| LES CORRESPONDANCES DE LEE |
Emma L
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Objet: Enfin ! De: Emma L Date: Lun 29 novembre 2004 À: qldnp1j@quandladrogue.com Bonjour ! Je suis tombé par hasard sur des témoignages de votre site. Quel soulagement!!!! Depuis un peu plus de 10
ans je vis avec mon conjoint qui est toxicomane.
Disons qu'a travers toute
ces années passées avec lui, j'ai passé par plusieurs
émotions et plusieurs «étapes». Au début,
je vivais beaucoup de colère et d'agressivité. Ce fût
une période très difficile. Ensuite, il y a eu la période
ou je me suis recentré sur moi-même. Je l'appelerai la période
indifférence. Ensuite il y a eu celle ou j'ai voulu l'aider à
s'en sortir.
J'ai vécu de grande période de désespoir ou j'ai pensé m'enlever la vie. Lui aussi. J'ai vécu de petite percée de soleil (mais combien rafraîchissante !!) ou j'ai crû qu'enfin la lumière était là ! Aujourd'hui (ou plûtot hier) j'avais perdue tout espoir face à une autre rechute. Grâce à votre site, j'ai découvert que j'étais co-dépendante. Je ne savais pas que cela existait. Je croyais être seule à vivre toute ces émotions ! J'ai lu des témoignages qui parlait des problèmes financier liés à ce problème et ça m'a fait beaucoup de bien. Nous venons tout juste de ré-hypothéquer notre maison afin d'effacer nos dettesŠ Encore beaucoup d'énergie et de stress et beaucoup de cheveux blancs !! J'aimerais m'impliquer dans un groupe d'entraide pour les personnes comme moi. Je dois briser le silence. Car je dois vous dire qu'à un certain moment donné, ma famille et la sienne ont su ce qui se passait, mais aujourd'hui, tous le monde crois que ce problème est résoluŠ Alors que nous le vivons encore. J'aimerais aussi savoir si nous devons en parler aux enfants. Peut-être qu'elles sont trop jeunes. Nous avons eu une petite fille dernièrement. Elle a mainteant presque 2 ans. Elle fut un baume pour tout le monde. Parfois mon conjoint me dit que pour elle il voudrait arrêter. Alors j'espère encore. J'ai vraiment besoin d'aide car mon désespoir est si grand, je tourne en rond et je ne sais plus quoi faire. Je dois apprendre à vivre sainement avec ce handicap jusqu'à ce que peut-être un jour mon conjoint réussisse à s'en sortir. Merci beaucoup Vers la Liberté
From:
Lee
Bonjour chère Conjointe, Je suis Lee et je suis une mère co-dépendante. Je le suis depuis 1997 quand ma fille aînée a commencé à embrasser le plancher de sa dépendance. Et depuis, j'ai appris grâce à notre site à survivre émotionnellement et à me battre pour conserver le contrôle de ma vie émotionnelle. Malgré tout, j'avoue que je dois me battre au quotidien car, c'est difficile d'avoir un proche qui consomme. Et les années laissent leurs traces. Et depuis presque deux ans, ma fille cadette s'est joint à cet enfer. Maintenant, toutes les deux sont devenues alcooliques et toxicomanes. Je suis aussi la fille d'une mère alcopharmaco dépendante. Donc, j'ai été beurrée des deux côtés de ma vie; de mon enfance à ma vie d'adulte. Vous savez c'est une richesse d'enfin réussir à comprendre nos détresses. Je m'explique. Ce site existe depuis fin janvier 1999. J'avais demandé à mon conjoint, le webmestre de me créer un site pour m'aider à mieux vivre mon impuissance dans mes chaussures de mère. Après des centaines d'heures de travail versées dans la recherche, dans la conception, dans la correction, il a enfin vu le jour. Je me souviendrai toujours que quelques semaines plus tard, j'ai eu le plaisir de parler à un père qui souffrait de co-dépendance vis-à-vis son fils dépendant de PCP. Nayou m'a alors expliqué que mon mal de vivre avait un nom «co-dépendance». Ouf! je pouvais enfin mettre un nom à mon malaise intérieur. Je me sentais comprise. J'avais l'impression que quelqu'un marchait à mes côtés pour calmer mon trop. Quel soulagement de se sentir comprise. Comme vous le savez, l'isolement fait trop souvent partie de notre quotidien. On ne peut vraiment parler de notre vécu, de nos pages de difficile car qui peut comprendre. Notre langage est si lourd et pollué. Il faut le vivre pour comprendre notre détresse. Et trop souvent, en réponse à nos partages, à notre ouverture, les gens nous disent de le quitter et de recommencer