LES CORRESPONDANCES DE LEE
Christine P
 

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Subject: Mon ptit bohomme de  presque 31ans maintenant!!
From: Christine P (Belgique)
Date: Wed, October 6, 2004 9:51 am 
To: <qldnp1j@quandladrogue.com> 

Bonjour a tous

Me revoila a nouveau avec le mème problème qu'il y a 3 ans, et toujours pas de changement voir pire!

Je n'arrive pas a dire non a mon fils qui vit dans un apart a Liege, je gère son argent (mutuelle) pour son loyer, pension alimentaire ect... car lui n'en n'est plus capable,puis ce qu'il lui reste, je me rembourse une partie de ce que je lui ai avançé le mois précédent puis son reste passe dans la cook maintenant!puis  après c'est maman qui fait ses courses, qui lui paie d'autres choses et qui lui donne du liquide tant il me téléphone et téléphone encore pour en avoir!!, il me le dit lui mème que c'est pour sa "merde" 

Je sais que je l'aide a consommer et j'en culpabilise, mais je le fais pour 3 raisons, la première, c'est que je l'entend au bout du fil me supliant de l'aider, me disant qu'il est très mal physiquement alors je craque!, la deuxième c'est que j'ai peur de le voir débarquer a la maison et devenir menaçant, ça s'est déja fait, et la troisième c'est finalement pour avoir la paix!!, mais je sais que je suis dans l'erreur, je n'ai personne sur qui compter car mon compagnon lui ne le suporte pas et pourrait avoir des gestes violents a son égart tout comme mon fils d'ailleurs et c'est en partie pour ça que j'évite a ce qu'il vienne a la maison,  Je dois vous dire que je suis présente pour mon fils aussi moralement et pour d'autres choses que de lui donner de l'argent, je fais son linge, j'essaye qu'il soit bien chez lui et qu'il ait tout son confort, mais après, il va mettre sa tv en
dépot, ou son ordi ect ect pour avoir de l'argent que des fois je ne sais lui donner!!

Cette histoire nous détruit tant moralement physiquement et financièrement pour ma part!!

Comment faire pour lui dire stop une bonne fois pour toute?? comment y arriver?? au secour aidez moi!!

Hier, il m'a sonner pour me demander a ce que je lui verse 50 euros sur son compte, je lui disais non, il insistait et je lui ai raccroché au nez, puis ais coupé mes téléphones mais je lui ai versé quand mème 25 euros J'ai mal quand je lui raccroche au nez, j'ai mal de lui dire non alors que faire?? 

Au début, c'était les joints et l'héro, maintenant c'est tout les jours pour la cook!! Comment faire?? pour dire non et m'y tenir!!

J'ai peur de lui aussi, s'il débarque,  je suis ouvent seule a la maison, que faire?? 

Je vous remerçie de m'avoir lue, je suis pommée, désemparée et très malheureuse. Encore une chose,  je l'aide aussi pour lui éviter de faire des bétises et d'aller en prison, il n'y a jamais été.

J'attend vos mails avec impatience,
Un grand merçi, 

christine P
 


Subject: Une recette qui goûte mauvais! 
From: "Lee" <lee@quandladrogue.com> 
Date: Sun, October 10, 2004 8:26 pm 
To: Chrisitne P

Bonsoir chère Chrisitine,

On se retrouve encore ce soir sur un plancher sur lequel on a l'impression d'avoir déjà marché. Nous parlons un langage similaire dans un sens. 

Et toujours ma fille aînée âgée de 29 ans est cocaïnomane, alcoolique et tant plus. Et depuis quelques années ma plus jeune, Marie-Paule est devenue alcoolique et accro au pot. Mon miroir parental dessine très bien mon impuissance dans mes chaussures de mère. Et depuis 1997, nous  marchons dans cet enfer le coeur lourd. 

Par contre, depuis grâce au contact avec les Grands qui nous aident à grandir, qui nous aident à comprendre et qui nous aident à accepter les choses que nous ne pouvons changer, nous avons appris à ne pas agir comme des facilitateurs. Et ce, dans le but de ne pas prolonger cette misère.

À vous lire, chère Mère, il est facile de voir que vous facilitez la consommation de votre fils. Et qu'il restera probablement et pour encore longtemps, un ptit bonhomme. Les années passeront et toujours, il réussira à vous manipuler par vos peurs, par votre culpabilité et par votre besoin de d'essayer de panser ses blessures.

Votre fils doit cesser de vous faire peur. Mais pour qu'il cesse, vous devez réfléchir sur le sens de votre vie et surtout, sur la qualité de votre existence. Vous dites avoir peur de lui et des représailles, s'il n'obtiendrait pas ce qu'il demande. Mais quel prix à payer pour lui offrir un tel confort, un tel rythme de liberté. 

