LES CORRESPONDANCES DE LEE
Mimi G

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From: MiMi G
To: <lee@gsig-net.qc.ca>
Sent: Tuesday, May 10, 2005 11:11 PM
Subject: Détachement!

Salut,

Chère Lee, je t'ai écrit par le passé. J'ai mon fils qui vient d'avoir 29 ans qui est toujours en thérapie, je vis du détachement et j'admets que je n'ai plus beaucoup de choses à lui dire lorsqu'il m'appelle, j'ai tellement souffert de culpabilité et passer des nuits à penser.....j'en suis à sauver ma peau.

J'ai reçu 2 lettres de lui jeudi juste avant la fête des mères, il m'accuse de l'avoir rendu ainsi, une lettre remplie de souffrances (d'accusations) et une autre rempli d'excuses et de reconnaissance, je comprends que cette façon de faire peut aider un toxicomane mais de faire croire à celui-ci qu'il se libèrera en accusant ses parents me laisse croire qu'il ne marche pas vers la guérison, il m'accuse de l'avoir empêcher de voir son père toxicomane en admettant que c'était pour le protéger et il me dit beaucoup de choses que j'ignorais, il excelle dans l'art de manipuler donc comment le croire? Je lui ai écrit de se poser la question pourquoi il n'avait pas envoyer une lettre d'accusation à son père qui n'a jamais manifesté quoi que se soit, il ne sait même pas ou il habite. Je n'en veux pas à son père il vit dans un autre monde usé par sa consommation.

Il a demandé une requête pour venir en fin de semaine et pour un certain temps je ne veux plus le voir, j'ai mal au coeur, je ne le vois plus comme avant et cela m'aide encore à me détacher, en même temps c'est difficile car je suis consciente de mon détachement et je dois en faire mon deuil comme j'ai lu dans tes écrits un coeur de mère c'est fragile.

Ce qui me surprends sur réception de ces lettres j'ai appellé à la maison de thérapie et j'ai parlé à l'intervenant qui est resté surpris quand je lui ai dit que je n'adhérais pas à cette manipulation, que j'aimais mon fils et que je pense à lui.

Je n'ai jamais cesser de l'accompagner même avec tous les comportements toxiques de la maladie mais je suis rendue à l'éloignement pour un certain temps, toujours j'ai eu peur qu'il se suicide, je ne peux plus vivre avec la peur . 
L'intervenant à dit à mon fils que j'avais appellé et lui a dit un peu ce que j'avais dit, il m'a appellé immédiatement il regrettait d'avoir envoyer ses lettres il m'a dit tu vois comment tu es? on est jamais capable de te parler et la conversation s'est terminé rapidement.

J'ai rappellé à la maison de thérapie le lundi pour avoir le nom de la responsable et finalement c'est elle qui m'a répondu car je voulais retouner les lettres et écrire à mon fils chose que j'ai fait, elle n'avait pas vu les lettres envoyées avec l'approbation de l'intervenant, je lui ai précisé que si je faisais cette démarche c'était pour éviter qu'on envoie aux parents des lettres de cette nature approuvées par un intervenant qui a sûrement un bon senti en étant ex-toxicomane depuis deux ans mais pas la formation pour mesurer l'impact que peut avoir d'accuser ses parents, c'est  très dangereux, que cette lettre n'avait pas été vérifié par un professionnel, un parent pas outillé qui vit la maladie de son enfant peut en mourir, j'ai vu des parents tellement démunis. Elle m'a demandé de lui faxer les lettres, j'ai retourné les lettres par courrier et j'ai répondu à mon fils en étant très précise et honnête en y incluant des photos de lui à travers les années avec son beau sourire, j'avais besoin de lui envoyer cela m'a fait du bien, que oui j'acceptais certains reproches mais que je n'accepte plus sa manipulation, lorsque quelque chose ne fait pas son affaire ou je refuse quelque chose depuis plusieurs années il réponds je n'ai pas de mère ou je n'ai jamais eu de mère, je comprends la maladie mais cela fait très mal. 

Je pense vraiment qu'il a une maladie mentale et qu'il a besoin de voir un psychiâtre, mais j'ai lâché prise, comme mère j'ai passé à côté alors j'essaie de survivre et malgré tout je fonctionne. 

Il a vraiment été aimé et il est aimé de ma famille il est le préféré, je suis certaine qu' il sait que je l'aime, je l'aimais dans mon ventre, je lui ai dit qu'avec mon coeur de mère je lui souhaitais de reprendre le contrôle de sa vie pour trouver un peu de sérénité.

Peux-tu me dire qu'est-ce que tu en penses?

Heureusement qu'il y a ton site, j'ai en fin de semaine trouvé beaucoup d'informations, le cheminement que j'ai fait depuis 1 an est énorme, je lis tes écrits et c'est vraiment grâce à cela que j'arrive à comprendre et me détacher, ce qui est essentiel avec cette maladie toxique.

Merci beaucoup!

MiMi
 



 

From: "lee" <lee@gsig-net.qc.ca
To: Mimi G
Sent: Wednesday, May 11, 2005 2:42 PM 
Subject: Re: Détachement! 

Bonjour chère Mère,

Quel beau cheminement de Mère, de femme et d'être humain. C'est toujours intéressant de sentir le progrès qui se brasse dans le coeur d'un parent qui travaille très fort pour garder le contrôle du volant de sa vie. Et contente de te retrouver sur les pages de notre site.

Et oui, le détachement d'amour goûte bon et c'est la recette que nous propose les Grands qui connaissent trop bien cette problématique. Quand on est est trop proche de nos enfants piégés nous sommes à risque de nous perdre émotionnellement. Et tout cela mêlé à leur manipulation développée peut nous entraîner vers l'enterrement de notre soleil intérieur et de notre équilibre.

