LES CORRESPONDANCES DE LEE |
N. C.
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From: N.C. To: <qldnp1j@quandladrogue.com> Sent: Monday, March 14, 2005 7:08 AM Subject: Inquiétude cocaïne Bonjour, J'ai certaines préoccupations à propos de ma consommation de cocaïne, j'espère bien que vous pourrez m'éclaircir... Je consomme depuis 6 mois sur une base régulière (à chaque deux jours environ, à part une période de 2 semaines et une de 3 semaines ou je n'en avais pas) et malgré les inconvénients que cette drogue me cause, je ne souhaite pas arrêter maintenant, mais je prévois rayer ça de ma vie d'ici deux mois pour des raisons biens précises. En attendant, je me trouve à avoir énormément de difficulté à arrêter de sniffer une fois que je commence. Je me dis toujours ''à telle heure, j'arrête'', mais c'est rendu que je dépasse de beaucoup trop mon délai même si je sais que je vais en souffrir (côté nez et côté dodo). Aujourd'hui c'est le boutte, je voulais arrêter à 10pm et j'ai poursuivi jusqu'à 6h du matin, torpinouche! Ça n'a pas de bon sens! Il faut dire que je suis en congé cette semaine, mais quand même! Auriez-vous des trucs/conseils pour m'aider à respecter mes délais? Ensuite, ce qui m'inquiète
encore plus c'est les dommages causés à mon nez. Après
avoir ENFIN fini de consommer, je mouche pendant des heures et même
si parfois mon nez est complètement bouché, je force fort
pour faire sortir le mucus puisque j'ai peur qu'un conduit explose si je
ne le vide pas ou quelque chose du genre. J'ai l'impression que mes conduits
nasaux se sont resserrés de façon permanente, pis moi la
folle je force de la coke à entrer là-dedans! Il arrive aussi
que j'aie de la douleur au nez et aux sinus.
Des réponses seraient fortement appréciées... Merci d'avance N. C.
From:
lee
Bonjour N. C., Mon conjoint, le webmestre de ce site m'a remis ta lettre. Je lui ai proposé qu'il fasse une recherche pour répondre à certaines de tes questions. Et personnellement, je prendrai l'autre volet, celui de la transparence dans mes chaussures de mère. Je débuterai comme je débute bien des lettres. Je suis Lee. J'ai deux filles qui sont piégées dans leur surconsommation. Marie-Paule est âgée de 26 ans. Elle est accro au pot et elle est alcoolique. Celle qui m'inquiète le plus est ma fille aînée Emmanuelle. Elle marche vers ses 30 ans. Elle est cocaïnomane et alcoolique. Cette entrée en matière devrait te faire comprendre que je connais ta problématique. Pour ton information, depuis 1997, notre famille embrasse le plancher de l'impuissance. Et je t'avoue que ces dépendances détruisent le noyau familial et qu'elles laissent des blessures qui ne guériront jamais. J'ai lu ta lettre à quelques reprises pour bien nager dans ton enfer. Et j'ai bien peur que je vais par mes mots, tenter de brasser ta cage. Depuis plus de six ans, je réponds aux lettres des mères en détresse. J'ai aussi reçu des correspondances de jeunes femmes qui étaient accro à la cocaïne mais elles sont beaucoup moins nombreuses. Avec le temps, je suis devenue si je peux me qualifier ainsi «maître» dans le brassage de cage des mères qui souffrent tout comme moi, d'être impuissante devant les ravages de la surconsommation. C'est pas facile de voir son enfant se noyer dans ce monde qui s'amuse à les détruire et à les manipuler de la tête aux pieds. Retournons à ta dynamique et concernant ton dernier paragraphe de ta lettre Les effets de la cocaïne sur l'organisme Quand la cocaïne est prisée (reniflée), elle est absorbée par la muqueuse qui tapisse l'intérieur du nez. Les membranes tentent de prévenir la pénétration de la drogue dans l'organisme. Les vaisseaux sanguins se contractent, et le flux sanguin dans le nez s'en trouve diminué. Il peut s'ensuivre la formation