notre vie ailleurs. Mais l'amour, la vraie amour avec un gros A, c'est difficile à trouver et surtout, c'est lourd à quitter. Et avec le temps, on en vient à croire qu'on peut les sauver, qu'on peut trouver la clé qui ouvrira cette porte qui les mènera vers l'abstinence totale. Mais toujours, les rechutes se font plus nombreuses et les blessures laissées, plus difficiles à panser. Je connais votre langage et je le parle depuis fort longtemps. À votre questionnement qui se lit «J'aimerais aussi savoir si nous devons en parler aux enfants. Peut-être qu'elles sont trop jeunes». Certes, qu'à 11 et 14 ans, elles ont certainement compris que quelque chose ne tournait pas rond à certains moments de leur enfance. Je crois qu'un jour ou l'autre, elles poseront les questions pour éteindre leur curiosité. Mais personnellement, j'attendrais avant de leur en parler. Si leur comportement est équilibré et qu'elles progressent normalement alors, pourquoi allumer un feu. Il est possible que votre conjoint a réussi au cours des années à conserver le respect des enfants. Et qu'avec votre soutien, votre aide et votre support que le noyau familial soit demeuré intact et solide. Peut-être qu'elles n'ont pas été ébranlées par les hauts et les bas de sa consommation. Si tel est le cas alors, prenez le temps de remercier le Tout-Puissant pour la force et le courage qu'il vous a donnés. Par contre, j'avoue que vous m'inquiétez grandement. Vous avez réussi à garder le contrôle du volant de votre nid familial mais à quel prix? Pas facile de jouer à la conjointe dévouée et à la mère forte! Et vous avez perdu quelques plumes à travers votre cheminement. Il est important de vous soigner, de prendre le temps de vous nourrir intérieurement. Vous avez mentionné votre désir de vous impliquer dans un groupe d'entraide pour les personnes qui souffrent tout comme vous. Et je crois que vous avez trouvé votre solution! Les groupes d'entraide Nar-Anon sont là pour nous aider. J'ai en main un de leurs dépliants, dans lequel il est écrit «La maladie du dépendant affecte la vie de tous ses proches. Une participation assidue aux réunions des Groupes Familieux Nar-Anon et de fréquents contacts avec d'autres membres apporteront des améliorations merveilleuses à votre situation.» L'une des phrases écritent qui vient me chercher est celle-ci «Le plus proche parent de celui-ci requiert souvent plus d'aide que le dépendant lui-même». Il est difficile de sauver quelqu'un qui se noie quand on ne sait pas nager. À travers mes contacts parentaux, j'ai appris le sens de ces quelques mots. J'ai trop souvent embrassé le plancher de ma honte, de ma détresse et de mon impuissance. Et au fils du temps, ma problématique s'est transformée et j'ai dû trouver d'autres solutions pour survivre à ce fléau qui détruit tant de familles à travers le monde. S'outiller par l'information est certainement une source sensée de reprise en main, un premier pas dans la bonne direction. Mais, il y a tant de travail à faire pour ne pas perdre les pédales. Votre conjoint souffre. Certes, qu'il vous aime et qu'il voudrait du plus profond de son être cesser sa consommation mais il en est incapable. Il s'évade artificiellement pour calmer le trop de son anxiété, de sa tension, de ses problèmes financiers, de ses déceptions personnelles et qu'il cherche à enterrer le feu de ses émotions. Pas facile! J'espère que vous débuterez un processus de rétablissement car il est certain, que toutes ces années, ont laissées des blessures sur votre Moi. Puis-je vous suggérer de continuer votre progression en parcourant les pages du site. Nous avons aussi des chroniqueurs d'expérience qui vous offrent gratuitement de l'information pertinente. Et tel que mentionné, une participation assidue aux Groupes Nar-Anon serait certainement un plus dans vos moments d'incertitude et d'inconfort. En espérant que ma transparence vous aidera à trouver la clé pour conserver la porte de votre soulagement intérieur, toute grande ouverte. Une équipe à l'écoute «Quand la drogue n'est plus un jeu» Lee qui marche à vos côtés
From: Emma L