Je ne vous envie pas. J'ai peine à comprendre comment une mère peut se laisser si aveuglément manipuler. Je ne sais pas grand chose mais je pourrais affirmer qu'à quelque part vous faites ce que vous faites parce que vous retirez une certaine satisfaction. Sans cela vous auriez cessé de faire tout ça pour lui, tout pour lui faciliter sa consommation.

Si vous revenez 3 ans plus tard avec le même problème c'est qu'à quelque part, vous n'avez pas changé votre fusils de bord, vous n'avez pas corrigé votre tir, vous n'avez pas fait les efforts nécessaires pour reprendre le contrôle de votre vie.

À vous lire, j'ai envie de crier c'est trop! Si ma vie ressemblait à la vôtre, j'aurais l'impression qu'elle ne vaudrait pas la peine d'être vécue. Mais où est l'espoir?

Je me demande intérieurement est-ce que votre vie a une valeur pour vous? Avez-vous le droit d'être heureuse? Ne pensez-vous que votre fils a assez vécu sa vie sans subir les conséquences de ses gestes? Ne croyez-vous qu'il serait temps de le laisser se noyer dans ses choix de vie, ses choix de consommation?

Combien de temps allez-vous le laisser nuire à votre équilibre, à votre relation, à votre santé financière?

J'aime mes filles. Je les aime assez pour leur dire «non». 

Vous avez peur de lui et il le sait trop bien. Est-ce que ce prix à payer n'est pas trop cher? Ne croyez-vous pas qu'il serait convenable d'assumer votre inconfort dans votre rôle? Ne croyez-vous qu'il serait temps de fermer votre portefeuille.

Vous nous demandez «Comment faire, pour dire non et m'y tenir?»

Vous connaissez trop bien la réponse à votre questionnement. Nous avons travaillé ensemble par le passé. Cessez d'avoir peur de lui, de vous et des autres. Reprenez votre place dans la vie. Retrouvez votre équilibre, votre respect. Et pour ce faire, cessez de vivre sa vie. Laissez-le assumer ses émotions. 

Il a le droit de vivre sa vie comme il l'entend. Il a le privilège de faire ses erreurs et d'en assumer les conséquences.

Je vous avoue que je remercie le Tout-Puissant de ne pas avoir été aimée par ma mère. Car parfois, les parents aiment trop et ils aiment mals.

Pensez à vous, pensez à votre couple, pensez à vos petits bonheurs. Certes, au début les non seront lourds de conséquences et difficiles à dire. Mais avec le temps, ils deviendront plus faciles, plus sincères et ils prendront leur place.

Ce n'est pas en faisant tout pour lui que vous lui prouvez votre amour. C'est en faisant tout pour lui que vous lui prouvez que les erreurs n'ont pas de conséquences, que les mauvais choix ne coûtent rien, que la cocaïne ça se consomme sans trop de conséquences.

Pourquoi devrait-il arrêter quand tout est rose et si facile?

J'ai l'impression que vous savez tout le contenu de mes paroles. Vous le savez trop bien. Vous êtes intelligente et sensée. Mais à quelque part, vous obtenez des gains dans votre rôle. 

Vous avez du travail sur la planche et vous le savez. Ëtes-vous prëtes à gagner cette bataille et à reprendre le contrôle de votre vie?

Vous seule savez vos réponses. Vous seule pouvez assumer la suite de votre démarche pour l'obtention de cette liberté d'être mère.

P.S. Souvenez-vous que je ne suis qu'une mère et non une spécialiste dans le domaine. Mes mots viennent de mon expérience et de mon for intérieur. Je suis la fille d'une mère alcopharmaco dépendante. Et mes soeurs et frères marchent aussi piégés dans le feu de leurs dépendances.

Sérénité dans l'avenir,

Lee


From: Chrisitne P
To: Lee 
Sent: Monday, October 11, 2004 6:07 AM
Subject: Re: Une recette qui goûte mauvais!

Un grand merçi Lee pour votre réponse
Vous savez, j'aime très fort mon fils aussi mais ais je assez de caractère pour tenir a lui dire non une bonne fois pour toute?

J'ai l'impression que nous avons a peut près le mème parcour toute les deux.  Moi aussi ma mère ne m'a pas aimée, je n'ai pas connu mon père et j'ai été élevée par mes grands parents maternelle de chez qui je me suis emprèssée de partir dès que j'ai pu tant leurs alcolismes a tout les deux m'étaient très pénible a supporter!

