LES CORRESPONDANCES DE LEE
S. Z.
From: S Z
To: qlndp1@quandladrogue.com 
Sent: Saturday, April 30, 2005 8:02 AM
Subject: Aidez-moi à l'aider

Bonjour Lee,

Je suis perdue. J'ai rencontre un homme que j'aime il y a quelques mois, tout est allé très vite entre nous..Il est accro à la cocaine.
Je l'aime, il me fait de la peine. Il en prend depuis plus de 10 ans. Fils unique, d'un milieu tres tres aisé, qui reproche sans cesse a ses parents de ne l'avoir pas aimé. Ses parents ont divorcé lorsqu'il était enfant. Il n'aime pas sa mère et lui reproche de l'avoir abandonne avec des nounous. 

Il veut un bebe, il veut une famille, de l'amour, tout le temps, il en reclame. je l'aime, mais j'ai peur de lui. Vous n'imaginez pas comme il est capable de me faire souffrir, de me faire pleurer, d'etre agressif pour ensuite tout de suite s'excuser.

Il dit qu'il voudrait que je le change, mais qu'il ne sait pas s'il y arrivera.

Pire, il m'a dit avant-hier, "de toute façon, je sais que je vais mourir jeune. Tu seras une veuve riche et tu auras tes enfants, tout ce que je te demande, c'est de m'aimer."

Je l'aime tant, j'ai tellement peur pour lui, mais j'ignore si je serai capable de l'aider en sortir, si seul l'amour peut suffire.

je le veux ce bebe, je le veux, et je me dis que peut-etre, un bebe l'aiderait a voir la vie autrement. Parallement, je ne pourrai prendre le risque d'avoir un enfant, pour qu'il meure un an après d'une over-dose.

J'ai 26 ans, je ne connais pas le milieu de la drogue. il a beaucoup d'argent et pourra toujours s'en procurer. Il a une clique qui en prend aussi. Moi, il dit m'aimer, etre son petit ange, il s'accroche à moi, mais ne rate pas une occasion de s'en prendre à moi. Je suis cette petite "chose" rien qu'à lui qui lui permet de décompresser, autrement, il est arrogant.

Je nage en pleine détresse.
Nous nageons en pleine détresse.
je ne peux le quitter sans avoir au moins essayé de l'aider.

je ne sais plus quoi faire. J'ai perdu mes repères, aidez-moi.

Merci
S. 
Mais j'ai peur, peur de lui, j'ignore comment le chnagernous nous sommes très vite aimés. Nous ne vivons pas ensemble, je vis en ... pour l'instant et lui au .... Mais il m'a avoué il y a quelques jours qu'il était depnedant de la cocaine. j'avais pu constate qu'il pouvait etre agressif


From: lee 
To: SZ
Sent: Saturday, April 30, 2005 8:14 PM
Subject: Fermer la porte pour survivre!

Bonsoir,
 
Mon conjoint, le webmestre de ce site, vient de me remettre ta lettre. Et j'ai pris le temps de te lire et de te relire pour bien saisir ta problématique. Je débuterai cette lettre en te disant que j'ai deux filles. Emmanuelle est âgée de 29 ans. Elle est cocaïnomane, alcoolique, etc. Quant à Marie-Paule, elle est alcoolique et accro au pot. Tu as la même âge que ma fille cadette (26 ans).
 
À cet âge, on commence à développer une belle maturité, on commence à savoir quelles chaussures porter et on a la capacité de se raisonner. Et je vais m'appuyer sur ce fait car j'ai confiance que tu me liras et me reliras pour bien saisir l'ampleur de mon message virtuel.
 
Pour te répondre, j'utiliserai mon expérience acquise dans mes chaussures de mère et mon passé d'enfer. Je viens d'une famille dysfonctionnelle. Mes proches sont tous piégés dans l'enfer de la drogue, des pilules et de l'alcool. Je connais leur langage et je sais que ceux et celles qui surconsomment possèdent la clé pour nous faire embrasser le mur de la honte, de la peur et de l'impuissance.
 
Quand je te lis, je réalise que tu nages en plein océan sur un bateau qui prend l'eau. Certes qu'il est possible que tu atteignes le bord de la rive sans perdre la vie mais j'ai bien peur que tu vas devoir travailler très fort pour y arriver. La toxicomanie est une maladie qui manipule les proches et qui sème le désarroi au fil des jours. 
 
Donc, si je veux donner à mes prières un peu d'espoir, je vais devoir être franche avec toi et brasser ta cage. Alors, prends le temps d'écouter et de me lire avec ta logique. Laisse ton coeur prendre son envol pour quelques instants. Juste le temps de reprendre le contrôle de ta vie.
 
