LES CORRESPONDANCES DE LEE
K. A.
From: K A
To: <qldnp1@quandladrogue.com>
Sent: Sunday, April 10, 2005 10:56 PM
Subject: Salut

Salut,

 j'ai entendue parler de toi.... si tu peux m'aider j'apprécirais.

Je prenais de la coke depuis environ un an et demi e  j'ai rencontré un gars, E, on a sorti ensemble prenant un an avant que je lui parle de ma consommation mais quand il l,a su il n'a pas tres bien réagis alors j'ai décidé qu'il était temps que j'arrete... Ce que j'ai fait, il y  a eu quelques rechutes mais avec le temps c'est correct, sauf que mon copain m'a dit tout récemment qu'il ne fesait plus confiance et qu'il ne pouvait pas batir sa vie avec quelqu'un à qui il ne fait pas confiance, alors on est plus ensemble mais je sais pas quoi faire pour lui montrer que je suis sincère, que je l'adore et que je veux juste être bien avec lui sans faire de merdes dans le genre. 

Il veut tout de meme rester mon ami parce que selon lui je suis quelqu'Un de super mais bon, ca ne me convient pas.... que puis-je faire pour lui donner confiance et lui montrer ma sincérité, comme quoi que les choses pêuvent bien aller pour tout les deux,etc.

Merci à l'avance si tu peux m'aider


From: lee 
To: K A
Sent: Tuesday, April 12, 2005 8:43 AM
Subject: Trouver la source de ce mal intérieur!

Bonjour K

Étant donné que j'ai élevé deux filles qui souffrent d'être dépendantes, je te répondrai en utilisant ma transparence habituelle. Et à cet égard, je serai honnête dans mes dires pour que tu puisses tirer du positif de mon langage.

Tu débutes ta correspondance en me disant que tu as entendu parler de moi. Donc, tu dois savoir que je connais ta problématique puisque ma fille Emmanuelle «bientôt âgée de 30 ans» souffre d'être cocaïnomane depuis 1997. 

--------------------------------------------------------------------------------
Si j'ai bien compris ta dynamique, tu m'expliques que tu as consommé de la coke pendant environ 1 an et demi. Puis, tu as rencontré Eric. Après un an de fréquentation, tu lui as avoué que tu avais un problème de consommation. Tu mentionnes que tu as eu quelques rechutes mais que tu as repris le contrôle de ta vie.

De l'autre côté, tu me décris qu'il ne veut plus s'investir dans cette relation car il n'a plus confiance en toi. Et malgré le fait qu'il accepte d'être ton ami, tu voudrais savoir comment regagner sa confiance pour que vous puissiez poursuivre votre relation car tu l'adores.

--------------------------------------------------------------------------------

Si je me base sur mon expérience de mère, j'aimerais savoir si tu es piégée envers la coke puisque selon tes dires, tu en as consommée pendant une longue période. Qu'elles étaient les fréquences de tes consommations? Je ne sais pas. Et si tu es accro, je crois qu'à moins de suivre une thérapie sérieuse et motivée, j'ai peine à croire que tu puisses te contrôler aisément sans être entourée par des professionnels qui travaillent dans ce domaine. Tu dis vaguement qu'avec le temps c'est correct.

Je pense qu'avant d'essayer de l'apprivoiser à nouveau et de lui prouver que tu es sincère dans ta volonté de changer et de demeurer abstinente, il faudrait que tu commences par te convaincre toi-même.

À la lecture de ta lettre, je sens que tu essaies de masquer ta vraie personnalité. Il est important que tu analyses ta problématique avant de croire que cette surconsommation n'était que superficielle. Rares sont ceux et celles qui peuvent se contrôler sans avoir de suivis adéquats, sans être entourés de gens qui parlent leur langage et tant plus.

Savais-tu que le proche, le conjoint, l'ami souffre de voir l'autre surconsommer et sa maladie se nomme la codépendance? Un mal de vivre qui pollue tellement notre quotidien. Tu sais, c'est très déchirant pour nous de voir l'autre se tuer à petits feux sous l'emprise de la drogue. Beaucoup d'oiseaux ont perdu des plumes en essayant de changer les habitudes dévastatrices de l'être cher. Et probablement qu'Éric a trop souffert à essayer de t'aider. Et qu'à travers ses tentatives d'amour, ses tentatives d'impuissance qu'il a perdu le goût de t'aimer car le prix est trop lourd de conséquences.

