LES CORRESPONDANCES DE LEE
Pascal M

Objet:   Ancien pluritoxicomane
De:   Pascal M (France) 
Date:   Ven 14 janvier 2005 0:10 
À:   qldnp1j@quandladrogue.com 

Bonjour,

J'ai été pendant près de 20 ans héroinomane, cocainomane, fumeur de H et alcoolique. 
Aujourd'hui le problême est complêtement héradiqué, mais à quel prix. 
Je n'ai dû compter que sur moi-même, m'expatrier, et finalement quelques rencontres importante dans ma vie.
C'est l'amour qui m'a sauvé. 
Pas la famille.

La sophrologie, la cure, le suivi psychologique, la lecture, le travail et la volonté m'ont permis de m'en sortir.
J'ai essuyé un nombre incalculable d'echecs et de rechutes avant de m'en sortir.

Il a fallu que je côtoie la mort à plusieurs reprises pour comprendre qu'il n'y avait pas d'issue. L'instinct de conservation à fait le reste.
Tout cela pour dire que c'est possible de s'en sortir mais que c'est difficile car quand on arrête on retrouve le ou les problêmes pour lesquels ont avait fuis. 

Donc il accepter, s'accepter tel que l'on est et surtout dédramatiser. Prendre du recul. Il faut savoir "perdre du temps" pour en gagner ensuite, car on sort grandi de ce genre d'épreuve.

Je suis à votre entière disposition. 

Pascal


Objet:   En réponse à votre chemin de vie! 
De:   "Lee" <lee@gsig-net.qc.ca> 
Date:   Sam 15 janvier 2005 9:51 
À:   Pascal

Bonjour Pascal,

Je me devais de répondre à votre courriel. Il est habillé d'une sagesse que seuls les grands possèdent. Pour les parents, pour les proches de ceux et celles qui sont piégés dans leur surconsommation, un tel témoignage est une nourriture qui goûte si bon. 
Merci!

J'ai deux filles qui surconsomment depuis quelques années. Celle qui m'inquiète le plus est certainement ma fille aînée Emmanuelle. Âgée de 29 ans, elle marche dans ce sentier perdu depuis 1997. Cocaïnomane, elle s'enterre dans toutes les cochonneries qui lui passent sous la dent. Quatre thérapies manquées par son inconduite, elle poursuit son cheminement, à pas de tortue. 

Je devrais tout de même conserver une certaine fierté car elle travaille et elle se donne à plein feux. Son attitude qui se développe en dents de scie, semble s'améliorer. Je crois que d'embrasser le plancher de ses échecs pendant si longtemps commence à réveiller en elle le désir de se redresser et de calmer le fort de sa consommation. Depuis quelques temps, elle essaie de marquer des points et de se rapprocher de ses proches qui se sont éloignés d'elle car elle est si polluée. Son manque de respect pour les autres, pour ceux qui l'aiment demeure un obstacle
difficile à accepter.

À vous lire, on recommence à croire, puisque votre texte respire l'espoir.

Si vous le permettez, nous allons insérer votre sagesse sur la page témoignage de notre site. Et soyez certain que nous conserverons votre anonymat dans ce processus. Ceux qui sont en quête d'espoir ont besoin de savoir qu'à quelque part, d'autres ont réussi à reprendre le contrôle du volant de leur vie.

P.S. À la fin de votre correspondance, vous terminez avec «Je suis à votre entière disposition». Pourriez-vous nous décrire la signification de cette conclusion?

Une équipe à l'écoute «Quand la drogue n'est plus un jeu»

Lee


From: Pascal M
To: Lee 
Sent: Saturday, January 15, 2005 11:05 AM
Subject: Re: En réponse à votre chemin de vie!

Bonjour Lee ( je crois ),

Je suis OK pour l'insertion du texte.
Je suis à votre entière disposition dans le sens communication. Si besoin est, je pourrai communiquer avec la ou les personnes de votre choix comme témoin et preuve vivante que c'est possible d'arrêter définitivement la drogue, l'alcool.
  C'est impossible pour une personne pluritoxicomane de contrôler sa consommation, même de joints. Il faut arrêter totalement. Le travail est une bonne dépendance surtout si l'on peut s'épanouir ou bien avoir le sentiment d'exister pour
quelqu'un ou pour une " cause ". 

Il faut ensuite se méfier de la dépendance affective dans les relations amoureuses, car on refait le même schéma et c'est à nouveau la catastrophe. Je sais ce n'est pas simple mais la solution passe par la reconnaissance du problême, source de cette dépendance, puis l'accepter. 

Si on ne peut éradiquer le problème, on peut néenmoins l'accepter, vivre avec, le dresser puis le dompter et enfin en être le " maître ". 

Dans l'état de dépendance ou ce trouve apparement votre fille, le moindre problème doit prendre des proportions gigantesque mais cela est lié uniquement à sa propre toxicomanie. Il y a un effet amplificateur. La peur d'arrêter c'est de se
retrouver tout nu, nu comme un ver. Il faut appréhender cela comme une rennaissance, comme un bébé. J'ai commencé de me droguer vers l'âge de 16 ou 17 ans. Vingt ans plus tard, quand j'ai réellement réglé le problème, je me suis retrouvé mentalement pratiquement au même âge. C'est fabuleux non ?

Sur ses bonnes paroles et espérant que vous gardez la foi,  je vous dis à bientôt.

Pascal
 

 

© 2005-1999 QLDNP1J