À la lecture de ta correspondance, je réalise que ton ami consomme de la cocaïne depuis plus de 10 ans. Donc, tu comprendras qu'il est accro à cette drogue. Il vient d'une famille brisée et il est habillé d'une profonde rancoeur envers ses parents. Certes qu'il n'a pas reçu sa part d'amour, de soutien et d'affection de la part de ceux qui lui ont donné la vie. Est-ce une raison pour consommer? Est-ce une raison pour vouloir fonder une famille? Est-ce une raison pour être agressif ? Ouf!
 
Il est évident qu'il a du travail sur la planche pour trouver ses pourquoi et pour panser ses blessures vis-à-vis ses manques. J'ai personnellement compris avec les années que je ne peux pas changer les choix de mes filles. Elles seules possèdent le pouvoir de prendre leur pilule et d'entreprendre les démarches qui mènent vers l'abstinence. Je ne suis pas une spécialiste. Je suis une mère qui connaît le pouvoir de ceux et celles qui surconsomment. Je sais qu'ils peuvent êtres des maîtres-manipulateurs. Ils savent ce qu'ils veulent et pour l'obtenir, ils feront ce qu'ils doivent faire. C'est triste, mais c'est ainsi! 
 
Tu dis qu'il est sait comment te faire pleurer, qu'il sait comment te faire souffrir, qu'il sait comment être agressif envers toi mais qu'il sait aussi te convaincre qu'il aimerait avoir ton enfant et fonder une famille. Et tu l'aimes, tu veux lui donner ce bébé et tu espères que sa présence lui aiderait à changer son fusil de bord, et à voir la vie autrement. Et en même temps, il te mentionne qu'il va mourir jeune.
 
Parlons avec les vrais mots, si tu le permets : 
 
Je n'ai aucun doute que tu l'aimes vraiment. Je crois que tu pourrais lui donner un enfant par amour. Je crois aussi que tu aimerais créer avec lui une famille et commencer une vie relativement équilibrée. Et je crois qu'il aurait les moyens financiers pour te permettre de vivre une vie confortable.
 
De l'autre côté, je ne pense pas que votre relation serait sereine. Tu n'es même pas avec lui que tu es enterrée par son agressivité et son mal-être. L'amour ce n'est pas de faire pleurer l'autre à tout moment. L'autre ce n'est pas un tapis pour essuyer son trop quand on est mal avec soi-même. 
 
Il t'a dit qu'il voudrait que tu le changes et qu'il ne sait pas s'il y arriverait. Entre toi et moi, il connaît toutes les ressources disponibles. Il a les moyens financiers pour lui permettre de suivre des thérapies de qualité.
 
Nous les proches, les conjoint(e)s, nous n'avons pas la capacité de les aider. Nos émotions sont trop fragiles. Je peux aider ceux et celles qui m'écrivent mais je ne peux pas aider mes filles. Je laisse ce travail aux autres. J'ai trop de misère à danser avec mes déceptions, mes inquiétudes, mon impuissance. Ceux qui surconsomment connaissent les routes qui mènent vers l'abstinence. Ils sont malades et n'ont pas la force de faire les efforts nécessaires pour entâmer une démarche sérieuse. Ma fille âinée est cocaïnomane depuis fin 1997.
 
Il ne faut pas que tu portes son fardeau! C'est trop lourd de conséquences, crois-moi! Réveilles-toi avant de perdre le petit contrôle que tu as sur tes choix de vie et sur ton équilibre mental. 
 
Il n'y a aucune raison pour que tu nages en pleine détresse. Certes que tu vas devoir prendre un certain recul sur cette relation. Tu es trop proche de tes émotions pour faire un choix éclairé.
 
Présentement, il vit loin de toi. Une grande distance vous sépare. Et avec celle-ci tu ressens tout de même son agressivité. Ce n'est pas ça l'amour, la vraie amour avec un gros A.
 
Quant à son compte en banque, souviens-toi que l'argent ne fait pas le bonheur. Tu peux un jour rencontrer quelqu'un qui saura t'aimer sans te faire vivre des émotions aussi négatives. Tu as peur de lui, peur de son agressivité... Et si vous avez un enfant. Est-ce que celui-ci aurait peur de son père?
 
Je ne suis pas là pour te conseiller. J'aime à penser que je peux t'offrir des pistes de solution. Toi seule à le pouvoir de continuer cette relation ou de nager dans cette détresse. 
 
Quant à ta réflexion qui se lit «Je ne peux le quitter sans avoir au moins essayé de l'aider» Ouf! J'ai souvent dit aux gens qui m'écrivaient qu'il ne faut pas essayer de sauver quelqu'un qui se noit si on ne sait pas nager. Et dans ton cas, petit oiseau fragile, sois prudente pour ne perdre trop de plumes dans ton désir de lui servir de bouée. Le prix à payer peut être lourd.
 
Je te laisse sur cette prière «Je vous salue Marie...»
 
Une équipe à l'écoute Quand la drogue n'est plus un jeu
 
Lee qui marche à tes côtés

 

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