Tu sais avant d'essayer de gagner sa confiance, il serait peut être bon de répondre à cette question. Pourquoi as-tu consommé de la cocaïne pendant tout ce temps? Est-il possible que tu aies des blocages qui t'empêchent d'être véritablement toi-même? Il est évident qu'à quelque part K... souffre. Et cette souffrance nuit à l'atteinte de ton plein potentiel. Dis-moi, est-ce possible que tu aies des blocages intérieurs qui nuisent à ton cheminement?

Vois-tu K..., quand tu seras bien dans ta peau, quand tu auras trouvé tes pourquoi, tu brillleras de ton intérieur. Et à ce moment là, Éric et ton entourage verront la beauté réelle de ta personne. À savoir si vous êtes fait l'un pour l'autre, Dieu seul le sait. Mais ton rôle dans ta vie est de t'épanouir au meilleur de toi-même. Ce refus qu'il t'a donné de continuer cette relation est un signe de sa frustration vis-à-vis ta problématique. Il est temps de te reprendre en main...

Personnellement, je peux te dire que par l'exemple de mes filles, qu'elles sont maîtres dans la manipulation de l'autre. Quand elles veulent consommer leurs produits, elles utilisent leur entourage pour l'obtenir. Des scènes difficiles se dessinent, des situations qui déchirent et qui détruit la confiance, si précieuse.

Dans ton questionnement, il n'y a pas de réponses simples. La confiance est la fondation de bien des trésors. Sans elle, tout est fragilisé et plus pénible à encaisser. Pour la regagner, il faut travailler très fort sur Soi. Et c'est par ce travail, par tes efforts, par ta discipline que tu forgeras la clé qui nous mènera vers toi.

En espérant qu'à travers ces quelques paragraphes, tu trouveras les réponses que tu cherchais. Mais souviens-toi, qu'on ne peut pas ignorer le pourquoi d'une surconsommation, il y a toujours une ou des blessures à panser. Et tu dois travailler à trouver la source de ce mal intérieur pour retrouver cette magie que t'habites. Les paradis artificiels sont souvent des portes qui cachent des souffrances insupportables.

Nos actes ont des conséquences et parfois, il arrive que d'autres personnes soient blessées dans l'aventure. 

«Il n'y a pas de problème qui ne cache en soi un cadeau.»  Richard Basch

Une équipe à l'écoute «Quand la drogue n'est plus un jeu»

Lee qui marche à tes côtés dans cette relation d'aide

Comme tu le sais probablement, la cocaïne possède un très fort pouvoir toxicomanogène. 


From: K A
To: <lee@gsig-net.qc.ca>
Sent: Tuesday, April 12, 2005 8:41 PM
Subject: Merci de votre réponse et...

Bonjour,

Je ne sais pas exactement si une deuxième communication peut être appropriée ou même encore, bienvenue. En fait, comme je ne vous connais pas et la façon dont j'ai entendue parler de vous est plus ou moins vague; je n'espérait pas sincèrement une réponse à ma lettre. 

Merci d'avoir pris le temps (qui est fort bien précieux, selon moi) de me répondre, j'en suis ravie.

Vous avez bien saisi la problématique que je vous aie expliqué lors du e-mail précédent. Mes consommations n'étaient pas très extravagantes, du moins au début, avec le temps, il est certain qu'elles ont augmentées.
Oui, la plupart des gens auront du mal à se sortir de ce genre de problèmes puisqu'ils n'en connaissent ni la raison, ni la motivation. J'ai dû aller consulter, d'abord pour apprendre à connaître ce qui me poussait à me sentir aussi mal, disons que le chemin n'est pas terminé, de loin, mais bon, il faut commencer quelque part et j'ai trouvé où... Quand vous dites que j'essaie de masquer ma personnalité, je me demande bien ce qui vous amène à une telle conclusion, bien qu'elle soit probablement  vraie... j'ai tellement été honnête avec les gens et si souvent rabaissée pour ma "non conformité" que j'aie fini par me cacher...

J'aimerais, bien sûr, dans la mesure du possible recevoir votre aide. Ça revient plutôt à dire que j'aimerais que vous m'aidiez à trouver les causes de ce besoin de détruire ma vie, une vie dont certains seraient jaloux. Je provoque des « drames » autour de moi, où j'ai tellement mal que c'est seulement à ces moments là que je me sens réellement vivre. Je me nourri de ces situations qui à la fois me blessent profondément mais dont je semble absolument avoir de besoin et ce, sans savoir pourquoi.