d'ulcères qui risquent de perforer la cloison nasale.J'ai fait une courte recherche pour trouver les bons termes et pour t'informer adéquatement. Puis, j'ai couché le livre car les mots qui suivent viennent de notre vécu. Il y a quelques années, ma fille a perforé sa toison nasale. Depuis, elle ne peut plus se maquiller car les cochonneries de son nez s'évacuent par le coin de ses yeux. Et devant ce difficile, elle se nettoie constamment les yeux pour vider ces résidus. Et à force de les vider, le coin de ses yeux devient bleuté. C'est l'enfer! Depuis 1997, ma fille a tout perdu mais vraiment tout. Elle ne possède plus de travail. Elle était secrétaire-réceptionniste bilingue. En 1998, son concierge a saisi tous ses biens personnels (meubles, linge, souvenirs, tout...) parce qu'elle n'avait pas payé son loyer. Depuis, elle doit d'énormes sommes d'argent «à des pushers, au gouvernement, à ses amis(es), etc). J'ai bien peur qu'un jour elle sera confrontée à faire face à cet endettement. Selon moi, sa plus grande perte est l'estime du Soi. Si seulement je pouvais retourner en arrière pour arrêter cette destruction totale d'une vie qui semblait si riche en devenir. Il m'a fallu comprendre que je ne pouvais pas aider mon enfant. Mes émotions sont trop présentes. Je risque de me noyer dans mes tentatives. Ayant compris, j'essaie d'aider les enfants des autres. Au fil des ans, j'ai acquis cette capacité d'outiller, de renseigner, de brasser la cage dans le but de faire réagir avant qu'il soit trop tard. La cocaïne comme bien des drogues laisse des marques terribles sur le corps de celui qui la consomme. Il ne faut se le cacher, les effets sur l'organisme sont nombreux et dévastateurs. Ma fille ne pouvant plus sniffer à commencer à se shouter. En 1999, le jour de la fête des mères, elle est venue me visiter et elle m'a servi comme cadeau cette vision d'elle-même. J'ai pû constater les traces laissées par les aiguilles sur son corps. Du cou jusqu'aux pieds, elles étaient là, bien réelles, apportant une réalité des plus déchirantes. J'étais déchirée, brisée dans mon for intérieur! Jamais je n'aurais pensé qu'un jour ma précieuse, puisse se détruire ainsi pour s'évader de ses émotions. Tu dis dans ta lettre «Malgré les inconvénients que cette drogue me cause, je ne souhaite pas arrêter maintenant, mais je prévois rayer ça de ma vie d'ici deux mois pour des raisons bien précises». Ouf! Je pourrais me coucher sur cette lettre pendant des heures mais je préfère te quitter sur ces mots «N'attends pas deux mois pour cesser ta consommation. Les risques sont forts et tellement présents. Les symptômes qui polluent ta correspondance sont inquiétants et démontrent que tu dois absolument débuter une thérapie pour trouver la route de l'abstinence» N'attends pas de tout perdre avant de faire les efforts pour reprendre le contrôle du volant de ta vie! Une équipe à l'écoute «Quand la drogue n'est plus un jeu» Lee
qui marche à tes côtés
From:
QLDNP1J
Bonjour N. C., Si
vous avez parcouru les pages de notre site, vous avez probablement visiter
notre section «Index des drogues». Nous avons une page assez
L'utilisation
de la cocaïne entraîne la tolérance, donc cela se traduit
de la façon suivante: une plus grande quantité de drogue
est requise pour
Concernant les problèmes que vous avez éprouvés au niveau du nez Les personnes prenant de la cocaïne peuvent souffrir d'insomnie et de congestion nasale après en avoir consommé. Un usage intensif de la cocaïne par voie nasale, provoque la gerçure des narines par la suite une atrophie de la cloison nasale avec perte d'olfaction, pouvant mener à une perforation du septum. En espérant avoir répondu à vos questionnements Result, webmestre QLDNP1J-Quand
la drogue n'est plus un jeu
From: N. C.