Et pour ce faire, je me suis fait faire un enfant, le seul d'ailleur que j'ai et tout ça a 16 ans, depuis, je me bat et pour lui et pour moi..

Maintenant j'ai toujours ma mère mais qui est loin de moi a 250 km, car elle s'est éloignée de la sorte soit disant pour sa santer, en nous laissant encore une fois mon frère et moi.  Moi je n'ai jamais eu besoin d'elle mais mon frère lui oui, il a fait une rupture d'anévrisme a 36 ans (il y a 10ans), suite a un alcolisme aussi et est resté handicapé et est plaçé, enfin vous voyez, ce n'est pas très réjouissant tout ça! 
La seule chose positive dans ma vie c'est mon compagnon depuis 20ans, mais il est bigame...Ce compagnon qui a voulu s'occuper de mon fils quand il était jeune mais a sa façon, en étant trop sévere et stressant, ce dont mon fils lui reproche ainsi qu'a moi mème, et ça aurait été ce qui a déclanché le début de la toxicomanie de mon fils (dires de  celui çi!!) quelle culpabilité pour moi!!

Mais son père qui n'a jamais rien fait pour lui, normal, c'est un pommé (ses dires également)..

Et me voilà aujourdhui pommée façe a tout ça et je me sens si faible avec si peu de caractère!!

La semaine passée, j'ai beaucoup discuter avec mon gamin et lui ai fait prendre conscience que j'allais lui dire NON, car impossible de continuer de la sorte, a savoir l'aider a se détruire et me détruire également tant physiquement que financierement. 

Aujourdhui lundi, il est partit a ... car il a rendez vous dans un centre de désintoxication, mais avant il doit passé chez ..., je l'ai presque obligé a faire cette démarche mais je pense aussi qu'il se rend compte qu'il doit se faire soigner une bonne fois pour toute!!

Je me réjouis  d'avoir de ses nouvelles ce soir...

Si tout va bien et s'il téléphone chaque jour a ce centre (obligation pour y rentrer), il pourrait commencer sa cure d'içi une dizaine de jour..

Je croise les doigts Lee ...

Je vous remerçi a nouveau pour votre gentillesse, et courage a vous aussi avec vos filles...

Les avez vous aidée tout comme moi dans le passé? et comment etes vous arrivée a leur dire non??

Sérénité dans l'avenir, oh, je l'espère tant!!

Christine.


Subject: Re: Une recette qui goûte mauvais! 
From: "Lee" <lee@gsig-net.qc.ca>   
Date: Mon, October 25, 2004 10:25 am   
To: Chrisitne P

Bonjour à vous chère Chrisitne,

Récemment  j'ai lu votre réplique à ma lettre et j'ai pris un certain temps pour y réfléchir. Vos questions et remarques sont à une hauteur intéressante dans votre cheminement de mère codépendante. Et cela me porte à reculer avant d'avancer car j'aimerais trouver la clé, celle qui ouvrirait votre porte intérieure, celle qui vous mènerait vers votre libération et à l'atteinte de votre sérénité.

Et Dieu sait que dans le monde des dépendances, ces richesses intérieures sont difficiles à atteindre, n'est-ce pas?

Vous débutez votre lettre en me disant que vous aimez votre fils «très fort» et vous vous demandez si vous avez assez de caractère pour tenir à lui dire «non», une bonne fois pour toute. Premièrement, je vous dirais que d'aimer «très fort» un proche, ne veut pas nécessairement dire l'aimer correctement. Si on aime fort mais dans la mauvaise direction, on peut encourager la dépendance en assumant les conséquences de ses choix de vie, c'est du moins ce que beaucoup de parents font pour leurs enfants. 
On les aime d'un amour tellement envahissant, qu'on crie victoire avant même de comprendre les enjeux de nos sentiments possessifs qui peuvent ralentir l'atteinte de leur bas fond vis-à-vis leur consommation.

À savoir si vous avez assez de caractère pour être équilibrée dans vos dires, vous seule pouvez le développer. C'est je crois, à force de souffrir qu'on travaille fort à changer notre tir. Personnellement, à chaque année, je fais constamment le ménage dans mes comportements fautifs et inadéquats. Je dois me réaligner pour ne pas me perdre et pour conserver mon équilibre. Et j'ai besoin de : courage, discipline, travail, constance et un désir fou de survivre émotionnellement et financièrement.