Je prends conscience de tout ça et j'aimerais m'en sortir, pour être bien et sentir que j'aie le droit d'être bien. Juste d'en parler, mes larmes coulent... euh, je me sens légèrement ridicule, une situation dans laquelle je me suis promise de ne plus jamais être. Il est temps de changer tout ça, avant qu'un jour je décide que s'en ait assez de cette vie merdique et puis que je me suicide. Je m'accorde une dernière chance, c'est pourquoi je ne peux pas échouer, c'est exactement pour ça que je vais réussir, c'est pour ça, c'est pour moi.

Si je veux continuer cette correspondance, c'est parce que j'aime l'exactitude des mots qui traduisent votre pensée. Votre langage comme vous avez dit, j'en tire plus que du positif : il découpe et structure la réalité, vous donnant un meilleur contrôle de celle-ci. Je recherche ce contrôle mais uniquement pour ma vie...
 


From: lee 
To: K A
Sent: Thursday, April 14, 2005 10:08 PM
Subject: Le masque de l'innocence!

Bonsoir K,

Pour répondre à ton questionnement concernant si une deuxième communication peut être appropriée, je te répondrai que tant que j'aurai le sentiment que nos échanges peuvent t'aider à cheminer, je me ferai un plaisir de marcher à tes côtés.

Dans ta démarche vers le mieux-être tu m'expliques que tu as déjà consulté pour apprendre à connaître ce qui tu poussais à te sentir si mal.

Je pense qu'il faut essayer de cibler nos pourquoi. Il est important de comprendre pourquoi telle ou telle situation nous cause de souffrir ou de ressentir un mal être.

Parfois, à force d'écouter mon enfant intérieur, je trouve mes réponses. Elles viennent à moi. Parfois, les souvenirs de mon passé reviennent me hanter mais aussi, reviennent pour me faire comprendre pourquoi je réagis si fortement à certains événements. Nous avons tous nos blessures, nos injustices et parfois, nous devons les panser pour mieux avancer.

Certaines personnes passeront toute leur vie à se chercher, à justifier leur consommation sur le dos de leurs parents, de leur passé difficile ou dysfonctionnel, sur le fait qu'ils aient été adoptés ou autres. 

Je ne sais pas ton âge. J'ai 48 ans. Mes deux filles sont âgées de 26 et de 29 ans. Et toi?

Tu me dis que tu provoques des drames autour de toi. Pourquoi as-tu l'impression de porter ce fardeau? Je pense que tous les gens à un moment ou à un autre dans leur vie ont provoqué des drames. Certains sont causés par des vides, d'autres par un besoin d'être aimé, d'être accepté par les autres. C'est pas facile de trouver sa place dans la vie. Et même quand on la trouve, on doit trop souvent se battre pour conserver notre petit territoire. La jalousie est souvent présente dans notre entourage.

Tu peux certainement t'en sortir mais il faut travailler sur Soi. Savais-tu qu'on doit travailler sur notre personne toute notre vie. C'est un travail continuel; la recherche de l'équilibre, du mieux-être...

Souviens-toi que nous vivons dans une société malheureuse, stressée. Trop de gens cherchent à calmer leur trop par la drogue, par l'alcool, par les pilules, etc. Ce besoin d'évasion à court terme n'est que superficiel.

Les béquilles chimiques sont trop souvent la porte de sortie de bien des êtres malheureux en quête d'amour.

Savais-tu que mes deux filles ont fait des tentatives de suicide par le passé. Elles ont passé deux jours à l'hôpital. Souffrance, souffrance! Tous les proches souffrent aussi d'être impuissants devant ce mal de vivre.

Et j'ai personnellement embrassée le plancher de mon trop. J'ai connu intérieurement ce que c'est que de vouloir cesser de se battre. Je connais aussi ce langage, celui de l'enfant qui pleure à l'intérieur de notre moi malade. Inconsolable, il cherche une bouée de secours.

Certes qu'il faut se battre pour développer et conserver notre morceau de positif, notre joie qui nous comble et qui nous permet d'accepter notre chemin de croix.

Dans la vie, il faut s'entourer de gens qui possèdent cette magie de vouloir s'en sortir. Et de les trouver exige un travail judicieux et une vision d'avenir.

Il faut toujours s'accorder des chances. Et je te laisse sur cette pensée

«Que fais-tu là?

- Je bois, répondit le buveur d'un air lugubre.
- Pourquoi bois-tu? lui demanda le petit prince.
- Pour oublier, répondit le buveur.
- Pour oublier quoi? s'enquit le petit prince qui déjà le plaignait.
- Pour oublier que j'ai honte, avoua le buveur en baissant la tête.
- Honte de quoi? s'informa le petit prince qui désirait le secourir.
- Honte de boire! acheva le buveur qui s'enferma définitivement dans le silence.

Et le petit prince s'en fut, perplexe.

