3% et maintenant, il peut atteindre jusqu'à 30%) C'est devant cette différence en pourcentage qu'on se rend compte que notre perception de cette drogue est un peu déficiente.

À lire votre lettre, je me demande où votre fils trouve l'argent pour continuer sa consommation. Je me suis posée la même question vis-à-vis ma fille aînée et je n'ai pas aimé ma réponse. La raison pour laquelle je vous exprime ma vérité est simple, souvent les proches ont tendance à jouer aux facilitateurs. On veut les aider, on ne sait comment faire et il arrive que pour ce faire, qu'on paie en couvrant leurs erreurs. On couvre un chèque sans fond, on paie quelques paiements en retard, on leur donne des sacs d'épicerie, on leur remet une partie de leur loyer en retard, on téléphone à leur travail pour les excuser de leur absence, etc.

On ne comprend pas exactement ce qui se passe mais on les aime et on veut calmer leur trop. Et pourtant, aujourd'hui, je sais que ce n'est pas la solution. On se doit des laisser assumer les conséquences de leurs gestes. Et parfois, il faut les laisser toucher le bas fond. Et cela demande courage, détachement, des rencontres auprès des groupes familiaux Nar-Ano et tant plus.

Certes, votre fils a tous les éléments pour être piégé dans sa consommation. Il consomme du pot depuis l'âge de 14 ans. Il boit 6 bières par jour. Irritabilité, agressivité, dénii, perte de poids, perturbations émotives font parties de la noirceur et des conséquences de sa consommation.

Votre question «Peut-il avoir des séquelles permanentes pour sa santé mentale? J'espère que Ronald Toupin, un intervenant qui se donne grandement sur les pages de notre site aura trouvé le temps de vous répondre. Il connaît toutes les facettes de ces facteurs inquiétants.

Personnellement, je crois que s'il arrêtait de de consommer le pot, graduellement il reprendrait le contrôle du volant de sa vie. Certes, qu'il aurait à coper avec son désir fort de consommer et de vouloir à tout prix à continuer à marcher sous son parapluie artificiel. Trop de consommateurs ne trouvent plus le sommeil sans cette prise de pot. Un phénomène trop répandu qui commence à inquiéter.

Est-ce qu'il y a une porte de sortie pour nos proches qui vivent cette situation de polyconsommation? Bien sûr que beaucoup trouvent la façon de remonter leur pente. Il faut parfois, laisser le temps au temps. Il faut aussi être réaliste, vis-à-vis ces problématiques déchirantes. Ce n'est pas tous les consommateurs qui marient un jour ou l'autre, l'abstinence. Certains continueront toute leur vie à consommer, tout comme le fait ... ma mère, ma soeur, mon frère...

Mais ce qui m'inquiète le plus dans votre dynamique, c'est votre équilibre. Il est important que vous restiez dans vos chaussures sans embarquer dans les siennes. Votre fils, tout comme mes filles, est maître de sa vie. Il a 26 ans et il a tous les droits de choisir la route qu'il préfère, n'est-ce pas.

Nous leur avons donné la vie mais nous ne pouvons apprendre les leçons de vie pour eux. Mes filles m'ont fait grandir à travers leurs choix de vie. J'ai si souvent embrassé le plancher de mes incertitudes, que j'ai appris à me détacher des conséquences de leur consommation. Ce n'est facile de les voir se détruire ainsi, je sais.

Sachez qu'il y a énormément de parents qui comme nous, souffrent d'être impuissants devant ce phénomène grandissant qui se nomme la polyconsommation. Un phénomène où la honte, la peine, la souffrance, la déception, la culpabilité (et j'en passe ) habillent tristement les pages de notre livre d'histoires.

La drogue et la boisson m'ont pris trop d'années de notre relation. Ces années sont passées et de les pleurer ne changerait rien. Il est important de travailler sur nous- mêmes pour réussir à survivre mentalement, physiquement et tant plus à ces périodes de noirceur et d'instabilité.

Vous vous sentez impuissante, vide, affaiblie, tiraillée, attristée, blessée, je vous comprends entièrement. Mais croyez-moi, il serait important de concentrer vos énergies sur votre équilibre, sur votre santé mentale car quand on tombe, la pente est haute et l'atterissage est lourd de blessures intérieures. Il est facile de débarquer de notre montagne d'espoir et de tomber en pleine face. Et croyez-moi, qu'il est préférable de travailler sur soi et de panser son impuissance.

Votre fils n'est pas prêt à voir sa problématique en face. Il blâme les autres et de ce fait, il vit sans son univers de déni. Tout le monde à torts mais pas lui. Il se retourne dans sa bulle artificielle et croît avoir trouvé ses réponses. C'est facile de blâmer la société pour ses faiblesses... Trop facile!

Enfin, je pourrais continuer ainsi pendant plusieurs paragraphes mais j'espère que vous trouverez l'essentiel du contenu de mes écrits.

Souvenez-vous que je ne suis pas une spécialiste, j'ai comme on dit «appris sur le tas». Ma recette n'a peut-être pas bon goût mais elle convient à mon expérience dans mes chaussures de mère.

Lisez, renseignez-vous et choisissez votre route, celle qui vous convient. Je ne peux pas assumer le fruit de vos décisions mais je peux certainement vous comprendre et entendre votre cri de désespoir.

Une équipe à l'écoute, Quand la drogue n'est plus un jeu

Lee qui marche à vos côtés sous le signe de la transparence

 

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