Chère Lee,

J'ai été totalement bouleversée par votre histoire.
Votre force  m'a scotchée. 
Mon admiration ne peut, je le sais, vous aider en rien mais croyez-moi vous pourriez donner donner des ailes à beaucoup de mère qui se lamentent.
Je n'ai pas le malheur de vivre votre enfer mais votre parcours et vos façons de penser sont une leçon majeure de vie.
Je vous envoie toute mon amitié et si possible mon soutien moral.

Véronique
 
 

Bonsoir Véronique,

Mon conjoint, le webmestre de ce site m'a remis votre courriel intitulé «Quel coeur». Pendant quelques heures, j'ai serré le contenu de vos mots dans mon for intérieur, peut-être pour panser mes blessures ou pour réaliser la grandeur de nos visiteurs.

Sachez que le rôle d'aidant que je vis depuis 1999 est riche puisqu'il m'a permis d'utiliser ma sensibilité personnelle pour répondre aux lettres des mères en détresse. Sur le plan personnel, ce rôle de récepteur m'a permis de faire le ménage dans ma vie intérieure et de calmer mes trop dans mes chaussures de mère.

En janvier 1999, nous avons créé ce site car j'avais de la difficulté à nager dans mon rôle de mère et que j'étais agenouillée devant la maladie de ma fille aînée Emmanuelle, alors piégée dans le monde de la cocaïne. Depuis, sa dynamique s'est agravée puisqu'elle est devenue alcoolique, accro aux pilules, au pot, dépendante affective et tant plus. Aussi, depuis plus de deux ans, mon autre fille Marie-Paule est devenue aussi alcoolique et accro au pot. Donc, heureusement que la vie m'avait outillée car je ne sais pas comment j'aurais survécue mentalement à ces problématiques familiales.

Depuis ce temps, les mères déchirées par la déchéance de leur enfant ou de leur conjoint ont continué de me contacter pour trouver une bouée virtuelle et/ou pour donner un sens à leur vie. Et grâce à mes interventions, j'ai grandi tout en brassant leur cage dans l'espoir de les outiller convenablement. Et il ne faut pas oublier que sur ce site, nous avons des bénévoles extraordinaires qui se donnent entièrement et qui utilisent leur vécu pour faire circuler l'information à travers leur plume.

La pratique de la relation d'aide sur ce site est un type d'accompagnement qui est lourd et difficile à pénétrer. Ceux et celles qui sont touchés par la maladie d'un proche vivent trop souvent dans l'isolement car ils sont honteux et ils se sentent coupables. Nombreux ne savent pas exprimer les émotions qui les bouleversent continuellement. Ils vivent des blocages intérieurs sérieux et c'est pourquoi, nos échanges risquent de les aider à briser les murs de silence. Et les familles touchées par ces fléaux à travers le monde trop souvent se cachent car la société a tendance à leur faire porter le blâme, le fardeau de l'échec et à les étiquetter dans leur rôle de parent. 

Quant à moi, ma mère est alcoolique et accro aux pilules. Et mes frères et soeurs sont aussi touchés par ce(s) fléau(x). J'ai appris, bien malgré moi, à éviter de ressentir et d'exprimer mes sentiments et à contourner des prises de conscience douloureuses sur mon vécu passé. Et grâce à ce processus de résistance, j'ai compris le difficile derrière une démarche vis-à-vis l'aidé qui crie sa détresse et qui s'enterre dans son impuissance.

Pour terminer, sachez que je conserverai votre court message et je le lirai, dans mes moments de lourdeur. Je crois que chaque être humain a son chemin de croix à porter dans la vie.

Et les proches de ceux et celles qui surconsomment portent leur fardeau continuellement mais à force d'efforts, ils deviennent des êtres qui survivent postivement devant les différents scénarios qui trop souvent, marquent la vie des gens de coeur.

Dans ce contexte de relation d'aide, je vous remercie pour votre amitié et surtout, pour votre soutien moral.

Une équipe à l'écoute «Quand la drogue n'est plus un jeu»

Lee