Le Petit prince (St-Exupéry)

Et toi K, pourquoi es-tu si triste?

Une équipe à l'écoute «Quand la drogue n'est plus un jeu»

Lee qui marche à tes côtés

K, as-tu remarqué que nous avons des lettres dans notre section courrier. Elles proviennent de gens qui m'écrivent et qui partagent leur vécu. Quand nous installons leurs correspondances, nous enlevons les informations qui pourraient brisées l'anonymat de nos auteurs. Ces lettres ont pour but d'aider ceux et celles qui vivent leur problématique dans l'isolement. Est-ce que tu te sens bien dans cette transparence?


From: KA
To: <lee@gsig-net.qc.ca>
Sent: Friday, April 15, 2005 1:25 PM
Subject: Bonjour!

Bien le bonjour à toi,

Je suis contente de savoir qu'on peut se communiquer tant qu'il y aura un effet bénéfique pour moi. D'abord, mon âge, je suis âgée de 18 ans et j'aurai 19 ans dans 6 jours précisément. C'est un choc, n'est ce pas?

J'étais assez surprise d'apprendre que vous étiez une femme. euh, parce que je connais seulement un Lee, désolée (: P) !!

Il est bien difficile de trouver un pourquoi à une question quand il semble ne pas y en avoir... à première vue. Je n'ai pas eu des tas de problèmes à l'enfance, seulement que mes parents se sont divorcés alors que j'avais environ 8 ans et comme il n'a jamais payé de pension alimentaire, nous vivions correctement mais sans superflue. C'est assez banal parce que tout le monde quasiment passe par là mais je me suis faite énormément «niaiser » alors que j'étais au primaire, au secondaire.... à un certain moment donné, je me suis tanné et je suis devenue la petite « fais-moi pas chier sinon je te casse la gueule » ... ce qui me convenait bien, j'avais la sainte paix! 

Alors j'ai fait la connaissance des dealers de l'école, de ceux qui ne s'intéresse à rien, ceux qui t'accepte, si on veut. Tout s'est succédé, les fugues, une après l'autre, la drogue, le vol, les menaces de mort, les arrestations, la DPJ, la famille d'accueil, les ententes avec le système des jeunes contrevenants, les réparations de torts, etc.

Je dois dire que vu comme ça, ça en fait beaucoup surtout pour ma mère qui n'a jamais mérité autant de chagrin et de misère de ma part. Le temps a passé, j'ai été étudier en ... pour deux années et essayer de me remettre dans le droit chemin. Revenue ici, ça a bien commencé sauf que j'ai toujours eu ce petit penchant pour la délinquance et bon, j'aime ça!

Le problème c'est que ça a été pire que jamais, en terme de gravité, j'ai souvent fait des espèces de dépressions intenses ou je croyais que la vie était de la marde et ou j'avais juste envie de mourir parce que je savais pas trop qu'est-ce qui me faisait mal. J'ai encore de la misère à cerner cette chose sauf que j'aie pris conscience que la réalité est dure pour tout le monde et que personne ne sait vraiment à quoi il sert, on est voué à une existence euh, inutile. 

Même en ayant de rêves ou encore des ambitions, je me faisait trop chier avec la vie quotidienne pour avoir envie de vivre les autres moments, ceux qu'on peut considérer comme étant bons. Cette période à commencée à disparaître mais j'ai peur qu'elle ne soit que partir temporairement et que l'envie de laisser tomber revienne. Je sais pas non plus ce qui a apporté ce changement chez moi, probablement Eric. J'ai réalisée que chacun était responsable de son propre bonheur qu'on pouvait pas demander aux autres de nous rendre heureux. Si je veux être bien, il n'y a rien que moi pour le faire, et ce, dans des situations de tout les jours, je trouve que je deviens sage.... :) ha ha.

Je voulais récupérer son amour, il ne veut pas et finalement, je ne crois pas que tout ça se résume seulement à mon problème de drogue mais aussi au fait qu'il est jeune, qu'il s'est embarqué dans plein de choses à payer et d'obligations en commençant à travailler à temps plein et que maintenant, il a de la difficulté à assumer ses responsabilités. Pour ma part, je me rajoute à ça, il a quelques devoirs envers moi pas nécessairement gros mais c'est quand même la seule place où il peut couper et possiblement sans en avoir conscience, c'est ce qu'il fait. Il supprime les responsabilités où il peut les retirer.