Vous me dites que vous vous êtes fait faire un enfant à l'âge de 16 ans et que depuis, votre vie est un combat continuel pour votre fils et pour vous-mêmes. Je me demande si la base de votre problématique n'a pas pris racine à ce point-là dans votre cheminement de jeune fille puis, de femme. Je ne doute pas que vous avez passé votre vie à le protéger, à lui faciliter son existence en assumant le feu des conséquences de ces gestes mais, à quel point aurez-vous la gentillesse de lui donner la liberté de vivre pleinement sa vie et d'apprendre ses propres leçons.

Je me demande si vous ne vous punissez pas intérieurement de l'avoir eu si jeune et possiblement, pour les mauvaises raisons. Et si c'est le cas, je crois sincèrement que vous avez payé votre dette de mère.  Et l'étape présente n'est-elle pas au recul dans vos comportements et à la reprise essentielle du volant de votre vie. Pourquoi ne pourriez-vous pas grandir dans votre relation avec votre conjoint au lieu de diriger vos énergies et vos convictions dans une direction qui n'est pas vôtre? 
Après tout, vous me dites que la seule chose positive dans votre vie c'est votre compagnon de 20 ans. Qu'il soit bigame ou non, il faut croire que vous vivez cette situation positivement puisque tant d'années entourent votre union.

Vous décrivez votre fils comme étant un gamin. Il a pourtant 31 ans si je ne m'abuse. Dans le dictionnaire, on décrit un gamin comme un petit garçon qui  passe son temps à jouer et à polissonner dans les rues... Mais à son âge, même si sa maturité n'est pas développée, ne pourrait-il pas s'élever au rang d'homme. Et peut-être qu'avec ce titre, vous pourriez penser à le laisser aller et à lui donner sa liberté entière. Et à le laisser voler de ses propres ailes...

Vous me dites que votre fils pourra être admissible à suivre une cure si il téléphone à tous les jours sans manquer cette simple démarche. Ouf! j'ai peine à croire que vous n'avez pas encore réalisé qu'il vous manipule à une vitesse folle. S'il voudrait vraiment suivre une cure, il l'aurait suivie depuis longtemps. La manipulation fait partie de leurs forces et ils sont passés maîtres dans l'art de le faire. Cessez d'être sa porte de libération!

Et de vous croiser les doigts n'est pas suffisant pour lui donner le courage de reprendre le contrôle de sa vie. Lui seul possède la clé pour foncer et pour admettre qu'il est malade et qu'il a besoin d'aide des professionnels dans ces domaines.

Et quant à  l'abstinence, même s'il cesserait de consommer, souvenez-vous qu'il sera à risque pour le reste de son existence. Mes filles sont alcooliques et toxicomanes. Toutes leur vie, elles seront confrontées aux rechutes et elles devront s'alimenter de positif et s'entourer de gens qui connaissent ces problématiques pour conserver le contrôle sur leur bataille.

Je ne fume plus depuis plus de six ans mais je serai toujours une fumeuse et par ce fait, à risque de fumer à nouveau!

Même si nos enfants mariaient l'abstinence, ils ne seront jamais libres ne consommer sans risquer de s'enterrer à nouveau...

Et vous terminez votre lettre avec cette question à plusieurs tranchants «et comment etes vous arrivée a leur dire non??» C'est une question qui peut contenir une longue réponse. Si je vais au coeur de ma solution, de ma découverte dans mes chaussures de mère, je vous dirais qu'il faut admettre que nous ne sommes pas responsables de leur(s) maladie(s). Aussi, il faut enterrer notre montagne de culpabilité vis-à-vis le difficile qu'ils vivent.

Il est évident que nous ne pouvons traiter cette maladie. Nous manquons de connaissances. Et par ce fait, nous risquons de contribuer à l'évolution de leur maladie. Il est écrit «En fait, notre  meilleure façon d'aider le dépendant est de cesser d'ignorer la situation, d'adapter une attitude positive fondée sur des principes éprouvés et d'avoir le courage de les appliquer dans nos rapports avec le dépendant. Il est inutile de tenter d'aider le dépendant à arrêter de consommer; ceci ne ferait qu'empirer les choses. Il faut d'abord apprendre à observer nos propres réactions et à faire des efforts soutenus pour nous changer nous-mêmes.»

Comme  vous pouvez le constater, je chemine à travers des guides qui  ont été écrits par les Grands et ceux-ci me permettent de nager dans cette dynamique sans me noyer. Et avec mes deux «précieuses» qui sont piégées dans ce monde où leurs émotions les enterrent, je dois bien m'entourer pour marcher dans l'équilibre. 

«N'oubliez pas que l'arme principale  du dépendant est son habilité à provoquer la colère ou à faire perdre le sang-frois des gens.»

Sérénité à vous,

Une équipe à  l'écoute «Quand la drogue n'est plus un jeu»
Lee

 

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