Merci Lee d'avoir pris le temps de me répondre avec tant de soin. En passant il n'y a aucun problème à présenter mon témoignages car je sais que cela peut aider beaucoup de gens comme cela m'a aider. Merci aussi de me parler de l'amour avec un rand «A». Ayant vécu toute mon enfance avec ma mère seulement, je n'ai jamais vraiment su ce qu'étais un véritable couple. Mon jeune frère ayant 9 ans de plus jeune que moi, j'ai développé mon côté «forte» celle qui protège. Lorsque j'ai parler de mes problèmes de couple avec ma mère il y a de cela plusieurs années, elle m'avait dit que j'étais une dépendante affective. Cela m'avait perturbée et j'ai eu de la misère, par la suite, à faire la part des choses. Mais, différents évenements sont survenus auquels j'ai du m'affirmer et prendre position. C'est là que j'ai su que je n'étais pas dépendante affective. Ma mère l'est. Je ne lui parle donc plus de mes problèmes car elle voit son reflet dans ma vie et mêle les cartes, ce qui n'aide en rien ma cause, mon besoin d'écoute. Je sais aussi que même si mon conjoint est pris avec sa toxicomanie, il est une personne extraordinaire et je l'aime vraiment. Si nous avons pu passer à travers toutes ces années et ces épreuves main dans la main et plus solide de jour en jour, voilà le véritable amour. Vous savez, je me sens souvent coupable de mots ou de geste posé à l'encontre de mon conjoint. Et il sait très bien comment utiliser ces points faibles afin d'amoindrir sa situation. Mais j'embarque plus ou moins dans son jeu même si dans mon fort intérieur je me sens coupable. C'est difficile. J'ai l'impression de devenir moi-même manipulatrice. Car je sais que le seul moyen de lui faire comprendre comment moi je me sens s'est de ne pas lui faire voir mes sentiments de culpabilité. En résumé, ce que je veux dire c'est que non seulement je n'ai aucun amis, collègues ou parent à qui je peux me confier, mais je ne peux pas non plus me confier à lui car il ne comprend pas. Il comprend sa version. Son côté de la médaille ou la victime c'est lui. Et mes filles se demandent parfois pourquoi j'ai l'air si marabout ou déprimé. Mais je ne peux pas leur expliquer. Je me surprend parfois à avoir si peur que mes filles ne se mettent à consommer. Je crois que je deviendrais folle !!! Quels sont les signes qui peuvent nous dire qu'il y a un danger ? Je crois que le mieux serait de trouver d'abord notre équilibre (mon conjoint et moi). Vous m'avez parler des groups familiaux Nar-Anon. Pouvez-vous me donner le numéro de téléphone pour ce groupe dans la région de Québec ? Si mon conjoint pouvais trouver une personne qui s'est réellement sorti d'un problème de toxicomanie et plus particulièrement de cocaïne par injection, je crois que ça l'aiderai beaucoup. De pouvoir parler avec cette personne, des moyens pris pour s'en sortir. Me voilà encore à essayer de trouver des solutions pour lui. Je vais lui faire lire nos conversations. Ce sera un bon moyen de remettre le sujet sur la table. Car la plupart du temps, après une rechute, nous fesons l'autruche comme si les quelques jours ou semaines avant une autre rechute était un rétablissement. Mais plus le temps avance, moins j'ai confiance et c'est là toute une problématique. Cependant, nous sortons justement d'une période «high» ou il a du aller à l'hôpital justement à cause de cela alors son désir de s'en sortir était à son plus fort. Mais la déception fut plus forte aussi. Et c'est là que j'ai «peter ma coche». Je crois qu'il ne faut pas laisser redescendre la poussière «battre le fer tandis qu'il est encore chaud» et pousser encore plus loin son désir de s'en sortir. Car je crois qu'il le peut et surtout qu'il le mérite ainsi que nous tous à ses côtés. Merci encore ! Vers la liberté
From: Lee To: Emma L Sent: Wednesday, December 01, 2004 Subject: Re: En réponse à votre correspondance intitulée «Enfin» Bonjour, Oui, le fait de partager le fruit de notre plume, peut certainement soulager les autres, ceux et celles qui souffrent en silence derrière leur mur d'isolement. J'ai
eu la chance de correspondre avec plusieurs femmes depuis 1999. Et à
travers ce privilège, j'ai appris à reconnaître les
femmes qui souffraient de dépendance affective. J'ai aussi meublé
ma bibliothèque de quelques livres sur ce sujet pour mieux les comprendre
et accepter leurs prouesses qui parfois me dépassaient.