Désirant me conserver comme une amie, j'ai dû lui faire savoir que cette situation me blessait à chaque fois que nous nous voyons. C'est terminé et c'est dure, je m'imaginais déjà à 70 ans dans une chaise berçante, à ses côtés, j'aurais juré qu'il était l'être parfait pour moi tout comme le contraire mais il ne pensait pas la même chose, j'imagine.

J'essaye de garder la tête haute, en me disant que c'est une première épreuve à savoir si je suis capable de passer à travers sans retomber dans la drogue, sinon ça  ne ferait que me prouver que j'aie rien compris du tout. Se sortir de la merde, c'est trop d'efforts alors vaut juste mieux ne pas tomber dedans ou s'en sortir rapidement et apprendre de ses erreurs.

Maintes fois je me suis sentie vieille, âgée d'au moins 40 ans alors que j'aie même pas encore la moitié de ce chiffre... vieille et tellement fatiguée, épuisée d'essayer de trouver un sens à ma vie et c'est peut-être pourquoi j'étais aussi déprimée, pourquoi je voulais oublier tout ça, me sentir bien, ouais c'est ça que la coke m'apportait, ce sentiment de tout va bien t'en fais pas alors que quand tu redescends, c'est encore pire qu'à ton départ...

Pour ce qui est des drames, ce que je veux dire c'est que j' amplifiais des situations à l'extrême. Pour être sure que ça fasse mal, des soirées complètes je pouvais me morfondre sur combien la vie était dure pour moi parce que je savais pas quoi en faire et que j'avais jamais demandée à naître, simplement.

Mon nouvel objectif est le bonheur en soit, je cherche avant tout à être heureuse dans n'importe quoi mais c'est pas toujours facile, au contraire, en ce moment je pense à E... et combien il a été bon et présent autour de moi, j'ai dû rester 2 semaines à l'hôpital et il venait toujours me voir même s'il était fatigué après ses journées de travail et tout l'amour qu'il m'a porté, tous les sourires, les câlins, tout tout tout et ça me manque énormément. Je lui en veut tant, le salaud, pourquoi? C'est pas exactement le moment que j'attendais pour arrêter mais si j'arrive à passer à travers ça !

Pour ce qui est du courrier, oui, j'ai été me promener pour trouver votre site... j'en ai lu quelque uns et il n'y a pas de problème à ce que tu mettes nos échanges dedans. S'ils peuvent aider autrui, tant mieux.

C'est si facile de tomber et j'ai le sentiment d'être dans une situation précaire: comme humpty dumpty sur le mur, voulant pas descendre de peur de se casser mais en même temps passant à côté des belles choses de la vie....

Si tu peux m'apporter conseils, espoir et sagesse, j'apprécierais ! 

Merci de ton aide, elle est précieuse.
K


From: lee <lee@gsig-net.qc.ca>
To: KA
Sent: Monday, April 18, 2005 9:20 PM
Subject: Re: Bonjour!

Bonjour K,

Excuse mon retard à te répondre, mes responsabilités remplissaient ma fin de semaine.

À lire ton parcours, ce n'est pas banal d'avoir défoncé tant de portes. Il y a certainement quelque chose qui a fait que tu aies eu tant de difficultés à passer au travers ton enfance puis, de ton adolescence. On ne s'habille pas d'un tel chemin de vie sans avoir de raisons valables.

Personne n'aime souffrir autant sans porter en lui un mal intérieur. Ne crois-tu pas?

Tu dis que tu as été consulter pour apprendre à connaître tes pourquoi. Qu'as-tu trouvé comme point de départ? Est-ce que cette écoute et cette ressource t'ont permis de trouver certains fondements vis-à-vis tes comportements?

As-tu parfois l'impression que tu ne réponds pas aux attentes de ta mère? Je constate dans ta lettre, que tu as la sagesse de reconnaître que tes comportements ont blessé ta mère et j'aime! Ce n'est pas tous les jeunes qui prennent le temps d'analyser les conséquences de leurs gestes sur les membres de leur famille. Cela démontre que tu possèdes la maturité pour devenir adulte. En passant, savais-tu que l'adolescence se termine à 19 ans?

Les épreuves de la vie sont souvent des causes fondamentales de la dépression. Savais-tu que ce dérèglement peut être causé par des causes organiques, une infection, la variation hormonale due au cycle menstruel, l'hypoglycémie, certains médicaments, des réactions allergiques, une alimentation déséquilibrée, l'anémie, et tant plus...

On dit que l'adolescence est une époque de grande tension nerveuse. On peut également tomber dans la mélancolie parce qu'on ne répond pas aux attentes de nos parents, de nos ami(e)s, ...