Concernant les deux lettres que tu as reçues de ton fils qui est présentement en thérapie, si je me base sur mon expérience passée, je te dirais qu'il est présentement dans une étape de cheminement intérieur. Il se doit de faire une démarche difficile, celle d'écrire ses pourquoi, ses comment et de donner un nom à ses blessures. Il cherche les failles de sa vie, dans ses chaussures d'enfant et dans ses chaussures d'adulte. Ma fille avait aussi fait un retour sur son vécu. Elle n'avait rien trouvé qui puisse justifier le chemin qu'elle a pris.

Dans ton cas, malheureusement, il s'est défoulé dans ta direction. Et je te comprends de te sentir bousculée par tous ses reproches injustifiés. Certes, que nous avons nos torts mais il y a des limites. On ne vient pas au monde parent, on le devient sur le tas. Et lui, était-il un bon fils? Il a certainement des reproches à se faire... 

Et oui, ils sont passés maîtres dans l'art de nous manipuler, de nous briser, de nous détruire intérieurement et de brasser notre cage parental.

C'est leur meilleur outil de survie; la manipulation de l'être aimé. Il sait que tu as réussi à prendre une distance pour survivre à tes émotions et il se sent seul dans sa dynamique, si déchirante. Donc, il lance des flèches dans ta direction. Et ce, tout en espérant d'obtenir une réaction de ta part. Peu importe l'attention que tu lui donneras, il prendra les miettes qui tomberont de tes limites personnelles. Il est prêt à tout pour trouver un épaule sur qui s'appuyer.

Présentement, il se retrouve devant son champs de ruines. Et il n'y a rien de plus vidant pour un être humain. Je crois qu'il commence à se sentir tourmenter par son propre fardeau.

Je crois que tu as pris une bonne décision, celle de verbaliser tes limites à l'intervenante responsable de son dossier et aussi, à ton fils. Tu as
raison que les écrits peuvent détruire profondément les coeurs fragiles des proches. Et la culpabilité demeurera toujours présente dans nos moments de lourdeur et de questionnement.

Quant à ses reproches vis-à-vis le fait que tu ne voulais pas qu'il contacte son père toxicomane, je dirais que c'est facile de faire des reproches, de trouver à redire sur nos décisions passées. Je suis convaincue que tout ce que tu as fait, c'était pour le protéger. Et s'il veut reprendre le contact avec son paternel, alors qu'il fasse l'exercice de le retrouver. Il est majeur et c'est à lui de s'entourer selon ses préférences et selon son système de valeurs. 

Quant à toi, chère Mère, tes paragraphes sont polllués par le fruit de sa manipulation. Ton fils aimerait pouvoir s'appuyer sur la force de votre relation mais la toxicomanie a laissé des marques qui seront longues à guérir.

Il aimerait venir passer un séjour chez toi mais tu es trop marquée, trop fragile, trop blessée pour risquer de plonger dans cette aventure. Tu
risques de perdre trop de plumes dans cette tentative. Tu ne peux pas venir à sa rescousse car tu es toujours emprisonnée dans ta codépendance de mère.

Quant à lui, il n'a rien à perdre. Il cherche des alliés pour calmer ses incertitudes et ses peurs. Il cherche une porte à ouvrir pour se reposer de
sa réalité si pénible. Mais il y a un prix à payer pour toute cette surconsommation qui laisse des familles brisées.

Reste prudente, il est évident qu'il cherche à vider son trop dans ta court. Ne le laisse pas justifier ses problèmes de consommation en se servant de toi comme si tu étais son tapis de douleur.

As-tu une façon pour te ressourcer intérieurement? Il serait bon pour toi de tourner ton regard vers des moments de positif. Respire profondément et conserve cette distance d'amour. Le temps des gros sacrifices est passé. Cette période où il pouvait te blesser est résolue. Tu es maître de ton bonheur. Ce n'est pas parce que tu as un fils qui surconsomme que tu dois être obsédée pour ses manques, ses échecs et ses reproches.

Ton fils a des comportements destructifs et destructeurs. Ne le laisse pas polluer ta vie à nouveau. Et souviens-toi que le détachement est un moyen sein de débuter ou de continuer notre rétablissement. 

Donne à ton fils la liberté de régler ses propres problèmes et de poursuivre les étapes de sa thérapie. Tu n'as pas à te sentir responsable de sa maladie. Tu possèdes cet outil du lâcher prise et tu dois l'utiliser pour survivre à ses manipulations contrôlantes.

Souviens-toi que ce ne sont pas tous les intervenant(e)s dans les maisons de thérapie qui possèdent une formation adéquate. En général se sont des ex-toxicomanes qui connaissent cette problématique mais ils n'ont pas tous le bagage nécessaire pour répondre aux confrontations des toxicomanes. De bons intervenant(e)s, ça existent mais ils doivent suivre des formations longues, coûteuses et difficiles à réussir.

Aussi, n'oublie pas de ne pas prendre de grosses décisions avant de faire une réflexion sensée. Quand on est fragile, on est à risque d'écourter le temps décisionnel nécessaire à une prise de décision intelligente. Essaie de t'entourer de gens qui comprennent ta situation et qui sont équilibrés.

L'angoisse causée par ses paroles n'a plus sa place dans ta vie. Je te souhaite que ton détachement continue de te rapprocher de ta Puissance Supérieure; c'est certainement une source de réconfort et d'espoir.

Comme disent les Grands «Parvenir au détachement est un chemin lent, parsemé de douleurs et de victoires». Et je suis convaincue que graduellement tu trouveras en toi de nouvelles forces qui t'aideront pour les défis à venir.

Une équipe à l'écoute «Quand la drogue n'est plus un jeu»

Lee qui marche à tes côtés
 
 

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