Bonjour Lee, Merci pour ces infos et conseils, j'apprécie. Je suis désolée pour ce que vous vivez avec vos filles. Comment votre fille cocaïnomane a initialement su que sa cloison nasale s'était perforée? Je veux dire, est-ce qu'elle l'a ressenti immédiatement (si oui, comment ça s'est manifesté) ou seulement plus tard? Quels sont les signes avant-courreurs? Et en ce qui concerne la congestion nasale post-consommation, savez-vous s'il est préférable de se moucher ou de laisser le nez couler? Pour tout vous dire, je suis en train de me préparer à ''remplir'' ma vie et faire de gros changements, tenter des expériences et surmonter mes peurs. Je vais faire des choses qui m'apporteront quelque chose de positif (pour remplacer le ''bien-être'' procuré par la cocaine) et je suis confiante qu'en faisant ainsi mon abstinense sera grandement facilitée. Il ne me restera plus qu'à arrêter de fumer la cigarrette, ça sera la prochaine étape. Merci encore, N. C.
From:
lee
Bonjour N.C., Pour répondre à ta première question qui se lit comme suit : «Comment votre fille cocaïnomane a initialement su que sa cloison nasale s'était perforée? Je veux dire, est-ce qu'elle l'a ressenti immédiatement (si oui, comment ça s'est manifesté) ou seulement plus tard? Quels sont les signes avant-courreurs?» À ce moment-là de notre relation, ça faisait 1 an que je ne l'avais pas vu. Elle se promenait avec sa taie d'oreiller dans son gros sac délabré sans une adresse fixe. Et elle travaillait à se procurer sa drogue. Je me souviens qu'elle m'avait mentionné avoir des problèmes avec son nez. Puis un jour, elle en a parlé à un gars qui consommait depuis des années. Et c'est là qu'elle a appris que ses symptômes étaient reliés à la perforation de sa cloison nasale. Il faut dire qu'il y avait des signes évidents puisque la cochonnerie de son nez ressortait par le coin de ses yeux. Quant aux signes avant-courreurs, je crois que tu les vis présentement. Ce que tu m'as décris dans ta première lettre me confirme que tu marches à grands pas vers cet enfer. N.C., je sens que j'ai réussi à brasser quelque peu ta cage. Avant même que je réponde à ta première lettre, je suis convaincue que tu savais que ta consommation commençait à prendre un peu trop de place dans ta vie. Sans même te connaître, je constate que tu as une belle plume, tu es intelligente, tu es une jeune fille articulée qui a depuis un certain temps, empruntée la mauvaise route. Tu peux si tu le veux vraiment reprendre le contrôle de ta vie. Souviens-toi qu'en général il y a 4 routes qu'une personne qui surconsomme pourra prendre (je parle d'une personne qui est piégée) : Peut-être qu'«elle vendera de la drogue, elle volera pour s'acheter son produit, elle dansera nue pour gagner de l'argent et le sniffer, et finalement, elle va se prostutuer». Je n'ai jamais parler sur le site de ce que ma fille a fait pendant toutes ces années pour se procurer sa merde. Je n'ai pas osé m'ouvrir sur cet aspect qui m'a tant déchirée. Quant
à ta question «Et en ce qui concerne la congestion nasale
post-consommation, savez-vous s'il est préférable de se moucher
ou de laisser le nez couler?» Nous n'avons trouvé aucune information
pour répondre à cette question.
Et tu termines en me démontrant que tu es déterminée à arrêter ta consommation de cocaïne. Hourra! Malheureusement, il est possible que tu aies besoin d'aide pour trouver le courage d'arrêter. Ceux et celles qui essaient d'arrêter seuls(es) sont nombreux mais le pourcentage de succès est mince, tu sais. Si tu veux tenter de le faire par toi-même alors au moins essaie de trouver des groupes d'entraide pour t'outiller dans ta démarche. Quant à l'arrêt de la cigarette. Il serait peut-être préférable de mettre ce projet sur la planche pour un temps. De fumer serait réconfortant pour toi pendant cette tentative qui te mènera vers l'abstinence. Mais pour tenter cette démarche, il te faudra passer par-dessus bien des querelles intérieures. Je te quitte en te disant que je suis là pour marcher à tes côtés. Une
façon bien humaine, d'aider et de s'aider!
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