Tu me dis que tes parents se sont divorcés quand tu avais 8 ans. Nombreuses dépressions ayant pour cause les émotions, dans lesquelles on retrouve le sentiment aigu d'une perte, celle de quelqu'un. C'est pourquoi la perte d'un père à la suite d'un divorce peut engendrer la dépression. La confusion et la souffrance engendrées par des drames familiaux tels que le divorce entraînent bien des jeunes dans des symptômes sans nom.

N'oublie pas que quand un couple se sépare souvent les années qui précèdent la séparation sont parsemées de mots lourds à entendre et des difficultés importantes au sein de la famille. Donc, la séparation de tes parents à un jeune âge a certainement été pour toi un événement plus que contrariant dans ta jeunesse. Il y a peut-être dans ton subsconscient des moments marquants qui te polluent toujours. Et plus tard, il est possible que ta mère a été culpabilisée en te voyant exprimée ton trop à travers tes luttes existentielles?

Qu'en penses-tu ?

Et bon soleil!

Une équipe à l'écoute «Quand la drogue n'est plus un jeu»

Lee


From: KA
To: <lee@gsig-net.qc.ca>
Sent: Tuesday, April 19, 2005 10:58 PM
Subject: Bonsoir à vous :)

Bonsoir!

Tu n'es absolument pas tenue de répondre à un moment précis alors il ne peut pas y avoir de retard sans date limite... :p

Quand je dis que mes parents se sont divorcés, ce n'est pas juste ça, étant  plus jeune, ma soeur et moi devions aller passer une semaine de vacances chez mon père, entre autres pour noël puis quand nous sommes arrivées chez lui, son colocataire nous a dit qu'il était parti à S..., puisqu'il avait rencontré une femme là-bas, etc. Il est demeuré absent pendant près de deux ans, à certains moments donnés, la compagne de vie de mon père appelait ma mère pour lui parler...

C'était assez bizarre selon moi, mais bon, elles parlaient. Un jour, on a entendu dire qu'il (mon père) avait été arrêté pour avoir violenté la dame puis le temps a passé. Je crois que c'est à partir du moment où il est partit sans rien nous dire que ma mère a commencée à avoir une totale aversion pour lui, et c'est compréhensible, étant donné la peine qu'il m'a (plus qu'à ma soeur) causé. Je me souviens pas particulièrement de cette époque, à part pour les méchancetés que ma mère a pu faire à l'égard de mon père.

Pendant mes 17 ans, j'ai repris contact avec celui-ci pour qu'il puisse assister à ma graduation. Cette année là, il m'a souhaité un joyeux anniversaire à la fin de Juin, alors que ma fête est le 21 avril. Je lui ait dit que tout le monde pouvait se tromper et que c'était pas grave mais bon, disons que ce n'était pas tout à fait la vérité, comment a t'il pu oublier, il a seulement 2 enfants!

J'éprouve souvent de la pitié à son égard, comme s'il était un enfant que je devais ménager, de peur de le blesser. Je n'ose presque jamais lui dire combien il me déçoit et combien même si aujourd'hui il essai de se rattraper, ça marche juste pas. J'ai peur de le blesser alors que ce devrait être le contraire. Je lui en veut tellement d'être mauvais père mais pourtant je vois les efforts sans être très sûre de la sincérité de ceux-ci. Misère, je crois que tout ça, ça commence ici, c'est pendant qu'il était parti que j'ai commencé à fréquenter des gens de mauvaise influence.

Je dois avouer que tout arrêter est pas si facile... je fais des cauchemars où je me réveille parce que je fume une cigarette alors que je me suis dit que c'était fini! Une cigarette...! J'avais une de ces envies aujourd'hui, aurait pas fallu que je tombe sur mon "pusher", heureusement il n'habite pas dans mon quartier! Je veux surtout pas tomber sur des gens que je connais qui consomment, ce serait commode de me laisser convaincre, comme si je n'étais pas maître de moi-même mais pourtant oui, la tentation est aussi forte que ma volonté ! Nah, je veux continuer mais comment oublier que j'aime ça et que j'aimerais en prendre?

" Le seul moyen de se débarrasser d'une tentation, c'est d'y céder. " 
Oscar Wilde
 - Tout un encouragement !

Je pense que ma mère connaît ses limites et que quand elle m'a expédié à ..., elle m'a clairement dit que c'était ma dernière chance, que si je  foirais là-bas, elle ne voudrait pas que je revienne à la maison. Je lui avais fait assez de torts pour qu'elle ne soit plus en mesure de m'aider et que son seul recours soit de me mettre ailleurs en espérant que cette autre personne puisse mieux "dealer" avec moi. Sais pas si elle avait raison de faire ça mais je pense que c'était parce qu'elle se sentait incapable de plus envers moi.