La culpabilité quand on souffre de co-dépendance fait partie de notre panier à reproches. C'est difficile d'essayer de nager dans cette marre d'incertitudes et de ne pas essayer tout simplement de survivre. Et pour ce faire, il peut arriver que nos gestes soient manipulateurs. Mais comme vous le savez, les dépendants sont passés maîtres dans l'art de manipuler celui ou celle qui l'aime. Ils nous apprennent par leurs prouesses, à utiliser les faiblesses de l'autre pour obtenir ce qu'ils désirent. C'est triste mais c'est ainsi! A force de se faire manger la laine sur le dos, on apprend, je crois, à tricoter! C'est une question de survie mentale... Vous savez il est très difficile de comprendre ce que l'autre vit si on ne porte ses chaussures pendant un temps. On peut essayer d'être «Madame ou Monsieur compassion et écoute» mais peut-on vraiment comprendre le vrai sens de la co-dépendance à moins de la vivre et de ressentir ce mal de vivre qui nous démolit intérieurement? J'en doute! Et moi aussi, je connais peu d'oreilles qui se sentent à l'aise à écouter le récit de ma vie. Les gens qui vivent dans le confort et l'équilibre du Soi, ne désirent pas être pollués par nos pages de noirceur. La toxicomanie et l'alcoolisme sont des sujets lourds à entendre. Et je ne les blâme pas! Mais on existe, on a le besoin d'exprimer notre trop. Et trop souvent, on porte le drapeau de l'impuissance. Nous sommes trop souvent les mal-compris. On n'a pas le droit d'être et d'exprimer les revers de ce fléau qui continue de marquer les coeurs tendres. Vous avez peur que vos filles consomment un jour. Et je vous dirais que vos craintes sont basées probablement sur votre vécu dans vos chaussures de conjointe. Vous êtes alerte à cette problématique puisque vous la connaissez si bien. Votre expérience de vie dans votre relation affective n'a pas été de tout repos et vous craignez que l'avenir de vos êtres chères soit handicapé par ce fléau qui détruit tant de familles à travers le monde. Ouf, c'est tout à fait normal. Et avec l'adolescence quel parent peut avancer dans son rôle sans vivre cette incertitude? À votre questionnement qui se lit «Quels sont les signes qui peuvent nous dire qu'il y a un danger? Je vous dirais que probablement chaque situation diffère. Que les enfants nagent différemment dans leur besoin de s'évader de leur trop. Il faut aussi comprendre que pour que le consommateur devienne piégé dans sa prise de produit ou d'alcool, ça peut prendre des années. Beaucoup, essaient des drogues ou de la boisson, sans pour autant développer des problèmes à long terme. Nous avons sur ce sujet, une section sur les drogues. Elle énumère les caractéristiques physiques et tant plus. Si vous avez de la difficulté à la retrouver, dites-le et nous vous indiquerons le chemin à prendre. Personnellement, je vis parfois des moments d'apitoiement. Avec mes filles qui sont malades dans leur consommation, comment de pas tourner le négatif sur sa situation actuelle? Donc, je dois me battre pour conserver mon positif et pour trouver le fort dans mon cheminement de mère, de femme et tant plus. Je crois qu'à travers mes pages de difficile, il y a toujours des leçons de vie à apprendre. Et je suis une bonne élève qui sait apprendre par coeur les dures leçons que la vie me fait vivre. Concernant votre problématique, sachez que ma fille aînée Emmanuelle souffre d'être piégée dans son alcoolisme. Aussi, elle est cocaïnomane depuis 1997. Maintenant, elle consomme tout ce qui lui passe sous le nez. Peu importe le nom que le produit porte, elle accepte d'en consommer. Quand j'ai lu «cocaïne par injection» dans votre description, j'avoue que je suis retournée en arrière. Pour la fête des mères en 1999, j'ai eu le plaisir de sa visite. Un an sans la voir, sans son contact physique, j'avais hâte de la serrer dans mes bras. Mais à ma surprise, elle m'a laissé voir les marques sur son corps des aiguilles avec lesquelles elle avait dansé, pendant la nuit précédente. Des marques bleutées habillaient son corps amaigri et ce, à partir de son cou jusqu'à ses chevilles. J'avais écrit à ce moment-là une chronique qui avait fait danser les émotions de notre chroniqueur maintenant décédé, Monsieur Ronald Toupin. Et à ce sujet, je vous dirais que pour essayer de cesser leur consommation souvent les dépendants(es) vont trucker un produit pour un autre. Et parfois, à travers ce cheminement, ils se réveillent avec d'autres dépendances qui s'ajoutent à leur problématique, à leur enfer. Il
existe, j'en suis certaine, de l'aide pour aider votre conjoint à
calmer son besoin de consommer. Mais, l'atteinte de l'abstinence demande
une valise bien rempli d'efforts et une discipline de fer.
La liberté de contrôler ses pulsions est difficile d'atteinte car le désir est fort et le contrôle du Soi, si fragile! La lecture des pages dans la section intitulée «Drogues» serait, j'en suis certaine, un autre pas vers votre équilibre. Une équipe à l'écoute «Quand la drogue n'est plus un jeu» Lee
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