Devrais-je être contente de quitter l'adolescence pour devenir adulte? Des responsabilités en vrac, des obligations, etc. Oui, il y a un bon côté mais  je trouve que l'envers est amer.

J'ai beau consulter présentement (demain) et l'avoir fait dans le passé, je ne me sens pas beaucoup avancer. Prendre conscience des choses en les exprimant apporte un soulagement incontestable, même une libération mais ce n'est pas suffisant pour complètement s'en débarrasser, peut-être est-ce impossible?

J'ai pu ne pas corresponde ou avoir l'impression de ne pas corresponde aux attentes de ma mère mais ce n'est plus le cas, je me sens libre de choisir ce que je veux pour ma vie et ce, sans problème. Hum, commence à se faire tard, alors je conclus ici, je sais pas à quel point réellement mon père à pu m'affecter, hier comme aujourd'hui, alors si un avis extérieur peut m'aider à y voir plus clair, tant mieux!

K


From: lee <lee@gsig-net.qc.ca>
To: KA
Sent: Sunday, May 01, 2005 2:51 PM
Subject: Re: Bonsoir à vous :)

Bonjour chère K,

J'ai pris le temps de te relire et je réalise que tu traînes tout un bagage de difficile laissé par le départ de ton père dans ta vie. Il n'est pas évident de garder la tête haute et le coeur en fête quand il y a tant de questions qui restent sans réponses.

À te lire, je sens que tu n'as pas tous les détails en tête quand tu me racontes certaines pages de ton enfance. Peut-être qu'un jour tu auras la chance de poser à ton père les vraies questions, celles qui te permettront de mieux le comprendre. Tous les pourquoi ont besoin d'être répondus. Je crois!

J'ai personnellement fait un retour en arrière en composant mes chroniques qui s'intitulaient «Les survivants du passé». Grâce à cette démarche, j'ai fait danser non seulement ma plume, mais j'ai trouvé mes vides, mes questionnements et tant plus. Si jamais tu as la chance de le faire, il serait sein d'écrire ton journal personnel. Et à travers ton ouverture intérieure, tu trouverais certainement les paragraphes où tes trop te dévorent toujours. On a tous des blessures qui sont enterrées tout au fond de notre moi malade. De les trouver, peut nous aider à entâmer une démarche vers le mieux être. Maintenant, je suis plus ouverte à l'écoute de mes noirceurs. Je peux mettre un nom à mes douleurs, à mes injustices et à mes réussites.

Quant à toi, tu continues de rencontrer des gens qui t'aident à te développer et à t'ouvrir. Il faut comprendre que c'est un travail qui donnera des résultats positifs. Parfois, c'est sur une période à court terme et d'autrefois, sur une période à long terme. Peu importe, crois-moi que tes efforts seront récompensés! Ça vaut la peine d'investir sur soi. Ton avenir en sera meilleur.

Tu sais que la semaine prochaine c'est la fête des Mères. As-tu pensé à récompenser ta mère pour sa présence dans ta vie? Parfois les cadeaux les plus précieux sont les gestes du coeur. Cette journée pourrait être soulignée par une surprise, par un effort de ta part. Qu'en penses-tu? Tu trouveras certainement ce qui la rendra heureuse. Peut-être que toi et ta soeur pouvez réunir vos efforts pour rendre l'événement encore plus fort, encore plus beau, encore plus mémorable!

Je crois qu'à travers tes moments difficiles, ta mère était là pour vous deux, n'est-ce pas. Je suis convaincue que tu ou vous trouverez la recette pour faire de cette journée, un moment qu'elle n'oubliera pas.

Une équipe à l'écoute «Quand la drogue n'est plus un jeu»

Lee qui marche à tes côtés


From: K.A.
To: lee@gsig-net.qc.ca 
Sent: Wednesday, May 04, 2005 3:20 PM
Subject: Yellow

Salut!

Hum, hum, je ne savais pas que j'avais tant de pouvoir! Comme vous vous sentez plus apte à m'écrire... peut-être que je devrais devenir une muse pour écrivains! Nah, je blagouille...

Je sais pas vraiment quelle image vous avez eu des photos mais bon, disons que je suis relativement belle... assez pour dire que je me le fais dire au moins quelques fois toutes les semaines, et c'est exaspérant! Ton corps peut bien être beau mais si ta personnalité est à

"chier" (désolé l'expression) les gens voudront même pas être autour de toi et ne pourront pas du même fait, te voir... alors ça sert à rien de bien paraître, à part peut-être pour avoir du choix, mais bon, c'est pas l'essentiel. 

Revenons à mon père, ... je suis pas sûre mais comme il ne m'a pas encore souhaité bonne fête, j'imagine qu'il a (encore) oublié. C'est quasiment banal, euh! Je n'ai pas très envie de lui poser quelque question que ce soit... il n'est certainement pas en mesure d'y répondre, il ne connaît même pas la réponse pour lui-même alors, il faut pas trop en demander! 

J'ai surtout envie de rompre les liens entre nous deux, pas parce que je veux fuir... simplement que la relation que j'aie avec lui ne me convient pas, je l'appelle pas "papa", la seule chose que je qualifierais de très utile, c'est l'argent qu'il nous envoie tout les mois, pour "compenser" puisqu'il n'a jamais payé alors qu'on était jeune. Ça me demande un effort considérable de l'appeler ou de lui écrire, juste parce que j'en ai pas envie, il ne fait pas parti de ma vie et ce malgré tous les efforts mis. 

À bien y penser, il n'est plus vraiment bienvenu... quand j'avais besoin de lui, il n'était pas là et maintenant, je me débrouille très bien toute seule, alors au diable!

Haah, j'adore m'affirmer! 

Mais je dois confesser... je mens! Pas présentement mais de façon générale, j'ai comme ce besoin de m'inventer une autre vie, alors si tu retraces toutes les personnes que j'aie rencontrée pendant ma vie, tu auras pleines de versions différentes de ce que j'aie pu faire. La majorité du temps, j'amplifie la vérité ... je la gonfle ( trop!) Le problème c'est que j'arrive pas à m'arrêter, sur tout, tout, tout!  En fait, je dirais que je me dis expérimentée alors que je le suis pas du tout! Ah, pis je manipule ... ça a pas de bon sang! 

Il est certain que quand mon père va arrêter de nous payer, bien je vais arrêter de lui parler. Je le sais et à la fois, je me sens un peu "crosseuse" de faire une telle chose mais j'aime bien avoir un extra tous les mois! Comment pourrais-je contrôler tout ce qui sort de ma bouche? Le pire là dedans, c'est l'aisance avec lequel je le fais....

(I shall stop here!) Bon, bien dis-moi ce que tu en penses et envoie moi une roulette de DUCK TAPE ! Haah!

À bientôt, K


From: lee 
To: K.A.
Sent: Friday, May 06, 2005 9:06 PM
Subject: Re: Yellow

Bonjour K,

Je prends le temps de poursuivre notre correspondance. Concernant tes deux photos, tel que mentionné tu as une belle apparence mais l'apparence n'est rien sans l'essentiel, sans la compassion, sans le savoir-être, sans l'écoute, sans le désir de progresser, etc. Donc, étant donné que tu désires améliorer ta qualité de vie, changer ce que tu peux change, tu continues à embellir intérieurement et là, tu brilleras.

Quant à ton père, il est évident que tu possèdes beaucoup de blessures vis-à-vis son absence dans ta vie. Et quand je dis absence, je veux dire, qu'il oubli la date de ton anniversaire, qu'il ne t'explique pas pourquoi il vous a quitté sans crier gare quand vous étiez plus jeunes et tant plus.

Par contre, présentement, il vous aide financièrement et je pense que cette participation est tout de même appréciable. Même s'il ne répond pas à tes manques et qu'il ne trouve pas la façon de t'apprivoiser, au moins il vous apporte une meilleure qualité de vie. Qu'en penses-tu?

Je crois sincèrement que K... a deux personnalités; la fille forte qui prend une grande place dans son entourage et la fille brisée qui voudrait exprimer son désarroi, calmer ses inquiétudes et qui ne s'aime pas, vraiment pas.

Tu sais tu n'es pas la seule qui aimerait s'inventer une autre vie. On a tous des passages dans nos vies où on aimerait changer de chaussures. Puis, quand le temps avance on se rend compte que le gazon du voisin n'est pas plus vert que le nôtre. Puis on découvre la beauté de nos forces et on travaille fort à accepter la laideur de nos faiblesses.

Les étapes de la vie sont parfois difficiles à franchir mais l'atteinte de l'équilibre est source de bien-être et de satisfaction. Mais pour calmer nos peurs, pour trouver nos pourquoi, il faut travailler sur soi avec displicine et sincérité.

P.S. N'oublie pas d'embrasser très fort ta Mère pour souligner cette merveilleuse journée de la fête des mères et Bon soleil!

Une équipe à l'écoute «Quand la drogue n'est plus un jeu»

Lee

 

© 2005-1999 QLDNP1J